Cette projection audiovisuelle se fait suite à une première tournée de l’équipe d’IMRAP à travers le Mali (du sud au Nord) et aussi des camps de réfugiés (Mauritanie, Niger etc.). Une tournée lors de laquelle les débats ont permis de recenser les avis des uns et des autres sur les raisons des tensions sociales. Les raisons sont diverses et d’autres en fonction des réalités de certaines contrées.
« Cette projection accompagnée de sons, je vous prie d’observer et écouter avec attention. C’est le résumé de ce que nous-mêmes populations, avions dit lors de nos échanges avec les missionnaires en vue d’y remédier à nos problèmes », a indiqué, auprès de sa population, d’entrée le représentant du Maire de la Commune Rurale de Zégoua.
Dans cette projection de plus d’une heure, diverses raisons ont été avancées par les intervenants. Ce réfugié de M’Berra en Mauritanie estime que la désertification est la principale cause des tensions sociales. Les points d’eau manquent et aussi les terres exploitables. Peulhs et autres ethnies se disputent à tout moment et cela se solde à des dégâts énormes. Et le plus drastique dans tout cela, c’est l’absence de règlementation en la matière.
Un autre de la région de Sikasso d’ajouter une autre remarque. C’est la question d’or. Partout où il est découvert, les deux villages environnants se disputent la propriété de l’espace. Et la suite c’est des conséquences regrettables.
La flambée du taux de chômage est aussi un facteur déterminant, comme le précise un responsable de l’Education. Des jeunes sont formés pas pour travailler mais versés dans la société avec un lendemain incertain. Certains parmi ceux-ci se font toutes les idées, souvent mauvaises, pour arriver à leur fin. La question du nord en dégage aussi la problématique.
Le taux de la corruption avec à la clé la partialité de la justice occupe un rang majeur. Le pauvre condamné toujours au profit du riche à cause de la pièce sonnante et trébuchante. Cette injustice crée des tensions sociales entre des familles, des tribus, des villages etc. pour l’éternité.
Le problème du nord qui revient toujours serait aussi dû à la partialité de l’Etat en matière de partage d’emploi entre les régions. Ce jeune Touareg pense que le nord est défavorisé au Sud. Un nord où il y a rien, pas d’investissement allant dans le sens de la réduction de la pauvreté. Donc, le seul moyen après des revendications pacifiques restées toujours vaines, c’est les armes. « Il faut frapper fort pour qu’on vous entende. C’est grâce à cette méthode que nous sommes aujourd’hui sur la table des négociations à Alger », indique le jeune Touareg.
Arguments rejetés en bloc, par deux grands commis de l’Etat, originaires du Nord du Mali et aussi du Sud. Car pour eux, les ressources viennent au compte de l’Etat et c’est à lui de les distribuer en fonction des besoins qui se font sentir dans telle ou telle contrée du pays. Il y a eu bel et bien des investissements au nord du mal et pas les moindres. Le problème c’est le suivi qui se faisait dans le temps de façon trimestrielle et qui a été abandonné après. Donc sans ça, qu’on ne se leurre pas, tout ce qui sera investi au nord n’aura pas de longévité.
La décentralisation est aussi un des facteurs déterminants dans ces guéguerres entre les responsables administratifs et les élus mais aussi entre ceux-ci et les populations. Une délimitation géographique mal faite. Tout le monde est responsabilisé pour une seule mission. L’octroi ou la vente des terres. Une habitude qu’il faut changer, conseil cet ancien ministre en charge de la décentralisation.
Les politiques ne sont pas épargnés des observations. Avec leur méthode diviser pour mieux régner. Partout où ils passent, ils mettent dos à dos des parents d’une même famille des fois. Souvent le chef de famille exige à ce que toute la famille vote pour X. et des fois, le chef de village même donne le message. Et celui qui refuse est considéré comme ennemi et souvent excommunié.
Au niveau de la religion aussi le problème est patent. Souvent à cause des problèmes de leadership (au sein d’une même région) et aussi le refus entre les religions qui se solde, dans certains pays à des massacres.
Les animateurs étaient M. Oumar Traoré, Ibrahim Haïdara, Drissa Sidibé, Mme Keïta Maïmouna Sangaré, M. Ouôlôguem et Mady Keïta ( de Zégoua).
Boubacar Yalkoué