« On attendait l’organisation de ces Etats généraux depuis très longtemps. C’est quelque chose que nous les courtiers et assureurs avions demandé. Ces assises nous offrent l’occasion d’évaluer et de faire le point du secteur des assurances au Mali. Parce qu’on constate qu’au Mali, ce secteur est un peu en retard par rapport aux autres pays de la sous-région.
Le Mali est la 3ème économie de l’UEMOA, mais c’est l’avant-dernier pays en termes d’assurance dans l’UEMOA. L’année dernière, le secteur des assurances a généré au Mali 41 milliards FCFA contre 60 milliards FCFA au Burkina Faso, 56 milliards FCFA au Bénin et au Togo. La Côte-D’ivoire vient en tête avec 250 milliards FCFA suivie du Sénégal avec 100 milliards FCFA. Cela suppose qu’au Mali, il y a un gros problème dans notre métier. Donc, il faut faire le diagnostic de la situation et trouver les solutions. Nous espérons qu’à l’issue de cette conférence, le Ministère des Finances et la Direction de la Division des Assurances vont, avec les professionnels du marché, prendre les décisions idoines pour que les solutions soient apportées afin de booster le secteur. Voilà nos attentes. Il y a trop de taxes sur les produits d’assurance au Mali. Par exemple, l’assurance maladie est taxée à 20%. Donc, si le client paye la prime d’assurance chère, il ne va pas s’assurer. En Côte-D’ivoire, c’est 0%, au Sénégal, c’est 0% pourquoi au Mali c’est à 20% ? Au niveau des traitements des sinistres, c’est-à-dire le remboursement des accidents, il y a des mesures à prendre pour que les assureurs payent vite.
Aujourd’hui, tout est bloqué par le constat police. Les policiers peuvent s’asseoir sur les constats pendant deux ou trois mois et ils ne font rien. Les clients crient tous les jours que les assureurs ne payent pas alors que ce n’est pas nous les fautifs. Maintenant, les pays comme le Sénégal ont fait un système de constat à l’amiable. Les deux parties s’assoient et s’entendent sur quelque chose, ils font les dessins et les envoient à la compagnie d’assurance qui paye à leur tour. Donc, dans 15 jours ou trois semaines, les clients peuvent avoir leurs chèques. Ceci est la chose qu’il faut que l’Etat accepte. Nous attendons qu’à la fin des travaux, que toutes ces mesures, ces recommandations soient prises en compte pour que le marché des assurances soit assaini et boosté. Notre problème est aujourd’hui qu’il y a trop de courtiers. Il y a officiellement 33 agences de courtiers enregistrées à la direction de l’assurance, mais en réalité, on sait qu’on est une cinquantaine. Il y a beaucoup de gens qui exercent la profession sans agrément. Ils vendent des produits d’assurance ‘’bidons’’ aux clients. Et cela donne une image négative de l’assurance alors que ce n’est pas de notre faute. Sur les 33 compagnies de courtiers agréés, il y a beaucoup qui n’ont pas de niveau. Mais, l’Etat a toujours estimé qu’il faut donner des agréments aux gens parce qu’il y a le chômage alors ce sont des métiers spécialisés. Celui qui a un niveau faible ne va pas vendre l’assurance comme un grand professionnel du marché. Donc, il faut qu’on assainisse ce domaine.
Les pistes de réflexion qu’on a posées, c’est que l’Etat doit au moins consulter le syndicat des courtiers pour demander son avis par rapport aux nouveaux agréments. Il y a aussi le contrôle que l’Etat doit exercer dans nos cabinets. Il y a des cabinets de courtage qui emploient 20 personnes. Nous, nous pensons que l’Etat doit se rendre régulièrement dans les cabinets pour délivrer l’agrément en fonction de la qualité du personnel, du bureau et le matériel technique. Qu’on nous aide à nous informatiser car on ne peut plus faire l’assurance avec le stylo et du papier, tout est logiciel, tout est ordinateur, qu’on nous aide par rapport à tout cela. Le métier évolue, les choses changent, on est en train de passer vers le banking, l’assurance mobile sur les téléphones. Dans les autres pays, c’est ainsi. Donc, si nous on ne fait pas attention, on va arriver dans un systéme où ce sont les assureurs ivoiriens, sénégalais, burkinabès qui vont venir assurer ici directement à partir d’une plateforme mobile de Ouagadougou ou d’Abidjan. Il faut que chaque deux ans, on se réunisse pour voir l’évolution du secteur et qu’on trouve les moyens pour se mettre à jour. ».
Aoua Traoré
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Djali Dika Diabaté, agent de production au cabinet CFA :
« Les états généraux doivent être pérennisés pour la promotion du secteur des assurances… »
« Ces états généraux sont les bienvenus, car ils permettent aux uns et aux autres de prendre la mesure sinon la dimension des assurances au Mali et de la sous-région.
Aujourd’hui, ils ont l’avantage de recevoir, en plus des responsables maliens du secteur des assurances, les responsables de la zone CIMA, de la BCEAO et d’autres prestataires financiers. Sans oublier que le secteur des assurances est un secteur financier. Donc, tous ces gens qui concourent à la promotion de ce secteur sont aujourd’hui présents. Ce qui peut être bénéfique pour les responsables, les partenaires, les associés notamment les courtiers d’assurance, les agents généraux et les autres partenaires. C’est à dire, ceux qui sont dans le secteur du contrôle automobile ainsi de suite, les autorités et beaucoup d’autres partenaires.
C’est bénéfique pour les uns et les autres et c’est le genre d’activités qui doit être pérennisé pour la promotion du secteur. Cela permettra au fur et à mesure de comprendre toute la dimension de la chose et d’apprendre, surtout de se former et de renforcer nos capacités. ».
Adiarra Coulibaly
Etats généraux de l’assurance au Mali
Donner au secteur toute sa place dans l’économie malienne
Les acteurs du secteur des assurances étaient en conclave du mardi 25 au jeudi 27 juillet dernier à l’hôtel Laïco de l’Amitié à travers les Etats Généraux de l’Assurance au Mali. Organisées par le Ministère de l’Economie et des Finances à travers la Direction Nationale du Trésor et de la Comptabilité Publique, ces assises avaient thème central : « quelle assurance pour accompagner le développement économique et social du Mali ? » La cérémonie d’ouverture était présidée par Dr Boubou Cissé, ministre de l’Economie et des Finances. Il avait à ses côtés, son collègue en charge de la Défense et des Anciens Combattants, Tièna Coulibaly, le Directeur Général du Trésor et de la Comptabilité Publique, Sidi Almoctar Oumar, le président du Comité des Compagnies d’Assurances du Mali, Oumar N’Doye et le président de l’Association Professionnelle des Assureurs Conseils du Mali, Alassane Touré. On notait aussi la présence de Pr Tièmoko Sangaré, ministre des Mines, de deux anciens ministres de l’Economie et des Finances, Aboubacar Traoré et Lassine Bouaré ainsi que des Directeurs Généraux des Douanes et des Impôts.
D’entrée de jeu, Oumar N’Doye dira que la tenue de ces premiers Etats Généraux de l’Assurance au Mali offre l’heureuse occasion à l’autorité de tutelle et aux assureurs maliens d’entrevoir avec un immense bonheur, la sortie du tunnel grâce aux contributions des uns et à l’expertise des autres.
« Comme l’adage le dit, il n’est jamais tard pour bien faire et nous demeurons convaincus que le marché malien des assurances rebondira vigoureusement pour figurer parmi les pays qui comptent dans l’espace CIMA », a-t-il indiqué.
A sa suite, Dr Boubou Cissé dira que l’idée d’organiser ces Etats Généraux émane de son département suite aux constats formulés par les autorités de régulation et de supervision ainsi que les partenaires au développement telle que la Banque Mondiale à travers le projet de Développement du Secteur Financier. Mais selon lui, ils ont été organisés en étroite collaboration avec tous les acteurs du secteur.
« Au cours de l’année 2015, l’économie malienne a évolué dans un environnement international marqué par la baisse du cours du pétrole qui a contribué au ralentissement de l’activité économique mondiale. Ainsi, le taux de croissance s’est établi à 4,2% en 2015 contre 4,6% en 2014, soit une chute de 0,4 point. Au plan national, le contexte est marqué par la mise en œuvre des accords pour la paix et la réconciliation. Le taux de croissance est resté positif mais a légèrement fléchi, passant de 5,8% en 2014 à 5,4 en 2015 », a expliqué le ministre de l’Economie et des Finances. Selon qui, le Mali présente l’une des meilleures dynamiques de développement en termes de PIB et de croissance démographique au cours des cinq dernières années alors que le taux de pénétration de l’assurance a régressé sur la même période. Toute chose qui estime-t-il, prouve à suffisance que l’assurance au Mali ne reflète pas les performances de l’économie et que le potentiel latent à libérer en termes de marge de progression, demeure énorme et considérable.
A en croire Dr Boubou Cissé, l’assurance ne représente que 0,45% du PIB malien en 2015, contre 1,05% pour l’ensemble de la CIMA. Et seuls le Tchad et la Centrafrique ont des taux de pénétration plus faibles que le Mali alors que la prime par habitant a été deux fois moins importante que la moyenne CIMA cette même année.
« L’industrie des assurances compte 12 sociétés anonymes dont 3 sociétés vie et 9 sociétés non vie. Le secteur est animé par 33 courtiers autorisés et par plus de 190 agents généraux et agents mandataires. Sans oublier les agents des banques habilités à présenter les opérations d’assurance qui sont considérés comme des intermédiaires d’assurance au regard des dispositions du code des assurances des Etats membres de la CIMA. Faisant ainsi que le Mali est le pays de l’UEMOA ayant le plus grand nombre d’intermédiaires alors que son marché est l’un des plus étroits en termes de chiffre d’affaires », a fait savoir le ministre Cissé. Qui ajoutera que d’autres corps de métiers interviennent sur le marché malien de l’assurance notamment, des experts maritimes, des experts automobiles, des experts médicaux et les avocats dont le rôle est primordial dans la procédure d’indemnisation des victimes.
Cependant, il dira que toutes ces corporations souffrent souvent d’une absence d’organisation et d’un manque de coordination qui sont de nature à influencer la qualité de la prestation des entreprises d’assurance.
Parlant des primes émises c’est-à-dire le chiffre d’affaires des sociétés d’assurance au Mali, il dira qu’elles s’élevaient à 29,604 milliards FCFA en 2013, à 32,968 milliards FCFA en 2014 et à 35,165 milliards FCFA en 2015. Et pendant la période de référence, il a fait savoir que le Burkina, le Togo et le Bénin qui sont loin derrière la Côte-D’ivoire et le Sénégal, affichaient respectivement un chiffre d’affaires de 57,913 milliards FCFA, 48,320 milliards FCFA et 46,703 milliards FCFA sur les comptes arrêtés au 31/12/2015 contre 35,165 milliards FCFA pour le Mali.
Ce qui lui fera dire que la différence est donc plus que remarquable en matière d’assurance vie où le Togo et le Burkina affichent une production annuelle qui dépasse de plus de deux fois, celle du Mali. Une situation qui pour lui, contraste avec la place qu’occupe le Mali au sein de l’UEMOA
«En tant que ministre en charge du secteur des assurances, je voudrais que cette situation change et elle doit changer en fonction de notre fort potentiel de développement sous-tendu par l’agriculture et l’élevage, le secteur minier et autres services qui ont assuré une croissance dynamique au cours des cinq (05) dernières années. C’est pourquoi, chers participants, je vous exhorte à passer en revue tous les segments de l’industrie des assurances au Mali en vue de faire un bon diagnostic et de proposer les solutions appropriées», a-t-il déclaré.
Le secteur des assurances en plein mutation
En outre, le ministre Boubou Cissé a souligné que le secteur des assurances est en pleine mutation avec l’évolution considérable du dispositif règlementaire, l’émergence de nouveaux canaux de distribution et l’apparition de nouveaux risques. Pour lui, tous ces facteurs de mutation vont changer profondément l’écosystème du secteur des assurances dans les années à venir.
Au nombre des reformes réglementaires susceptibles de modifier l’environnement des affaires, il a cité la modification des dispositions de l’article 329-3 du Code des assurances, relatives à l’augmentation du capital social minimum des entreprises d’assurance qui passe désormais de 1 milliard à 5 milliards FCFA, la modification des dispositions de l’article 308 du code des assurances relative à l’assurance directe à l’étranger qui interdit désormais, la souscription d’un risque situé sur le territoire national en faveur d’une société étrangère, exception faite des structures comme l’African Risk Capacity (ARC Ldt) où les Etats ont des intérêts.
Toutefois, il a estimé que pour la cession en réassurance, les ministres en charge du secteur des assurances peuvent donner des dérogations en tenant compte de la complexité et de l’importance des risques.
« L’article 308 nouveau exclut du champ de la cession en réassurance certains risques qui doivent faire l’objet d’une rétention locale. Aux côtés de ces différentes reformes réglementaires, la réflexion doit être menée pour la création des produits innovants qui s’adaptent aux besoins d’une clientèle diversifiée qui va du monde agricole à celui du commerce et de l’industrie. D’où l’urgence d’améliorer le taux de pénétration par le biais de la micro-assurance et l’élargissement du champ des assurances obligatoires à l’instar de certains Etats membres de la CIMA », a préconisé le ministre Boubou Cissé. Qui estime que pour toutes ces raisons, les premiers Etats Généraux de l’Assurance au Mali viennent à point nommé.
Moussa Sékou Diaby
Les assurances font des bénéfices honteusement sur le dos de leurs clients. Victime d’un accident depuis janvier 2017 je ne suis pas dédommagé pour les frais de réparation de ma voiture ( réparée avec leur accord pour moins de 200 000 fcfa) dont le devis est versé au dossier. Sans oublier le rapport du constat d’ accident qui ne quitte jamais la police avant des semaines Est ce une complicité !!! A voir!!!
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