Tabagisme : 10.000 décès par jour

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Acheter et consommer du tabac revient à s’offrir la clé de sa propre mort. La consommation du tabac nuit gravement à la santé.

Barou est vendeur ambulant  de cigarettes depuis près de cinq ans. Il reconnaît fumer de temps en temps mais précise ne pas en faire un second travail comme le fait l’enfant à son patron. Le patron, distributeur  exclusif d’une marque de cigarette très connue à Bamako et dont les gadgets pullulent dans la ville est un non-fumeur.  «La plupart des grands propriétaires de firme de cigarettes ne fument pas » appuie le vendeur avant de faire savoir que par le passé il avait mené une lutte farouche contre la consommation du tabac dans son entourage.

Selon Diarra, consommer la cigarette lui procure une saveur à nulle autre pareille et « fumer réduit la faim » explique-t-il. Même chose pour Kassoum qui face à un ami qui clame son refus de fumer un jour, lui donne certains avant-goûts de la prise de cigarette. « Quand on fume, on se sent homme » lance un autre. C’est certainement ce goût que recherchent les jeunes de la capitale qui ont pris maintenant l’habitude de dépouiller la cigarette qu’ils mélangent avec l’alcool  qu’ils avalent.  La même chose se passe un peu partout sur le territoire national. 

En effet, petit cylindre de feuilles de tabac hachées et traitées, la cigarette peut être soit roulée à la main, soit fabriquée en série de manière industrielle. Son utilisation consiste à l’allumer afin qu’elle se consume pour en inhaler sa fumée par la bouche ou par le nez selon la technique dite « à l’hindouiste ». Une cigarette se distingue d’un cigare par sa dimension, l’adjonction d’ingrédients divers (agents de saveurs humectant), l’utilisation de feuilles traitées, son emballage en papier et par l’éventuelle présence d’un filtre à l’une de ses extrémités. Les cigares sont habituellement composés uniquement de feuilles complètes de tabac. Un cigare ayant à peu près la taille d’une cigarette est appelé cigarillo.    
La fumée de cigarette contient de nombreuses substances toxiques, dont au moins une soixantaine sont reconnues comme cancérigènes. Pour ces raisons, dans de nombreux bâtiments recevant du public, il est interdit par la loi de fumer, notamment en Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord.                    
Entre autres constituants du tabac, on retrouve la nicotine, le monoxyde de carbone. Des composantes qui restent incontrôlées pour un pays comme le Mali qui ne dispose pas de laboratoires pour le faire. Certaines importations de la cigarette comme c’est le cas pour d’autres produits échappent même au contrôle douanier. Ce qui fait qu’en définitive, l’Etat ne tire de ce produit qu’environ peu de milliard de francs par an.
Conséquences d’un mal
Le tabagisme est la principale cause établie de nombreux cancers chez l’homme. C’est ce qu’indique un docteur en service à la direction de la protection sanitaire du Ministère de la santé. Il est également l’un des principaux facteurs de risque des maladies cardiovasculaires, poursuit le médecin responsable du point focal anti-tabac.

Selon les statistiques de l’Organisation mondiale de la santé, le tabac provoque 3,5 millions de décès par an soit environ 10.000 par jour dont 1 million de décès dans les pays en voie de développement. S’agissant d’une manière plus précise des maladies, 95% de ceux qui souffrent des cancers de la peau, du larynx et du pharynx, des poumons, de la gorge, de la prostate ou autres sont des fumeurs de tabac. Selon certains médecins, la commercialisation du tabac en dehors de son caractère illégal est nuisible. Mais ces statistiques semblent ne pas dissuader les jeunes qui s’adonnent principalement à la prise du tabac sous diverses formes notamment la cigarette.

En effet, l’enquête globale sur le tabagisme chez les jeunes (Gyst) au Mali dans les établissements secondaires de la capitale pour des élèves âgés de 13 à 15 ans révèle que 18% soit 2 sur 10 fument. Un constat plus amer est fait dans le nord du pays où dans la région de Gao- Kidal, 26% de jeunes scolaires âgés de 13-15 ans s’adonnent à la prise du tabac.                    
« Le lait de vache  ne règle rien quant aux conséquences de la consommation du tabac », rectifie un médecin

Engager la lutte
En attendant la prise du décret d’application de la loi, il est important que « la loi soit traduite dans les langues et étudiées au cours des séances d’alphabétisation ». Il faudra également que des documents pour jeunes soient confectionnés et inscrits au programme.  Car la fumée du tabac rend malade toute la famille. Il faut l’éviter.

Au mépris de la loi, les tiges de cigarettes circulent                
Le Mali a ratifié la Convention-cadre de l’Oms pour la lutte antitabac et une loi portant sur la réglementation de la production, de la commercialisation et de la consommation de cigarettes et autres produits du tabac en République du Mali. Mais hélas cette loi on se demande si elle est réelle en république du Mali vue le nombre de fumeurs. Dans cette même vision la loi prévoit qu’ « aucune publicité de cigarettes et autres produits du tabac ne doit être faite sur les articles principalement vendus aux jeunes ou majoritairement utilisés par eux ». Parlant toujours des prescriptions légales ignorées et fréquemment violées, on peut citer entres autres  « interdiction de fumer dans les locaux collectifs » tels que les établissements scolaires et hospitaliers, les salles de spectacle, de cinéma, de théâtre et de concert, … «Toute personne qui ne se conforme pas à l’interdiction de fumer dans les locaux à usage collectif est passible d’amende. Toutes ses dispositions sont du bluff, car au Mali on fume un point –un trait !
 Paul N’guessan

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