Sikasso la vitrine des Soins essentiels dans la communauté

0

Grâce à la mise en œuvre des soins essentiels dans la communauté, le Mali sera peut être au rendez-vous pour l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement. En tout cas, les perspectives sont bonnes en matière de prise en charge de la santé de la mère et de l’enfant depuis l’installation des agents de santé communautaire dans les villages reculés. Mise en œuvre depuis 2011 dans la capitale du Kénédougou, la population bénéficiaire prêche en faveur de sa pérennisation.

La caravane médiatique sur la capitalisation des soins essentiels dans la communauté poursuit son petit bonhomme de chemin. Après l’étape de Kayes, les hommes de medias ont mis cap sur la troisième région. Sikasso est considéré comme le fer de lance de la mise en œuvre de la stratégie. Ainsi du 16 au 18 septembre, les journalistes ont tour à tour sillonné quelques sites du village de Tieguekourouni situé à 30 km de la ville de Selingué en passant par Diarani et Kona.

Les populations ont réservé un accueil très chaleureux aux hôtes. L’objectif était de mesurer l’impact de l’intervention des agents de santé communautaire dans la mise en œuvre de l’approche SEC. Avec ses 325 agents de santé communautaire (ASC), les populations bénéficiaires prêchent en faveur de sa pérennisation dans la troisième région.

De Tieguékourouni à Kona sur l’autre rive du fleuve Sankarani, les ASC ont leur raison d’exister vu la distance qui sépare cette localité de Selingué.

En effet, Kona est à deux km seulement de la frontière guinéenne et à plus de 90 km du district sanitaire de Selingué. Pour s’y rendre, il faut traverser le fleuve Sankarani qui dure environ 30 mn. Avant d’emprunter une piste exécrable et poussiéreuse. Imaginer un peu, les conditions d’une mère qui doit amener son enfant malade dans cette situation où les moyens de déplacement font défaut. Ainsi, avant l’installation de l’ASC, quand une femme ou un enfant tombait malade nous dit le chef de village, Namory Sidibé, c’était le parcours du combattant: “Avant d’arriver au centre beaucoup d’enfants perdaient la vie. Avec l’installation de l’agent nos enfants sont pris en charge sans problème “ .

Et Mme Sira Sidibé, présidente des femmes de Kona de renchérir. ” Nous ne pouvons pas citer tout le bien que l’ASC nous a apporté. Grâce à ses conseils et sensibilisation, nombreuses sont les femmes qui adoptent aujourd’hui les gestes d’hygiène. Cela à travers l’assainissement et le lavage des mains au savon. Ce n’est pas tout, il anime des causeries débats sur la planification familiale “. Affecté dans un bâtiment d’une pièce, l’agent de santé communautaire veille sur la santé de nombreuses personnes dans plusieurs villages de Kona.

En plus de son salaire assuré par les partenaires, ceux-ci ont équipé les agents de santé communautaire et les ont dotés de médicaments, afin d’assurer des services de proximité et des soins primaires aux populations. L’approche a induit des changements positifs dans la mesure où les populations viennent de plus en plus demander des conseils ou se faire soigner chez les agents. ” Les campagnes de sensibilisation que nous menons sur le paludisme, les infections respiratoires aiguës      , d’autres maladies, et la planification familiale sont régulièrement suivies par les populations”, témoigne Hamidou Traoré ASC à Kona.La population couverte par l’agent de santé, communautaire, est de 3 742.

De son coté, le médecin Chef de Selingué, Dr Ben Sidi Haïdara a indiqué que l’arrivée des ASC a permis de diminuer la prévalence de certaines maladies chez les enfants. Il poursuit en soutenant qu’en 2008, le district sanitaire de Selingué a enregistré environ 6692 cas de paludisme contre 3852 en 2009. Et de janvier à novembre, les ASC ont pris en charge 89 cas de malnutrition, 778 cas IRA. S’y ajoutent 254 cas de diarrhée et 1500 cas de paludisme confirmés par le test de dépistage rapide chez les enfants de moins de 5 ans. Sur ces cas 59 enfants ont été référés et 254 nouveaux-nés ont été assistés à la naissance.,

Les agents ont aussi effectué 5 587 visites à domicile entre janvier et novembre 2012. Ils enregistrent à leur actif 232 nouvelles consultations.

Les collectivités veulent s’approprier l’approche

De Yanfolila à  Kolondieba, les collectivités semblent apprécier l’approche pour l’amélioration de la santé des populations. Bien impliquées et informées, les collectivités locales affutent leurs armes pour la pérennisation des SEC. Ils ont inscrit dans les plans de développement social, économique, et culturel (PDSEC), la prise en charge des agents de santé communautaire.

Une initiative salutaire qui permettra de poser les jalons de la durabilité même après le retrait des partenaires. Il est certain que Yanfolila ainsi que les autres communes vont suivre le pas de Kolondièba. En témoigne les propos du 2è vice président du conseil régional et coordinateur des SEC à Sikasso, Seydou Toumani Diallo. Celui-ci indique qu’un large plaidoyer sera fait auprès des collectivités pour une prise de conscience en faveur des SEC. Déjà, a t-il poursuivi, les uns et les autres en partenariat avec les communautés bénéficiaires sont en train de développer des stratégies pour gérer l’après partenaires. “ Nul doute que les SEC seront pérennisés, cela avant le retrait définitif des partenaires “ a conclu Seydou Toumani Diallo.

Mise en œuvre depuis quelques années dans certaines localités du Mali, notamment là où les centres de santé sont quasi inexistants, les ASC apportent les conseils et les soins indispensables pour le réconfort des populations en milieu rural. L’ASC, faut il le rappeler, n’est pas un personnel de santé, mais un élément important et essentiel dans la réalisation de l’atteinte de la couverture universelle de santé.Malgré tout, la stratégie a permis à la troisième région d’améliorer la santé et l’état nutritionnel des nouveaux-nés, des enfants de moins de cinq ans et des femmes en âge de procréer.

Rappelons que la Conférence d’Alma Ata (OMS 1978) a donné un réel sens au concept de soins de santé primaire en mettant la lumière sur l’accessibilité des soins.Les SEC sont une réponse à cette déclaration. Qui spécifiait que la population doit pouvoir bénéficier de soins psycho-médicosociaux de qualité, continus, tout en intégrant l’approche curative, préventive et de revalidation.

Cependant, force est de constater que faire prévaloir ce type d’approche nécessitait une réelle révolution des mentalités dans les milieux de la santé mais également auprès des différents intervenants et de la communauté elle-même. Un défi que les SEC semblent relever à Sikasso.

                              Ramata TEMBELY

     Envoyé spéciale

Commentaires via Facebook :