Tradithérapeute de génie : Bourama soigne les fractures à l’aide d’incantations

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bourama Doumbia
bourama Doumbia

Bourama Doumbia, 43 ans, marié et père de 4 enfants, est un tradithérapeute qui soigne les fractures des os. Il vit à Samanko, à 15 km de Bamako. Votre journal s’est déplacé à son domicile, où des centaines de patients logent, en attendant leur délivrance.

 

 

Dès l’entrée du village, nous avons rencontré des patients de Bourama Doumbia, certains assis sous des arbres, d’autres sous des murs, tous accompagnés par leurs parents. En arrivant chez Bourama lui-même, nous avons trouvé sous un arbre 3 blessés avec lesquels il bavardait. Sous un hangar, 7 autres blessés se reposent, dont un Gabonais. Dans sa chambre à coucher, où nous nous entretenons avec lui, trône une vieille bibliothèque remplie de tasses. Nous remarquons là un téléviseur branché à une batterie et nous nous asseyons sur une banquette d’un autre âge. Rien de bien attrayant dans cette pièce en banco. Bourama nous indique qu’il est employé comme agent de nettoyage à l’ONG “Icrisat” où il officie depuis  16 ans. “Mais depuis 21 ans, je soigne les fractures, qu’elles se situent au niveau des  membres, du bassin, du cou ou ailleurs. Mon traitement est à base de beurre de karité. Je récite là-dessus des incantations puis je procède au massage de la partie fracturée”, explique Bourama.

 

 

 

Une formule  sacramentelle

 

La formule de ces incantations, il l’a reçue après s’être lui-même fracturé le bras quand, tout petit, il pourchassait une poule: “J’ai été soigné par un vieux de Samaniana du nom de Goundo Balla Diakité. Il m’a promis de me donner la formule de guérison plus tard. Avant ma guérison, Balla est décédé  mais en mourant, il a tenu promesse en laissant la formule entre les mains d’Adama Traoré, un de ses élèves, en lui recommandant de me la remettre. Aujourd’hui, je traite les patients grâce au Tout-Puissant et à travers la formule transmise par Balla.”.

 

 

 

En raison des contraintes de son emploi à “Icrisat”, Bourama ne consulte que les dimanches. Chaque dimanche, il traite une centaine de patients; il s’agit généralement de fracturés que les hôpitaux n’ont pu soigner. Bourama, avant toute chose, leur demande de lui montrer leurs radiographies afin de gagner du temps. Les fracturés très graves, en raison de leur mobilité réduite, restent chez lui ou se cherchent un lieu d’hébergement dans le village. Certains campent à Ouendjinni, à 5 km de Samanko. “Mon traitement est gratuit mais je ne refuse pas les cadeaux  que certains patients guéris me font volontairement pour marquer leur satisfaction. Il m’est interdit de recevoir de mes patients ou de leurs parents la moindre promesse avant la guérison”, déclare le guérisseur. Il obtient un taux de guérison de 90%. Il invite tout fracturé à venir le voir au lieu de se laisser amputer. De nos jours, il a 655 personnes sur sa liste d’attente. Il ignore le nombre de patients qu’il a déjà guéris.

 

 

 

Le rêve d’un centre de soins

 

Depuis 21 ans qu’il traite les fracturés, Bourama  ne reçoit aucun soutien financier extérieur. Il souhaite construire un centre d’hébergement et de radiographie afin de diagnostiquer plus rapidement les patients et leur éviter des conditions d’hébergement précaires, surtout en hivernage. Pourtant, beaucoup de hautes personnalités se sont fait traiter chez lui. Parmi elles, la  belle-fille d’un général de l’armée qui souffrait d’une double fracture de la jambe; un général retraité de l’armée de terre et un autre du régiment des parachutistes. Toutes ces personnes ont voulu lui donner de l’argent mais il leur a fait savoir qu’il préférait un centre. Il  demande aux bonnes volontés de l’aider à réaliser son rêve; il songe particulièrement  aux leaders religieux comme Mahmoud Dicko, Bouyé Haïdara et Ousmane Chérif Madani Haïdara, sans oublier les évêques. “Tout le monde doit savoir que ce centre ne sera pas payant car moi, je travaille pour l’amour de Dieu!”, conclut Bourama.

 

 

 

Témoignages de patients….

 

“Je m’appelle Youssouf Koné, je suis maçon. En octobre 2013, je suis tombé du deuxième étage d’un immeuble dont je terminais le béton du toit, à Boulkassoumbougou. L’hôpital Gabriel Touré n’a pas pu guérir mes fractures à la jambe, au bras et au cou. C’est ainsi qu’on m’a emmené chez Bourama.

 

 

J’avais déjà payé 200 000 CFA au Gabriel Touré et je devais encore payer 225 000 FCFA. Depuis que je suis là, à Samanko, je n’ai rien payé, si ce n’est 1000 FCFA pour l’achat de beurre de karité. Ma santé s’améliore de jour en jour. Ma jambe et mon bras sont presque soudés; j’attends un peu pour mon cou avant de rentrer chez moi.”

 

 

“Je me nomme Fodé Samassa. J’ai quitté le Gabon pour Samanko suite à un accident que j’ai fait le 1er janvier 2013. Mon oncle a payé plus de 10,5 millions de FCFA pour soigner ma fracture de la jambe. En vain. Nous avons alors entendu parler de Bourama et nous avons effectué le déplacement ici. Il m’a extrait de la jambe les fers que l’hôpital y avait placés. Quand j’arrivais chez lui, je ne pouvais pas dormir à cause de la douleur; mais de nos jours, il y a eu beaucoup d’amélioration car je parviens à bien dormir et ma plaie commence même à se cicatriser. Je suis là depuis 2 mois et deux semaines. Depuis que je suis là, c’est Bourama qui me donne à manger et je demande à Dieu de le bénir, lui  et sa famille” (Sur ce, la patient fond en larmes !)

 

Abdoulaye Koné

 

 

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3 COMMENTAIRES

  1. 😉 Quelqu’un à encourager…

    🙄 Pour ceux qui en doute encore, la parole est puissante…Dieu a créé le monde avec, on peut faire (tout) avec…mais cet homme a choisi de faire le Bien avec, que Dieu le récompense au paradis…

    Je lui demande d’écrire son incantation et de le conserver soigneusement (pk pas dans un coffre fort d’une Banque)…pour le transmettre à temps utile à quelqu’un qui le mérite…car il est inestimable ❗ ❗ …

  2. Une bonne chose à encourager.Qu’il aide beaucoup plus de patients.Et surtout qu’il n’oublie pas de le transmettre un jour à son tour.Mais en attendant,que bon Dieu lui donne longue vie,santé et moyens pour pouvoir poursuivre son œuvre de bonne volonté .

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