Vaccination anti-Covid-19 : Kéniéba mise sur l’approche de proximité pour relever le défi des 70%

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Le 12 août 2022, le Mali a entamé la seconde phase de sa campagne de vaccination contre la Covid-19 avec l’ambition d’assurer l’immunité collective, seul moyen de réduire la morbidité et la mortalité dues à la Covid-19. Dans le cercle de Kéniéba, dans la région de Kayes, les autorités sanitaires et leurs partenaires ont misé sur l’approche de proximité pour vacciner le plus grand nombre de personnes.

 Situé dans la région de Kayes à 481 km de Bamako, le cercle de Kéniéba a une population estimée à 25 914 habitants en 2021. La ville et ses environs abritent des bidonvilles, des habitations de milliers d’orpailleurs.

Conscientes de cette réalité, les autorités sanitaires du cercle, dans le cadre de la lutte contre la pandémie, ont opté pour la stratégie de proximité afin de faire vacciner le maximum de personnes dans le cercle. Selon Dr Moussa Modibo Diarra, Médecin Chef du Csref de Kéniéba en charge de la vaccination anti-Covid, depuis l’arrivée des premiers vaccins au Mali, le Csref en collaboration avec la communauté est à pied d’œuvre pour faire vacciner la population de la localité.

Pour ce faire, les leaders d’opinion, les notabilités, les femmes leaders en plus des agents sanitaires des sites d’orpaillages, ont été mis en contribution. Suivant les habitudes des cibles, différentes stratégies ont été mises en œuvre. « Au niveau de la Cafo, nous avons accompagné le Csref dans sa campagne de vaccination. Nous avons été formé et avions formé à notre tour d’autres personnes pour ensuite sensibiliser les gens sur la maladie, le respect des mesures barrières mais surtout les amener à se faire vacciner. Pour accompagner des agents de vaccination nous avons été sur différents sites : les lieux de baptême, marchés, tontines, dans les familles etc», témoigne Mme Djénéba Dansoko, présidente de la Cafo.

Mme Dansoko affirme que de nombreuses personnes sont vaccinées dans la localité. « A moi seule, j’ai pu convaincre entre 10 à 15 personnes à se faire vacciner : ma famille, des personnes que j’ai abordé et convaincu dans la rue, des secrétaires de la préfecture en plus des personnes venues des villages environnants pour participer aux ateliers que nous avions organisé pour sensibiliser la population », a –t-elle déclaré.

Une méthode adaptée à chaque cible.

En effet pour l’adhésion des résidents des sites d’orpaillages, les ‘Tôn boloma’ (jeunes leaders/ brigades de surveillance) ont été mis en contribution ainsi que les notabilités coutumières et religieuses. Quant à la grande population, le Dr Diarra affirme que différentes activités de sensibilisation couplées à la vaccination ont été organisées au niveau du centre.

« En dehors des périodes de campagne, en marge des activités de vaccinations de routine on invite les personnes à se faire vacciner, et nous avons également des équipes mobiles qui se rendent dans les ménages », explique-t-il. Par ailleurs le médecin Chef du Csref de Kéniéba affirme que des réunions de sensibilisation et plaidoyer sont régulièrement tenues en présence des acteurs communautaires (femmes leaders, brigades de surveillance, notabilité) ceci en vue de maintenir une série de dialogue communautaire autour du vaccin anti-Covid-19.

Dans la même optique, le Dr Diarra souligne des réunions de comités, des causerie-débats sur les rumeurs en plus des caravanes de vaccination organisées dans les gares et sites d’orpaillages.

Si l’approche communautaire et de proximité semble donner de bons résultats à Kéniéba, il est essentiel que rappeler que les acteurs impliqués ont dû se faire vacciner pour gagner la confiance de leur population. « Au départ, 4 000 agents de santé, acteurs de développement social, agents communautaires (relais), femmes leaders… ont été vaccinées », souligne le Dr Diarra.

« Lors de notre dernière réunion au Csref, nous avons convenus de la nécessité de poursuivre la sensibilisation afin d’enlever les réticences dues aux rumeurs relatives au vaccin et la maladie. Nous sommes dans une localité où les gens sont de grands conservateurs et pour l’atteinte de nos objectifs il faut continuer de sensibiliser en compagnie des agents de vaccination en allant à la rencontre des gens. Mais surtout, il faut que les agents aillent à la rencontre des gens car ces derniers ne sont pas prêts de délaisser leur activité pour aller se faire vacciner. Ceci a été la dernière recommandation de nos réunions de comité. Il reste à savoir si le Csref a les moyens nécessaires pour cette réalisation », s’interroge la présidente de la Cafo.

Khadydiatou SANOGO, « Ce reportage est publié avec le soutien des Journalistes pour les Droits Humains (JDH) et Affaires Mondiales Canada »

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