Constitution d’une communication anormale entre la vessie et le vagin (fistule vésico-vaginale) ou entre la vessie et le rectum (fistule vésico-rectale) survenant à la suite d’une grossesse compliquée, la fistule obstétricale est de nos jours un véritable problème de santé pour les femmes.
Etant un problème mondial de santé pour le sexe féminin, la fistule obstétricale touche beaucoup plus l’Afrique que les autres continents. Elle survient d’ordinaire pendant un accouchement prolongé. Les victimes de la fistule vésico-vaginale sont estimées à 3 millions de femmes. L’incidence des accouchements difficiles a été estimée à près de 6 millions de cas par an dans les pays défavorisés, entrainant une incidence annuelle théorique de près de 130 000 fistules obstétricales. Les fistules sont favorisées par le jeune âge des parturientes et la malnutrition, entrainant un développement insuffisant du bassin et défavorisant le passage aisé du nouveau-né (disproportion marquée entre la tête du bébé et le bassin, appelée dystocie).
Il arrive souvent que l’accouchement requiert une césarienne, laquelle intervention n’est pas toujours disponible dans le tiers-monde. En attendant l’intervention de la césarienne dans certains pays ou zones, certaines femmes sont obligées de patienter pendant cinq jours ou plus, et le danger, sans recevoir d’aide médicale. Cette situation engendre alors la pression prolongée qu’exerce la tête du bébé contre le bassin de la mère et interrompt l’afflux du sang dans les tissus mous qui entourent la vessie, le rectum et le vagin, entrainant la nécrose du tissu.
Si la fistule est située entre le vagin et la vessie (vésico-vaginale), l’urine s’écoule en permanence. Si elle est située entre le vagin et le rectum (recto-vaginale) la femme ne peut plus contrôler le mouvement de ses intestins. Dans la plupart des cas, une incontinence permanente en résulte tant que la fistule n’est pas opérée.
Les conséquences de cette maladie sont nombreuses pour les femmes atteintes. Elles peuvent avoir des difficultés pour marcher lorsque les nerfs des membres inférieurs sont touchés. Elles sont souvent rejetées par leur époux ou partenaire, évitées par leur communauté et blâmées de leur état. Les femmes non soignées de cette maladie sont non seulement exposées à une vie d’isolement et de honte, mais risquent aussi de connaitre une mort lente et prématurée pour cause d’infection et d’insuffisance rénale.
Dans de nombreuses zones rurales, les filles sont données en mariage dès leurs premières règles entre 10 et 15 ans. Dans certains cas, le mariage précoce a lieu avant le début du cycle menstruel, dans le but de garantir la virginité des filles. En retardant l’âge du mariage et de la première naissance, on peut réduire sensiblement le risque d’accouchement prolongé. Il est essentiel de mieux informer les femmes et les familles concernant les dangers de la grossesse, de l’accouchement et l’importance des soins obstétricaux d’urgence. Les campagnes de plaidoyer sur les valeurs culturelles et portant sur la santé maternelle et la fistule obstétricale doivent être multipliées. Les femmes qui ont été traitées avec succès pourraient aussi être formées pour mener des campagnes de sensibilisation auprès des autres femmes atteintes. L’implication des responsables locaux et nationaux est nécessaire à toutes les activités d’éducation.
FATOUMATA KEITA