Le président ATT avait promis aux Sikassois un hôpital digne de la ville. Mais, tout porte à croire que ce sera un éléphant blanc qui leur sera livré : les autorités, la ministre de la Santé, en tête, s’étant évertuées à octroyer le marché de construction à une entreprise chinoise qui a été recalée à toutes les étapes de la procédure.
La Banque africaine de développement (Bad) a promis de financer un hôpital pour la ville de Sikasso. En la matière, le ministère de la Santé exprime juste le besoin et délègue à l’Agence des travaux d’intérêt public pour l’emploi (Agetipe) ses pouvoirs de représentation et de maître d’ouvrage.
Au niveau de l’Agetipe, il existe une commission de dépouillement qui s’occupe des offres. Ainsi, pour l’hôpital de Sikasso, la procédure a été strictement respectée par l’Agence. Il y avait trois soumissionnaires : un groupement composé du Burkinabé Kanazoé et d’un Malien, une entreprise malienne et l’entreprise chinoise par qui le scandale est arrivé.
Tout porte à croire que Mme Zéïnab Mint Youba, la ministre de la Santé, a trouvé là une occasion de remplir ses poches. En effet, après que la commission eut écarté les Chinois, elle a saisi l’Agetipe par une lettre pour lui demander de déclarer l’appel infructueux, ce que naturellement l’Agence refusa. Devant le blocage, le Premier ministre s’implique, en élargissant la commission à d’autres services techniques de l’Etat. Là encore, les Chinois échouèrent. La ministre Mint Youba ira jusqu’à demander à l’Agetipe de demander aux Chinois de compléter leur dossier.
Selon nos sources, face à l’intransigeance de l’Agetipe de ne pas violer les procédures, la ministre est montée plus haut : elle est allée voir ATT, en lui disant que le projet est bloqué du fait de l’Agetipe. Celui-ci aurait alors tordu le bras à tout le monde pour accélérer la procédure, sans savoir certainement quel intérêt la ministre avait à ce que le marché soit attribué aux Chinois.
La solution finale trouvée est que, contre toutes les procédures, en violation des textes, le marché de la construction de l’hôpital de Sikasso a été attribué aux Chinois. L’autre conséquence, c’est que, puisque des procédures d’attribution claires n’ont pas été appliquées, l’Etat ne pouvait pas faire appel au fonds octroyé par la Banque africaine de développement. Du coup, l’hôpital de Sikasso sera financé sur budget d’Etat.
La question que l’on se pose est de savoir pourquoi la ministre a tenu à tordre le cou aux procédures pour que le marché soit attribué à des Chinois, car, selon des sources, des personnes ont été « démarchées » avec espèces sonnantes et trébuchantes. En plus, la ministre aurait eu des circonstances atténuantes si « la violation » avait été faite au profit d’une entreprise nationale, mais, tel n’est pas le cas.
Affaire à suivre.
Alexis Kalambry
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