Cette année, a été célébrée à Yirimadio, en commune VI du district de Bamako, la journée internationale de lutte contre l’excision sous le thème « Tolérance zéro aux mutilations génitales féminines ; les communautés s’engagent». C’était dans la première semaine de ce mois. La solennité d’une telle célébration sous l’égide du ministère de la promotion de la famille, de la femme et de l’enfant exigeait la présence de la première responsable du département, en l’occurrence Mme Sangaré Oumou Bah, autant celle de la directrice du programme national de lutte contre l’excision, PNLE, Mme Traoré Joséphine Keita.
Cette journée était faite pour contribuer à l’abandon de la pratique des mutilations génitales féminines, à l’excision sur l’ensemble du territoire national. A l’occasion, la directrice du PNLE a fait un constat accablant qui prouve le formidable traumatisme physique, psychologique ou même psychique que vivent les maliennes du fait
des MGF. Ainsi, dit-elle « Plus de 85% des femmes de 15 à 45 ans et 84% des filles de 0 à 14 ans souffrent des conséquences graves, autant sur les plans sanitaire, psychosocial qu’économique».
S’appuyant sur les témoignages de femmes qui ont souffert le martyre de la MGF, des excisées, elle a déploré les souffrances physiques extrêmes qu’elles ont endurées. Des femmes, il y en a qui sont marquées à jamais à cause de leur intégrité physique atteinte profondément, mais aussi à cause de troubles de leurs personnalités et des conséquences inévitables qui rejaillissent sur leur vie, par exemple en cas d’hémorragies ou de fistule. Ce n’est pas tout : l’excisé peut subir une anémie grave des infections à répétition qui, malheureusement, peuvent la conduire à une issue fatale.
C’est non sans une certaine fierté et un grand soulagement qu’elle a révélé que 800 villages du Mali ont signé leur acte d’abandon de la pratique des mutilations génitales féminines et de l’excision. Pour consacrer solennellement cette décision, les exciseuses de ces villages ont procédé publiquement à l’enterrement de leurs couteaux chirurgicaux.
Le Programme national de lutte contre l’excision ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, il se fixe d’autres objectifs importants dans sa croisade pour la défense de l’intégrité physique et psychologique des femmes et filles du Mali. Comme intensifier le plaidoyer en direction des pouvoirs publics, c’est-à-dire l’administration et le politique, ainsi que vers les partenaires techniques et financiers, afin que tout ce monde s’engage de plus en plus résolument en faveur du combat contre l’excision. De même, le programme compte intensifier une pluralité d’actions de mobilisation sociale des communautés pour le bannissement à jamais de ces pratiques cruelles et inhumaines, qu’aucune tradition ou coutume ne peut excuser ou valoriser.
Voilà une profession de foi et des initiatives qui ont à cœur de prouver qu’on peut concrètement réduire à sa plus simple expression cette pratique barbare, qui n’a que trop durée selon ceux qui y sont opposés. Mais dans notre société, certaines habitudes ou traditions, qui ne reposent sur strictement rien, sauf des idées reçues, ont le vie particulièrement dure. Comme l’excision en particulier que l’on donnait pour obligatoire, parce qu’ordonnée par la religion musulmane. Il a fallu que des oulémas montent au créneau en disant que dans l’islam rien ne justifie cette pratique surannée, pour que ses tenants se tournent vers d’autres prétextes, moins sacrés. C’est ainsi que les inconditionnels de la pratique, parmi lesquels des femmes lettrées, ont trouvé qu’une femme excisée était moins encline à avoir une sexualité débridée. Des pères de famille peu soucieux de préserver la santé de leurs filles, ont par ignorance adhéré à cette thèse. Parce qu’on leur a fait croire que moins portées sur le sexe, elles avaient plus de chance de ne pas attraper une grossesse indésirable avant le mariage. Autant d’attitudes et de croyances enracinées dans l’inconscient collectif, qui font que la lutte contre les mutilations génitales féminines et l’excision ne doit être relâchées, à aucun prix.
O.C