Vedette Fièvre EBOLA au Mali : A qui la faute ?

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Isolement-Ebola Le Mali n’est pas encore déclaré pays à virus Ebola. Malgré la grande méfiance et le brusque retour du vent de panique, ses voisins n’ont pas encore fermé leurs frontières et les Maliens, pour peu qu’on sache, ne font pour l’instant l’objet d’aucune stigmatisation particulière à l’étranger. Il n’en demeure pas moins que l’inquiétude Ebola n’a jamais été aussi présente dans les esprits, dans l’imaginaire comme dans la réalité, à cause notamment de l’inversion spectaculaire et inattendu de son statut de pays déclaré sans Ebola par l’Organisation mondiale de la santé. Désormais, le Mali gère plus sa propre épidémie que celle des autres.

 

C’est la même organisation qui a alerté, la semaine dernière, sur les cas suspects qui secouent désormais la République, perturbent les habitudes, installent la peur et l’incertitude. Et pour cause : le Mali donne l’air de rattraper en quelques jours son grand retard de pays logiquement et naturellement exposé à la maladie, au regard de sa proximité avec les autres pays touchés. Car, à la différence du premier cas vite maîtrisé, un autre nous est encore venu de la même Guinée voisine avec, cette fois, un  risque beaucoup plus imminent de déboucher sur une véritable hécatombe. C’est du moins l’impression qui se dégage au vue des dégâts causés par le passage du défunt Imam guinéen Oussou Koïta : d’abord dans sa propre famille, ensuite à Bamako où, il a été accueilli pour des soins de santé. Selon une correspondance alerte des services de l’Oms aux autorités maliennes, la mort de l’intéressé a entraîné dans son sillage celle de sa femme, de deux de ses enfants ainsi que de son infirmier traitant malien âgé de 25 ans, employé à la clinyque Pasteur où, le désormais défunt malade a effectué un bref séjour. Ce n’est pas tout. Parmi les victimes collatérales maliennes figurent également, selon beaucoup de sources concordantes, des membres de familles guinéennes où le patient a séjourné de son vivant ou après sa mort avant que sa dépouille n’ait été rapatriée dans son pays d’origine.

En plus de ces cas officiellement déclarés, le bouche-à-oreille fait état d’autres victimes de la même maladie, respectivement à Ségou et à Gabriel Touré. La liste est loin d’être exhaustive s’il faut en juger par le fait que les cas imaginaires d’Ebola se propagent plus rapidement que le virus réel. A point que dans l’imaginaire populaire malien, les structures sanitaires passent de nos jours pour les endroits les moins rassurants.

Comme on le voit, la menace d’une propagation est assez élevée pour être prise enfin au sérieux, à bras-le-corps, par les hautes autorités maliennes. La première des mesures aura consisté à faire cerner, par une forte armada d’agents des forces de l’ordre, les environs immédiats et le territoire de la clinique Pasteur, probablement la structure sanitaire la plus fréquentée dans la capitale, confinant du coup les travailleurs en quarantaine ainsi que les nombreux patients pris de cours par les événements. La mobilisation ne s’est naturellement pas arrêtée là. Le dépistage s’est par ailleurs étendu sur tous ceux qui ont eu un contact physique plus ou moins étroit avec le défunt ou sa dépouille mortelle. En plus des proches ayant procédé à sa mise en bière, la reconstitution du trajet parcouru par le malade a concerné ses potentiels contacts accessibles au virus, y compris certains garages mécaniques où l’ambulance de  la polyclinique Pasteur a effectué, selon nos sources, quelques brefs arrêts pour des besoins de maintenance.

Grâce à cette méthode, les équipes de dépistage ont pu ratisser large. Près de deux cent personnes ont été retrouvées ou se sont volontairement déclarées pour être mises sous haute surveillance médicale.

 

La prévention après la mort ?

Ces mesures d’intensification viennent en renfort à une stratégie de communication et de sensibilisation que les citoyens maliens n’ont jamais vécue avec autant d’assiduité que depuis les dernières évolutions de la menace Ebola. Elles consistent, en effet, à cultiver chez le Malien des règles d’hygiène jusque-là superbement banalisées, bien que certaines d’entre elles bouleversent une tradition de chaleur humaine caractéristique de notre société. Plus question par exemple de distribuer des poignées de mains au hasard comme il est d’usage et le shake-hand a littéralement remplacé le wash-hand à Bamako où les désinfectants et dispositifs de lavage des mains sont gratuitement accessibles aux usagers des services de l’administration ou visiteurs de prestataires privés.

Il fallait peut-être cette vague de panique pour que les Maliens, gouvernants et gouvernés, prennent la mesure et l’ampleur de la menace sauf que le pays aurait sans doute pu se passer d’une telle frayeur aussi dramatique si la problématique avait été prise plus au sérieux, à un niveau supérieur. En clair, après un premier cas de transgression encore inexpliquée de la frontière guinéenne pourtant bardés de contrôleurs, rien ne saurait expliquer qu’un scénario similaire puisse se répéter au nez et à la barbe des forces de sécurité et l’armada d’agents sanitaires déployés sur le cordon.

A leur décharge, on pourrait certes évoquer une ardeur préventive freinée par la volonté affichée par les plus hautes autorités de ne point axer leur stratégie sur la menace frontalière.

Trop hospitalier et convivial envers les voisins touchés par le mal, le chef de l’Etat en personne est d’ailleurs monté au créneau pour en faire une gloriole auprès de ses pairs en s’engageant de ne jamais envisager une fermeture des frontières à cause d’Ebola. Le hic, c’est qu’en compensation de cette bravade, les réponses les plus appropriées à la porosité frontalière ont fait défaut ou se sont révélées si inefficace qu’elles viennent de nécessiter un énième renforcement. Qui est donc responsable?

Cette question reste encore sans réponse tout comme d’autres énigmes au Mali, à savoir : la problématique de l’attaque de Kidal et la gestion des commandes de l’armée. Mais, l’intérêt qu’on lui accordera va certainement dépendre des prochaines  évolutions de la tragédie ainsi que de ses pénibles répercussions collatérales en termes de mesures d’urgence : fermeture des écoles, état d’urgence, confinement de la population, etc.

En attendant de cerner la quadrature du cercle, une chose est évidente : désormais, le Mali gère plus sa propre épidémie que celle des autres.

Abdrahmane Kéïta

 

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Question tabou

Le deuxième cas confirmé de la fièvre à virus Ebola au Mali a mis en  évidence l’existence de pesanteurs et obstacles de taille : les considérations religieuses.

Si les notables de la religion dominante (l’Islam) ont consenti au bouleversement de certaines pratiques traditionnelles comme les poignées de mains, la plupart d’entre elles demeurent intraitables par rapport au rituel mortuaire islamique. Les plus réfractaires, en irrésistibles conservateurs, opposent un refus catégorique de déroger auxdits rituels par l’acceptation du lavage des dépouilles mortelles à la morgue. Ils préfèrent s’en occuper eux-mêmes dans de nombreuses mosquées de la capitale où, des équipements de fortune sont installés pour les besoins de la cause. Avec notamment le risque de propagation du virus lié à l’inobservance du protocole applicable lors du lavage des malades victimes d’Ebola.  C’était d’ailleurs le cas pour le marabout tué par Ebola, tout comme les autres décès attribués à la série qu’il a déclenchée au Mali.

Il s’agit d’une question aussi inquiétante que lancinante, si redoutable que personne n’ose pour l’instant l’aborder avec les religieux ou même l’introduire parmi les mesures préventives qui battent leur plein en terme de sensibilisation.

  1. Kéïta

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4 COMMENTAIRES

  1. d’abord la faute en incombe aux populations guinéennes qui mangent des chauve souris et des singes porteurs du virus !
    ensuite quand on voit la betises des imams qui ne connaissent rien et qui veulent à tout prix qu’on lave le corps d’un mort ,là çà depasse les limites de l’entendement !!!!!!!! Dans tous les pays ou frappe ebola ,on s’est rendu compte que la première mesure pour eviter la propagation du virus était d’incinerer les morts . Ah bien sur ce n’est pas ecrit dans le Coran ,mais il faut parfois savoir choisir !

  2. Qu’EBOLA s’invite au mali. C’était prévisible tout çà . vu l’inconscience et le manque criard de sens de la responsabilité dont a fait montre le grand malinké du pays jeveux parler d’IBK . Devant une menace aussi redoutée et redoutable mondialement reconnue ;IBK se permet par BRAVADE d’aller visiter les pays contaminés juste pour FRIMER et montrer qu’il est un Vrai mansaring . Et Après? C’est le Mali qui trinque par la faute d’un si grand irresponsable. On voulait dénigrer le Sénégal qui n’a fait que se prémunir et préserver sa population d’un tel fléau en fermant ses frontières, et voilà pan çà nous retombe sur la gueule . Qu’ALLAH préserve la Maliba . car avec IBK on on va droit au mur…
    GUIMZO

  3. Les pays qui ont fermé leurs frontières avec la Guinée, le Liberia et le Sierra Leone pouvaient rester vigilants, mais le Mali qui les a laissées ouvertes devrait prendre toutes les dispositions pour identifier tous les cas suspects. On ne peut pas laisser sa porte ouverte au malfrat et ne pas rester éveillé et vigilant. Ce qui nous arrive, on l’a voulu et on ne doit s’en prendre à personne.

    • Méfiant
      “On ne peut pas laisser sa porte ouverte au malfrat et ne pas rester éveillé et vigilant”

      L’image est parfaite! Avec notre gros malin-qu’on-ne-trimballe-pas et ses autorités aussi laxistes que lui, C’EST EXACTEMENT CE QU’ON A FAIT:

      On a laissé les portes grandes ouvertes, et on a continué à dormir!…
      Exactement!

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