Spécialiste des maladies infectieuses au CHU du Point-G et enseignant la même discipline à la Faculté de Médecine et d’Odontostomatologie, Sounkalo Dao, dans les lignes à venir, dit tout ce qu’il faut savoir sur le sida : ce que c’est, les opportunités de traitement, comment s’en préserver…Selon lui, il n’y a aujourd’hui aucun homo sapiens sur cette planète terre qui ne soit affecté directement ou indirectement par le VIH/SIDA.
Le Flambeau : Qu’est-ce que c’est que le VIH/ SIDA ?
Sounkalo Dao : Le VIH, c’est le Virus de l’immunodéficience humaine. Quand ce virus s’introduit dans l’organisme de l’homme, il en détruit les cellules de défense après une période très variable de 5-10 ans. L’organisme devient très vulnérable à toutes les infections voire celles qui, en temps normal, sont passagères. Des tumeurs peuvent aussi apparaitre. L’ensemble de ces signes s’appellent le syndrome de l’immunodéficience acquise.
LE FLAMBEAU : Aujourd’hui, des jeunes disent que le SIDA n’est qu’un Syndrome inventé pour décourager les amoureux. Qu’en pensez-vous ?
SD : Vous savez, tout sigle peut s’orienter sur plusieurs définitions théoriques souhaitables. Au lieu de syndrome de l’immunodéficience acquise, certains lui prêtent au jeu péril“ syndrome inventé pour décourager les amoureux’’. Certains diront que c’est sincérité, intégrité et Démocratie en Afrique. Vraiment, arrêtons ces jeux de mots, le SIDA est plus sérieux pour en faire un jeu de mots ou des blagues. Je pense qu’avec tout ce que le SIDA a fait comme victime, on doit dépasser cette sémantique et faire face aux défis. Il n’y a aujourd’hui aucun homo sapiens sur cette planète terre qui ne soit affecté directement ou indirectement par le VIH/SIDA. Que ceux qui persistent encore dans cette erreur d’appellation se réveillent enfin, qu’ils se détrompent. Car le SIDA est bel et bien une réalité.
Le Flambeau : Le thème qui vous concerne directement est celui de la recherche sur le Sida : où en est-on ?
SD : La recherche sur le VIH ne cesse de croitre des années 1980 à nos jours. Plusieurs médicaments ont été mis au point, depuis la mise au point du premier médicament l’AZT en 1985 la liste ne cesse de s’allonger. Ces médicaments, si on peut s’exprimer ainsi, sont de plus en plus « intelligents ». Le VIH pour se reproduire ou se dupliquer utilise plusieurs stratégies simultanées. Les ARV empêchent l’aboutissement de ces stratégies et le virus ne peut se multiplier. Exemple : Il y a des enzymes qui assurent la maturation des virus filles, les ARV dits anti protéases empêchent ces enzymes d’agir en bloquant du coup la multiplication du VIH.
LE FLAMBEAU : Malgré les énormes opportunités de traitement, peut-on guérir du VIH/SIDA ?
SD : Oui et Non ! Oui, parce que le fait de prendre correctement les médicaments aux heures indiquées par le prescripteur réduit de façon drastique la quantité de VIH dans le sang et les secrétions biologiques comme le sperme, le lait etc. Les signes du SIDA n’apparaitront guère tant que le nombre de virus est faible voire indétectables par les appareils. La personne infectée se porte bien comme vous et moi. Et, non, parce qu’on peut guérir du SIDA mais on ne guérit pas du VIH. Les signes, les syndromes peuvent disparaitre mais le virus persistera à l’intérieur de certaines de nos cellules. Dès que, par négligence ou pour une autre raison, le traitement est mal suivi, le virus reprend sa réplication avec même les possibilités de résistance au traitement et à l’apparition des signes du SIDA
Le Flambeau : Comment se transmet le VIH SIDA ?
SD : Les voies de transmission du VIH sont connues presque de toutes les personnes en âge de procréer. Mais il n’est pas inutile de rappeler ces voies : la transmission sexuelle, la transmission sanguine (transfusion avec du sang contaminé par le VIH, partage d’objets piquant ou coupant avec une personne infectée par le VIH…), transmission de la mère à l’enfant (pendant la grossesse, au moment de l’accouchement et pendant l’allaitement)
Le Flambeau : Il semblerait qu’une maman séropositive peut donner vie à un enfant bien portant. Comment cela est-il possible ?
SD : Quand il n’y a plus (ou peu) de virus circulant dans le sang, la femme peut porter une grossesse et accoucher sans risque de transmission à son enfant. C’est aussi un des miracles du traitement antirétroviral chez la femme.
Le Flambeau : Comment peut-on éviter de contracter le VIH ? :
SD : Aux voies de transmission précitée se superposent les moyens de prévention suivants : Transmission par le sang : ne pas se faire transfuser avec du sang non testé négatif pour le VIH, éviter le partage d’objets piquant ou coupant ; Transmission sexuelle ; La fidélité mutuelle permanente à vie chez 2 partenaires sexuels auparavant tous testés négatifs pour le VIH me semble la voie la plus sûre. Nous recommandons aussi l’utilisation du préservatif masculin ou féminin dans les couples dont l’un des partenaires est négatif et le second positif au VIH. L’abstinence sexuelle permanente est aussi un moyen de prévention efficace contre le VIH.
Propos recueillis par Kantao Drissa