États généraux de l’assurance au Mali : Nécessité d’assainir le marché

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C’est l’une des recommandations des acteurs du secteur, réunis du 25 au 27 juillet 2017 à la faveur des premiers états généraux de l’assurance au Mali sous le thème central : «quelle assurance pour accompagner le développement économique et social du Mali». Ces assisses de trois jours tenus à l’hôtel de l’Amitié visaient à diagnostiquer et trouver des solutions pour la promotion des produits d’assurance, la meilleure protection des assurés et le renforcement de l’investissement. Selon une étude du Cabinet FINACTU, le réseau actuel d’intermédiation est un handicap pour le secteur au Mali. Il est donc impératif d’opérer un double mouvement d’assainissement impliquant de manière simultanée une montée en qualité et une baisse du nombre d’intermédiaires.

La rencontre, présidée par le Dr Boubou Cissé, ministre de l’Economie et des Finances, s’est déroulée en présence  du ministre en charge de la Défense, celui des Mines et de plusieurs autres personnalités œuvrant dans le secteur des assurances.

Dans son mot de bienvenue, M. Sidy Al Moctar  Oumar, directeur national du Trésor et de la Comptabilité publique indiquera qu’un secteur qui ne se reforme pas ne peut pas saisir les opportunités. Il dira aussi que l’état des lieux du secteur des assurances ne reflétait pas les fondamentaux de l’économie malienne.

Ainsi, dans son exposé introductif, Mme Géraldine Mermoux, du Cabinet FINACTU, fera savoir que le secteur malien des assurances est clairement en dessous de son potentiel. Parlant des maux dont souffre le secteur, elle indiquera les taux et le nombre  élevés des intermédiaires dans le domaine. Quant au ministre de l’Economie et des Finances, il a, après avoir rappelé, dans son discours d’ouverture,  les bons chiffres de l’économie malienne ces quatre dernières années, indique que le taux de pénétration de l’assurance a régressé sur la même période.  Toute chose qui prouve à suffisance, selon lui, que «l’assurance au Mali ne reflète pas les performances de l’économie et que le potentiel latent à libérer en termes de marge de progression, demeure énorme et considérable. En effet, selon des études, l’assurance ne représentait que 0,45% du PIB malien en 2015, contre 1,05% pour l’ensemble de la zone CIMA. Et, seuls le Tchad et la Centrafrique ont des taux de pénétration plus faibles que le Mali. La prime par habitant au Mali a été deux fois moins importante que la moyenne CIMA cette même année.

Toujours, selon la même étude, l’industrie des assurances au Mali compte douze sociétés anonymes dont trois à vie et neuf non à vie. Le secteur des assurances est également animé par trente trois  courtiers et par plus de 190 agents généraux et agents mandataires.  Selon une étude de FINACTU, le Mali est le pays de l’UEMOA ayant le plus grand nombre d’intermédiaires, alors que son marché est l’un des plus étroits en termes de chiffre d’affaires.

Pour le ministre Boubou Cissé, toutes les corporations, liées au secteur d’assurance au Mali, souffrent, souvent, d’une absence d’organisation et d’un manque de coordination qui sont de nature à influencer la qualité de la prestation des entreprises d’assurance.

Parlant des chiffres d’affaires des sociétés maliennes d’assurance, le ministre en charge de l’Economie dira qu’elles s’élevaient à 29 milliards 604 millions de F CFA en 2013, contre 32 milliards 968 millions de F CFA en 2014 et 35 milliards 165 millions en 2015.

Il importe de retenir que pendant la période, le Burkina, le Togo et le Bénin, qui sont loin derrière la Côte d’Ivoire et le Sénégal, affichaient respectivement un chiffre d’affaires de 57,913 milliards, 48,320 milliards et 46,703 milliards de FCFA sur les comptes de 2015. Pour le ministre Cissé, la différence est plus que remarquable en matière d’assurance vie, où le Togo et le Burkina affichent une production annuelle qui dépasse de plus de deux fois celle du Mali. «Je voudrais que cette situation change et elle doit changer en fonction de notre fort potentiel de développement sous-tendu  par l’agriculture et l’élevage, le secteur minier et autres services qui ont assuré une croissance dynamique  au cours des cinq dernières années » a déclaré le ministre des Finances, en charge également des assurances. Pour ce faire, le Dr Boubou Cissé a annoncé des réformes nécessaires susceptibles de modifier l’environnement  des affaires. Il s’agit de la modification des dispositions de l’article 329-3 du code des assurances, relatives à l’augmentation du capital social minimum des entreprises d’assurance qui passe désormais de 1 milliard à 5 milliards de F CFA. On note aussi la modification des dispositions de l’article 308 du code des assurances, relatives à l’assurance directe à l’étranger interdit désormais. Avec la souscription d’un risque situé sur le territoire national en faveur d’une société étrangère, exception faite des structures comme l’African Risk Capacity où les Etats ont des intérêts.

Aux côtés de ces différentes reformes réglementaires, les acteurs ont été invités à mener la réflexion pour la création des produits innovants qui s’adaptent au besoin d’une clientèle diversifiée qui va du monde agricole à celui du commerce et de l’industrie.

Dieudonné Tembely

tembely@journalinfosept.com

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1 commentaire

  1. Les assurances s’enrichissent sur le dos des clients. Elles ne réparent et ne dedommagent pas leurs clients victimes d’accident.

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