Au moment où certains pays partent en guerre dans la sous-région contre les marchés parallèles des produits pharmaceutiques, au Mali, ce problème reste entier. Aujourd’hui, le volume des médicaments vendus par des non-professionnels de la santé est énorme. Cette situation interpelle l’Etat à travers ses services compétents et le mal dans tout ça est que les pharmaciens sont complices de ces vendeurs d’autant qu’ils ravitaillent leur officine pharmaceutique à partir du marché noir.
Au Mali, le commerce illicite des médicaments est un problème de la santé publique, dans la mesure où elle prend des dimensions alarmantes et le danger que cela constitue pour les populations est connu. Allez au marché Dabanani ou à l’intérieur du pays, vous trouverez partout des vendeurs de produits pharmaceutiques installés le long des trottoirs, vantant les qualités de leurs marchandises. La plupart de ces médicaments sont soit périmés, soit contrefaits, ce qui met en danger la vie des consommateurs. Depuis peu, force est de reconnaître que le Mali est devenue une des principales plaques tournantes de la circulation des médicaments et produits de toutes sortes. Les réelles causes de ce phénomène sont aussi bien du côté de l’Etat que des personnes qui se procurent ces médicaments. Quelques personnes interrogées sur les raisons qui justifient l’achat de ces médicaments ont posé le problème d’accessibilité financière de ces médicaments, ignorant ainsi le danger qu’ils constituent pour la santé. Au niveau de l’Etat, il y a la cherté des médicaments vendus en officine. La recherche de gain facile pousse aussi certains agents de santé et les autorités à divers niveaux à s’impliquer ou à faciliter le commerce illicite des médicaments. Interrogée, une commerçante de ces produits au marché Dabanani qui a requis l’anonymat déclare : « ce commerce, bien qu’il soit illicite nous rapporte beaucoup. Par conséquent les actions que mène l’Etat pour l’enrayer ne sont que nulles et de nuls effets. L’Etat même pousse les clients vers nous parce que les médicaments prescrits aux malades dans les structures sanitaires coûtent excessivement cher et quand ils se dirigent vers nous, ils les achètent à moindre coût et retrouvent leur état de santé normal. Et nos gros clients sont pour la plupart des pharmaciens », indique-t-elle. Avant de conclure : « Nous avons investi de grosses sommes dans ce commerce qui nous permet de vivre et pourquoi veut-on nous l’interdire ? ». Selon les témoignages recueillis, ces médicaments proviennent pour la plupart de l’extérieur par des mécanismes complètement hors-la-loi, échappant ainsi au contrôle. En dehors de ce que le commun des mortels observe par rapport à la circulation des médicaments dans les rues, les marchés, les bureaux, les maisons, Madame K.O d’une pharmacie de la place précise que les approvisionnements à la pharmacie et autres structures médicales souffrent beaucoup et créent parfois la mévente dans le rang des pharmacies et autres officines.
Comment bannir totalement le phénomène malgré les multiples interventions énergiques de l’Etat à travers des saisies de médicaments? Quelles voies pour contourner le phénomène ?
En vérité, des solutions urgentes existent certainement dans la politique pharmaceutique du ministère de la santé. Il reste seulement à les appliquer. Il faut non seulement améliorer la disponibilité des médicaments, améliorer aussi l’accessibilité financière et promouvoir l’usage rationnel des médicaments. Les docteurs en pharmacie doivent aussi jouer pleinement leur rôle. Le ministère doit sensibiliser les populations sur les dangers qu’elle court en achetant les médicaments du marché noir. Le commerce illicite des médicaments est aujourd’hui un problème de santé publique. Beaucoup reste à faire et pour véritablement réussir la lutte contre ce phénomène, il faudra conjuguer les stratégies car cette lutte ne saurait être uniquement celle du ministère de la santé. Mais nous sommes tombés de nu lorsque nous avons vu des pharmaciens se ravitailler au marché du Dabanani pour aller les revendre ensuite dans leur officine. Et dire qu’au Mali, il existe un Ordre des pharmaciens cela relève du désordre. Ce conseil national de l’Ordre dans la réalité n’existe que de nom, car au premier abord son président est quasi injoignable, communique très peu. Il est préoccupé par les séminaires à l’extérieur que de jouer sa participation à la lutte contre le fléau des médicaments illicites. La complicité entre l’Ordre des pharmaciens et les vendeurs ne pourra que faire bon chemin ensemble. Donc nous interpellons les autorités en charge de la santé de venir en aide à la population, sinon vous serez tous tenus coupables de la mort prématurée de nos populations.
Le Fouineur