En effet, pour se faire la poche, des médecins, en dépit de l’insuffisance -ni électricité EDM ni panneau solaire – de moyens aussi matériels qu’humains, se livrent à des opérations chirurgicales à haut risque dans des centres de santé communautaires (Cscom) non habilités à rendre ce genre de service. C’est pourtant ce qui se pratique dans le Cscom de Modikanou, dans la commune de Diala, cercle de Bafoulabé. Où l’on vient d’enregistrer trois décès des suites d’opérations chirurgicales.
On n’a pas besoin d’aller fouiller dans les textes qui régissent les centres de santé communautaires pour savoir si des interventions chirurgicales peuvent être menées au niveau de ces structures situées au plus bas plus niveau de la pyramide sanitaire. En tout cas, dans un souci de fournir une information toujours plus crédible et vérifiée à nos lecteurs, nous avons franchi le Rubicon et interrogé toutes les expertises susceptibles de nous édifier sur la question. Celles-ci sont toutes unanimes : les médecins ne sont pas habilités à procéder à des interventions chirurgicales au niveau des centres de santé communautaires. Et pourtant, c’est ce qui se pratique dans le Cscom de Modikanou, situé dans la commune de Diala, à quelque 140 km de Bafoulabé. Où l’on vient d’enregistrer trois décès suspects : une dame décédée sur la table d’opération à la suite d’une césarienne, un homme qui a eu le nerf tranché à la suite d’une opération au pied et un patriarche du nom de Makan Sidibé à la suite des séquelles d’une hernie opérée dans ledit Cescom. Voilà trois morts que les populations, à tort ou à raison, ont mis sur le compte des opérations que ces personnes avaient subies dans cette structure située au plus bas niveau de la pyramide sanitaire du pays.
Des actes chirurgicaux menés séparément par deux médecins qui se sont succédé à la tête de cette structure. Aujourd’hui, les populations réclament le départ du médecin qui y exerce présentement au motif qu’elles ne s’expliquent pas le décès, en mars dernier, du doyen Makan Sidibé.
Joint au téléphone, ce médecin, qui répond du nom de Dr Harouna Sogoba, nie que le vieux soit mort des séquelles de son opération et dit disposer ” du matériel pour la chirurgie “. Qu’à cela ne tienne, un cadre, qui a eu à exercer de hautes responsabilités au niveau de l’Inspection de la Santé, est formel : “ Au niveau des Cscoms, l’on n’est pas autorisé à faire des interventions chirurgicales “. Avant d’ajouter que dès lors que l’ordonnance dépasse 6 000F CFA, le malade doit être évacué sur un centre de santé de référence (Cesref).
C’est dire que les médecins du Cescom de Modikanou, qui opèrent à visage découvert dans cette localité, sont dans l’illégalité la plus totale. D’où la rage des populations qui ne demandent désormais que le départ de Dr Harouna Sogoba, accusé de tous les noms d’oiseau. Rappelons que chaque intervention chirurgicale – y compris la césarienne pourtant déclarée gratuite par les autorités – est facturée entre 100 000 et 150 000F CFA ; et cela non compris les frais d’ordonnance. Malgré les multiples appels demandant son interpellation et son départ immédiat du village, Dr Sogoba s’entêterait toujours à rester et continuerait de plus belle à pratiquer des interventions chirurgicales.
Aux dires du Directeur régional de la Santé de Kayes que nous avons eu, hier, au téléphone, un rapport sur ladite situation vient d’être adressé à la Direction nationale de la Santé à Bamako. Suite à cela, l’on est en droit d’attendre que le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique réagisse en enlevant une épine du pied des populations de cette localité et que la justice fasse elle aussi son travail d’investigation. En tout cas, les autorités sont fortement interpellés sur la question. Surtout quand on sait que d’autres localités dans le Mali profond demeurent la proie à des pratiques similaires. En toute impunité, s’il vous plaît.
Mamadou FOFANA
Vous n’avez pas franchi le rubicon, c’est le contraire qui vous aurait couté la légèreté.
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