SOS pour les hôpitaux du Mali

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La situation des grands hôpitaux publics, pompeusement appelés Centres hospitaliers universitaires (CHU), laisse à désirer. Les praticiens qui y officient ont une part de responsabilité tout comme les pouvoirs publics. On le sait : président de la République, ministres, présidents des Institutions, hauts cadres de l’Etat…rares sont nos dirigeants qui osent franchir la porte d’une structure sanitaire malienne pour se faire soigner.

Pour un simple «rhume» ou un «mal de tête», ils prennent l’avion pour la France, le Maroc ou la Tunisie… Ce qui explique le peu d’égard et d’engagement qu’ils ont à l’égard de nos grands Centres hospitaliers. «Ils s’en foutent éperdument, la populace peut crever», dirait l’autre. Quoiqu’il en soit, eux et leurs familles ont suffisamment de moyens  pour aller à l’étranger.

L’autre jour de passage devant l’hôpital du Mali, j’ai vu à côté un nouveau laboratoire d’analyses médicales en train de s’installer. Plusieurs questions me sont venues à l’esprit. A priori, c’est une bonne chose de voir une telle structure qui va réduire le chômage, mais aussi relever le niveau du plateau technique. On le sait, les structures médicales manquent cruellement dans ce pays. Il en faut davantage. Mais à y réfléchir, je me demande que vient faire un Labo à un jet de pierre d’un hôpital de ce genre qui, à priori, dispose d’un laboratoire d’analyse haut de gamme. Si réellement le Labo de l’hôpital du Mali fonctionne normalement, aucun autre ne saurait venir chasser sur sa plate-bande.

En me souvenant d’un cas d’urgence que j’ai eu à gérer à l’hôpital Gabriel Touré, il y a peu quand un de mes cousins a eu un terrible accident, j’ai compris le manège. À Gabriel Touré, le laboratoire ne fonctionne pas. Il ne fonctionnera d’ailleurs jamais, puisqu’on fait tout pour qu’il ne soit pas opérationnel. Les agents du service d’urgence m’ont fait faire les analyses dans un cabinet d’analyse au quartier médina Coura. Ils m’ont donné un contact. J’ai appelé, un jeune à moto Djakarta est venu récupérer les échantillons de sang. Ensemble nous sommes partis dans ce cabinet et j’ai payé les frais d’analyses. Voilà ce qui se passe quotidiennement à Gabriel Touré au vu et au su de tout le monde.

Donc, en voyant ce Labo près de l’hôpital du Mali, j’ai immédiatement pensé au même stratagème. Il aurait fallu que le Labo de l’hôpital du Mali soit hors-jeu. Dès lors, les analyses devant être effectuées par le Labo de l’hôpital seront majoritairement faites par le Labo privé, ouvert pour la bonne cause. Le tour de passe est connu de tous. Et les mauvaises langues nous dévoilent aisément le manège, la combine qui, du reste, est bien huilée : sur chaque analyse, le praticien obtient une commission. Il en sera ainsi dans nos structures publiques. Les praticiens ont un pied dans le public et l’autre dans le privé. Rares sont les responsables qui prennent soin du matériel des hôpitaux publics. On dirait qu’ils font exprès pour les rendre obsolètes.

Derrière chaque clinique, laboratoire, se cache un médecin, ou un professeur. Une pratique interdite d’ailleurs par la loi. Tout un monde où l’affairisme est roi, où la santé des patients est sacrifiée sur l’autel des intérêts particuliers. Cela sous le regard complice et complaisant de nos dirigeants.

Sory GUINDO

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