Tabac, réglementation & terrorisme : Quand les medias voient grand

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Ci-contre Sadou Yattara, Hamèye Cissé (Mali) et Mr Amadou Mahtar Ba : Président AllAfrica (G-D)

Comprendre l’environnement réglementaire du tabac en Afrique: Enjeux, Perspectives et quels rôles pour les médias? Ceci n’est pas une dissertation philosophique, mais bien le thème d’une rencontre qui vient de regrouper des journalistes d’Afrique de l’ouest et du centre dans la cité balnéaire de Grand Bassam en Côte d’Ivoire. Cette initiative de AllAfrica Global Media met ainsi à l’ordre du jour  de l’actualité médiatique africaine toutes les préoccupations liées à l’industrie du tabac qu’elles émanent des activistes anti tabac, de l’OMS, des gouvernements, de l’industrie du tabac, des vendeurs, des fumeurs, des chercheurs et du grand public.

La tendance mondiale aujourd’hui est d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur le fléau du tabagisme qui reste une menace sur la santé des populations. Cela justifie la campagne menée contre les industries du tabac à tort ou à raison. Le chef de file n’est autre que l’Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) à travers sa Convention Cadre pour la lutte antitabac (CCLAT) de 2003 qui met en avant les mesures financières et fiscales pour réduire la consommation de tabac.

Pour comprendre tout cela, il ne faudrait pas mieux aux médias africains que d’échanger, d’écouter et de discuter sur les enjeux et perspectives de l’industrie du tabac en Afrique, l’impératif de la réduction de la nocivité du tabac, le trafic illicite du tabac et insécurité en Afrique ou encore  les rôles et responsabilités des médias en Afrique face à la problématique,   la situation de l’industrie dans leur pays comme possibles sujets de reportage. A Bassam, il a été question de tout cela avec des interlocuteurs, en fait de grandes expertises issues d’horizons divers comme le mouvement social anti tabac européen, l’industrie du tabac, les milieux portés sur les stratégies de défense et de lutte contre le terrorisme transnational traquant les criminels (trafiquants d’armes, de cigarettes et de drogues) qui écument le Golfe de Guinée et  la bande  sahélo-saharienne.

Les journalistes ne se sont pas contentés d’écouter, mais ils sont interrogés, discutés et apportés des témoignages notamment sur la situation de leur pays.  Ainsi, beaucoup  estiment qu’il faut une coalition pour mettre un terme au trafic de cigarettes afin de mieux lutter contre le terrorisme (en Afrique de l’Ouest) qui se nourrit de divers trafics.  Cette coalition  concerne aussi la contrebande et la contrefaçon qui ne garantissent  la moindre qualité. C’est un commerce honteux, qui a engendré un manque à gagner de quelques 108 milliards de francs CFA sur les recettes des Etats de l’Afrique de l’ouest entre 2013 et 2015 alors que les contrebandiers ont encaissés 314 milliards de francs CFA souvent par la faute des Etats sans taxation appropriée à l’importation des produits de tabac,  la corruption, l’utilisation frauduleuse de la procédure de transit par certains opérateurs véreux etc.

 Légiférer sans convaincre

La CCLAT et les différents plaidoyers antitabac ont suscité beaucoup de mesures dans certainse pays comme le Mali où l’arsenal législatif et réglementaire a quand même le mérite d’exister.  Il comprend d’une part la Loi n° 96-041 du 7 août, portant restriction de la publicité et de l’usage du tabac et son Décret n° 97-162 / P-RM du  07 mai 1997 et d’autre part la Loi N°10-033 du 12 juillet 2010  portant Commercialisation et consommation du tabac et des produits du tabac et sont Décret d’application n° P-RM/N°343 du 27 juin 2012. L’élaboration d’une réglementation portant sur la production, la commercialisation et la consommation du tabac et des produits du tabac peut être considérée comme une facette de la lutte pour l’assainissement du secteur par une meilleure organisation de la filière et un contrôle plus strict de la qualité des cigarettes en apparence. Mais, il aurait été souhaitable qu’un débat soit instauré sur  l’importance du tabac (très cultivé dans certains pays), sur les problèmes qu’il pose, la nicotine, l’addiction et sur  comment gérer tout cela. Il s’agit globalement  de communiquer objectivement sur les maladies liées au tabac, de comment arrêter de fumer ou de réduire la nocivité du tabac par la technologie, l’usage de cigarette non nocive, l’e-cigarette.

Le débat sur le tabac c’est permettre  à deux écoles de s’exprimer : les radicaux qui vont sûrement opter pour l’élimination du tabac et avec les emplois, les richesses, les ressources et toute une histoire ; pour les autres  le tabac va et doit continuer, il faut juste trouver des alternatives moins nocives en faisant que le fumeur fume sans se tuer, ni nuire à son environnement.

Journalistes observateurs de l’industrie de la nicotine

Les journalistes réunis à Bassam estiment que leur travail quotidien de collecte, de traitement et de diffusion de l’information est fondamental dans la société et peut concilier les positions des différentes parties prenantes sur la question en rendant l’information accessible et disponible à chacun. Il suffit juste d’un brin d’organisation pour faire prendre conscience les acteurs médiatiques à travers un renforcement de capacité et une plate forme organisationnelle qu’ils ont appelé provisoirement Réseau des journalistes observateurs de l’Industrie de la Nicotine et du Tabac (REJOINT). Ce réseau est un mécanisme pour partager les informations et les ressources professionnelles et autres afin de progresser vers des objectifs communs  à travers un ensemble d’outils mis en œuvre pour  influencer les décisions. Le Rejoint se veut un instrument d’alerte et de veille qui aura dans sa ligne de mire toutes les parties prenantes dans les pays de l’Afrique de l’ouest et du centre avec la même logique : informer sans fléchir et communiquer pour faire réagir.

Hamza   AROCAZ

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