Session ordinaire du Haut conseil national de lutte contre le sida: Le combat requiert toujours plus d’implication

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Sida-1Malgré une prévalence en recul, notre pays enregistre, selon l’Onusida, 3000 nouvelles infections par an.

 

 

La lutte contre le sida est un devoir de génération. Le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta, convaincu de cette obligation morale, entend donner une nouvelle tonalité au combat contre la pandémie dans notre pays. Il s’est engagé à assumer véritablement sa part de leadership, de responsabilité, mais aussi d’accompagnement des acteurs de la lutte contre ce fléau. C’est la principale leçon que l’on retient de la session ordinaire du Haut conseil national de lutte contre le sida (HCNLS), présidée hier par le chef de l’Etat. L’événement a enregistré la participation des membres du gouvernement dont le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique Ousmane Koné, du secrétaire général de la présidence de la République Toumani Djimé Diallo, des représentants du corps diplomatique, des présidents des institutions, des gouverneurs de Région, du secrétaire exécutif du HCNLS, Malick Sène et d’autres invités de marque.

 

 

La pandémie du sida se pose comme un problème à la fois de santé publique et de développement dans les pays en développement, notamment ceux du continent africain.  Ceux-ci déploient des activités de prévention et de prise en charge des cas pour se préserver des conséquences désastreuses de la maladie. Selon les statistiques de l’Onusida, le monde enregistre plus de 34 millions de personnes vivant avec le Vih. Et 23 millions d’entre elles – soit un peu plus de  70% du total – se trouvent en Afrique subsaharienne. Ces statistiques interpellent la conscience collective et rappellent l’urgence d’agir, mais surtout celle de mieux organiser la riposte contre le sida. Si on n’arrête pas la chaîne de transmission du fléau qui continue de broyer impitoyablement des vies, les conséquences pourraient être encore plus dramatiques pour le monde en général, et pour les pays du continent africain en particulier.

 

 

La lutte contre la pandémie, qui s’inscrit dans la durée, requiert l’implication de tous et une synergie d’action des acteurs de la lutte, des partenaires et des pays pour atteindre les objectifs, notamment zéro nouvelle infection, zéro décès lié à la pandémie et zéro discrimination. Le secrétaire exécutif du HCNLS a peint le tableau de la pandémie dans les pays africains, notamment dans la région subsaharienne. Les statistiques de l’Onusida attestent d’une réduction de 24% de nouvelles infections dans 22 pays. Malick Sène a relevé que la lutte contre le sida et le développement sont liés. Il faut se servir du développement porteur de progrès pour combattre le sida, a indique le secrétaire exécutif avant de rappeler la nécessité pour des pays comme le Ghana et le Mali, respectivement 2è et 3è pays producteurs d’or en Afrique et qui veulent se donner un destin minier, d’accentuer les efforts sur la prévention. Il a cité l’exemple de l’Afrique du sud qui reste pour lui l’épicentre de la pandémie dans le monde.

 

 

PLUS DE 26 MILLIARDS DE FCFA. Le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies Albert Koenders s’est prononcé sur l’évolution de la pandémie à l’échelle mondiale et africaine. Rappelant la déclaration de politique sur le Vih et le sida des Nations unies adoptée en 2011, il a expliqué que des avancées ont été enregistrées, mais que nous devons garder le cap et rester vigilants. Car « il serait plus coûteux de recommencer et avec un impact négatif plus important de la maladie ». La coordinatrice pays de l’Onusida dans notre pays, Thérèse Poirier, a fourni des statistiques sur les pays africains dans le domaine de la lutte contre la pandémie. Les chiffres implacables font froid dans le dos. Il y a par an 1,6 million de décès liés au sida dans le monde et 2,3 millions de nouvelles infections par an. Notre pays enregistre, selon la coordinatrice pays de l’Onusida, 3000 nouvelles infections par an.

 

 

L’intervention du ministre de la Santé et de l’Hygiène publique était axée sur l’accès universel aux soins et traitements. Et Ousmane Koné de rappeler que la lutte contre la pandémie est basée sur des orientations stratégiques. Le ministre a également relevé des progrès accomplis par notre pays entre 2001 et 2012. On est passé d’une prévalence générale de 1,7 à 1,3 pour finalement atteindre 1,1%. Le ministre a étayé ces avancées avec d’autres chiffres comparatifs et souligné l’émergence d’une nouvelle infection à l’hépatite B. A ce niveau, la prévalence générale est de plus 15%, or les deux infections bénéficient du même traitement aux antirétroviraux (ARV). Une autre communication a fait l’état des contributions des principaux bailleurs de la lutte contre le sida dans notre pays. Il s’agit entre autres de la Banque mondiale, du Fonds mondial ou Fonds global, de l’Etat et de la Banque africaine pour le développement. A titre d’exemple pour le round 4 du Fonds global, notre pays a perçu plus de 26 milliards de Fcfa sur lesquels il a pu décaisser un peu plus de 22 milliards de Fcfa.

 

 

Après ces premières interventions, les discussions ont été ouvertes sous la férule du président de la République qui s’est mû parfois en interprète au bénéfice des partenaires techniques et financiers des propos tenus en lange bamanan. Il est ressorti dans les débats l’urgence de prendre en charge la question cruciale de l’environnement autour de l’exploitation de l’or dans ses différentes formes (l’orpaillage, mais aussi la forme industrielle) et le vih/sida.

 

 

C’EST LE TEMPS DES EFFORTS. Adoptant une position nettement tranchée sur le respect par les sociétés minières de la règlementation en vigueur, Ibrahim Boubacar Keïta n’a pas fait dans la langue de bois. « J’ai instruit une nouvelle approche dans la gestion des sociétés minières. Pas question de laisser prospérer dans notre pays des mines qui n’ont pas souci de l’être malien. Il est intolérable de voir les zones minières illuminées et les villages d’à côté dans l’abîme. Ce secteur sera revu. Qui nous respecte travaillera au Mali, mais la société qui ne pense que profit n’a rien à faire dans notre pays et je n’hésiterai pas à dénoncer un contrat qui n’est pas conforme à cette vision », a martelé le président Keïta.

 

 

D’autres présentations ont suivies ces premières discussions. Il y a eu les communications de Joseph Byll Cataria sur les femmes et le conflit au Nord du Mali, notamment les viols collectifs et individuels, celles sur la stigmatisation et la discrimination des personnes vivant avec le Vih de Modibo Kané du Réseau malien des personnes vivant avec le Vih (RMAP+) et sur le point de vue de la religion sur les facteurs de vulnérabilité en matière de lutte contre le Vih de Thierno Hadi Thiam.  Notre pays continue d’affiner sa riposte. A cet effet, il a élaboré un cadre stratégique de lutte contre le sida 2013-2017. Ce document présenté par Daouda Diakité du secrétariat exécutif du HCNLS mobilisera dans les prévisions faites sur la base d’un logiciel de l’Onusida, un peu plus de 250 milliards de Fcfa pour la dite période.

 

 

Ibrahim Boubacar Keïta a salué les échanges qu’il a eus avec les différents acteurs de la lutte.  Au sortir de la réunion, il a souhaité que chacun se considère comme totalement engagé dans ce combat de dignité humaine, de solidarité et d’accompagnement de nos frères atteints du Vih. « Qu’on puisse en finir avec la pandémie du sida dans notre pays, mais pour l’instant, c’est le temps des efforts », a expliqué un IBK totalement déterminé à combattre le phénomène.

 

 

D’importantes recommandations ont été faites également. Il s’agit entre autres de finaliser la création du Fonds national de lutte contre le sida, d’intégrer la lutte contre le sida dans la reconstruction et le développement du Nord, d’augmenter la couverture de la prévention de la transmission mère-enfant. Accélérer la prise en charge de la co infection tuberculose/sida, procéder à la relecture de la Loi 06-028 du 29 juin portant dépistage, prise en charge du Vih et assurer le renforcement du suivi-évaluation figuraient aussi parmi les points de recommandations. Ce ne sont donc pas les raisons d’une mobilisation accrue qui manquent.

B. DOUMBIA

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