Il n’a pas connu d’arrêt de travail, ni de confinement. Cette année, l’Unité du Programme élargi de vaccination (Pev) du Cscom-U de Banconi célèbre la Journée internationale de la femme autrement : sensibiliser les mamans sur la maladie à Coronavirus tout en continuant la vaccination des enfants de 0 à 59 mois.
Il est 7h au Centre de santé communautaire à vocation universitaire (CSCom-U) de Banconi. Sous le hangar de l’unité du Programme élargi de vaccination (Pev) du CSCom, les cris de joie, mélangés à des pleurs, de près d’une centaine d’enfants accueillent les visiteurs.
« J’ai toujours fait la vaccination de mes enfants dans ce centre. Ici, on nous accueille sans distinction », raconte une jeune maman, en déposant sa carte de vaccination pour l’enregistrement. Elle prend place ensuite sur l’une des tables en métallique posées devant les agents de vaccination et attend son tour.
Une attente qui risque de prendre une bonne heure. Elles sont 82 mamans à se présenter ce jour à l’unité Pev, avant 8h.
Mme Sacko Mariam Keïta est la chargée du programme. Avec son équipe composée d’une Sage-femme, une Aide-soignante et sept stagiaires, elle s’apprête à entamer une nouvelle journée. C’est une séance de causerie qui ouvre les travaux. Le thème du jour porte sur l’importance du lavage des mains à l’eau et au savon. L’Aide-soignante de l’Asacoba, Mme Diarra Mouneïssa Koné, associe en même temps à la séance un exercice de démonstration.
Mère de 5 enfants dont deux jumeaux, la causerie débat est l’un des moments préférés de Mariam Keïta. L’habitante de Banconi Zéguénékorobougou affirme n’avoir jamais raté une séance pour un quelconque motif.
« Nous apprenons beaucoup de choses ici, sur l’importance du planning et surtout comment nous devons prendre soin de nos bébés », laisse-t-elle entendre. En plus du thème principal du jour avec les mamans, l’Aide-soignante présente des aliments riches en nutriments bénéfiques aux enfants avant de terminer par l’importance de la vaccination. Echanger régulièrement sur ces sujets est nécessaire, selon Mouneïssa Koné. « Nous revenons sur ces sujets avec les mamans parce que c’est important. Pour la vaccination par exemple, certaines pensent c’est pour guérir une maladie or c’est pour prévenir des maladies. C’est pourquoi nous ne cessons de le rappeler », ajoute-t-elle.
Après la séance de sensibilisation, l’Aide-soignante remplit les carnets de vaccination déposés sur la table. Dans le document, elle écrit le vaccin qui sera injecté à l’enfant. Le poids et la taille de l’enfant sont ensuite pris avant la phase terminale, qui est la vaccination.
La petite fille à Fatoumata est en pleine pandémie. Entamant ses quatre mois, elle doit recevoir ce matin une nouvelle dose. Comme elle, ils sont 82 enfants de 0 à 59 mois à être enregistrés ce jour. Ce nombre peut être dépassé en fin de journée, selon Mouneïssa Koné. A 9h, elle continue d’enregistrer les nouvelles arrivantes. « Il y a certaines femmes qui sont venues après 8h. On aura une idée du nombre des d’enfants vaccinés à la fin de la journée. Pour le moment, on continue jusqu’à 14h30-15h », ajoute-t-elle. Elle poursuit et fournit leur rapport du jour précédent. A la veille, l’équipe a vacciné 87 enfants.
La sensibilisation des populations à venir fréquenter le centre de santé de proximité a été un long processus, affirme la chargée du Pev.
Un long processus
L’Association de santé communautaire du quartier de Bankoni avait été la première à être créée au Mali en 1988. Elle devient une année après un Centre de santé communautaire (Cscom).
Depuis 5 ans, l’Asacoba est devenue un Centre de santé communautaire à vocation universitaire (CSCom-U). Un long processus, rendu possible grâce au partenariat entre le Canada et le Mali, à travers le projet Declic afin de promouvoir la médecine communautaire et familiale.
Mme Sacko fait partie des agents qui ont vu grandir le CSCom. « Au tout début, il n’y avait pas de patients. Les gens venaient contrôler leur tension et leur poids. Au fil du temps, quand ils ont su qu’ils ont un bon médecin à Banconi, de bouche à oreille, on a commencé à recevoir des patients. Parfois, après la descente les gens nous appelaient. Pratiquement on n’avait même pas d’heures de repos », rappelle-t-elle.
En plus de l’unité Pev, l’aire de santé de Banconi a fait face aujourd’hui aux soins sanitaires de plus de 11 000 habitants des 6 secteurs du quartier de Banconi, selon les données datant de 2012. Près de 24 690 patients consultés durant cette période.
Un chiffre qui a chuté aux premiers mois de l’apparition de Coronavirus au Mali, en mars 2020. L’unité Pev, par contre, n’a pas arrêté de tourner depuis mars.
Aux dires de Mme Sacko, ils ont suivi les directives du ministère de la santé. « On faisait le travail par rotation. Un groupe venait lundi, mardi, mercredi et l’autre passait jeudi et vendredi. On s’assurait aussi du respect des mesures barrières et la distanciation entre les mamans », explique la responsable.
De plus de 80 vaccinations enregistrées par jour, l’unité se voit limiter aujourd’hui qu’à une cinquantaine. Une nouvelle forme de travail qui a réduit considérablement leur capacité de travail, indique la responsable. « Cela nous a posé d’énormes problèmes parce qu’on ne pouvait pas prendre tous les enfants comme on avait l’habitude de le faire. Ça a découragé beaucoup de femmes qui ne revenaient plus. De mars, avril, mai, jusqu’en juin, le taux de la vaccination a chuté parce qu’on n’était limité ».
Face à la diminution progressive du taux de vaccination et l’allégement des mesures barrières anti Covid, l’Unité, en accord avec l’administration, a rep²ris le programme de vaccination normal, du lundi au vendredi de 7h30 jusqu’à 14h jusqu’à 15h. Une vaccination accessible à deux conditions : le port des masques et le lavage de main à l’entrée sont non négociables.
Depuis son bureau, la major de l’Asacoba, Mme Fofana Aïchata Konaté veille au respect strict de ses mesures édictées à l’entrée, mais aussi à l’intérieur du centre. Beaucoup d’efforts restent encore à faire au niveau de la sensibilisation auprès de la population, reconnait l’infirmière d’Etat. « Ce n’est pas facile. Même le simple lavage des mains, il y a parfois des refus. Ils disent que leurs mains sont propres », une allégation qui ne tient pas, souligne la major en précisant « qu’un simple lavage des mains peut épargner beaucoup de soucis sanitaires comme le Covid, les maladies diarrhéiques… ».
S’adapter
En contact permanent avec les enfants, l’équipe Pev, depuis la reprise du programme normal, accentue ses séances de causeries sur les mesures de prévention du Covid et l’importance de la distanciation bien que ce soit très difficile, dit-elle, à cause du manque de places.
Aussi, elle a déjà formé sur les gestes à adopter face à une personne présentant des signes de Covid et les mesures de prévention anti-Covid. Elle travaille de telle sorte que les gens ne passent pas assez de temps sur place. Une méthode qui profite à tous.
Kadiatou Mouyi Doumbia