Le montant s’élève à près d’un demi-milliard Fcfa
Affectés de novembre 2014 à 2016 au Centre de traitement Ebola (CTE), 59 agents de santé courent jusqu’à nos jours derrière leurs primes de risque, à savoir 400 000 Fcfa par agent et par mois que leur avait proposé le Pr Samba Sow, coordinateur de la lutte contre Ebola. Abandon, injustice, colère et incompréhension, sont les maîtres mots qui animent de nos jours ces agents qui interpellent le président de la République afin qu’ils soient mis dans leurs droits.
Le gouvernement veut faire semblant d’oublier, mais nous, jamais car c’est un droit ! Nous avons risqué notre vie pour cela et nous allons utiliser tous les moyens légaux afin de nous mettre dans nos droits”. C’est par ces mots qu’un des porte-paroles de ces agents de santé nous a accueillis. Faisant la genèse de leur mésaventure, le porte-parole nous a précisé qu’après l’apparition de la maladie à virus Ebola en 2014 au Mali, un Centre opérationnel d’urgence a été monté à cet effet dans l’enceinte du Cnam. Pour le bon fonctionnement de cette structure, a-t-il poursuivi, le ministère de la Santé et de l’hygiène publique, à travers la Direction nationale de la santé, avait demandé la mise à disposition de personnel dont des médecins, infirmiers, hygiénistes et même des gardiens.
“Cela est connu de tous les agents, avant de prendre fonction nous avons eu une séance de travail avec le Pr Samba Sow, responsable dudit centre. Il nous a rassurés qu’il a pu avoir un accord avec le gouvernement pour nos primes. C’est lui-même qui a avancé le montant des 400 000 Fcfa, tout en précisant que le gouvernement voulait réduire ce montant, mais qu’il n’avait pas accepté” a précisé notre interlocuteur. Selon lui, pour tout le temps qu’ils ont eu à passer dans le CTE, près de deux ans, ils n’ont pas vu la couleur de cette prime.
“IBK nous avait rassurés que nous n’allons pas regretter”
“Tandis que, c’est nous qui avions en charge la prise en charge des malades d’Ebola et des cas suspects. Comment voulez-vous que dans un Etat sérieux, des gens qui, même si c’est notre travail, après tant de sacrifices soient traités de la sorte, surtout que le jour où le président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta nous a rendu visite au CTE, il nous a rassurés que nous n’allons pas regretter le travail que nous sommes en train de faire et que le pays nous en sera reconnaissant” a rappelé le porte-parole.
Cependant, c’est à travers de nombreux rendez-vous manqués pour le paiement de leurs primes, que ces agents ont su qu’ils sont dans de beaux draps. En tout cas, pour le porte-parole des agents du CTE, pas question pour eux de baisser les bras face à ce qu’ils considèrent comme un “abandon, une injustice” et même un “mépris”.
“Jamais nous n’allons baisser les bras et nous allons saisir qui de droit afin que nous soyons mis dans notre droit car l’attente commence à être longue, mais nous allons nous battre par tous les moyens légaux pour que justice soit faite” a-t-il ajouté. D’ores et déjà, ces agents interpellent le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, qui a suivi de très près la riposte contre la maladie à virus Ebola, de faire en sorte que “le gouvernement respecte son engagement et de leur prouver que nous sommes dans un Etat de droit, qu’on peut se fier aux propos de nos autorités”. Car à les croire, la Côte d’Ivoire qui n’a pas enregistré de cas, payait son gardien du CTE à 1 500 000 Fcfa contre 400 000 Fcfa au personnel sanitaire du Mali, un engagement que le gouvernement peine à honorer.
En tout cas, de nos jours, ce sont ces 59 agents qui ont une expérience dans le cadre de la prise en charge et du suivi des malades à virus Ebola pour avoir suivi de nombreuses formations en la matière.
Aussi, après un petit calcul, les primes de risque pour les 12 premiers mois des 59 agents se chiffrent à 283 200 000 Fcfa. Ce qui veut dire que pour près de deux ans, le montant peut être évalué à un demi-milliard de Fcfa. Kassoum THERA