Au terme “vision 20/10+5”, il faut associer la lutte contre la mortalité maternelle et infantile. Initiative lancée par les Premières Dames d’Afrique ici au Mali en 2001, la vision 20/10 pour la réduction de la mortalité maternelle et infantile est la vision commune et l’engagement partagé sur 10 ans (la décennie 2000-2010) des épouses de nos Chefs d’États d’user de leurs moyens et influence pour réduire de moitié la mortalité maternelle qui fait chaque jour, selon les récentes statistiques, 800 victimes chez les femmes enceintes, dont plus de 80 % en Afrique. Puisque le fléau persiste, malgré des avancées enregistrées par cette initiative des Premières Dames d’Afrique. Ces dernières, avec toujours la même détermination, ont décidé de la porter jusqu’en 2015 pour être dans le timing des Objectifs du Millénaire pour le Développement (Omd) de l’Onu, d’où la “vision 20/10+5”.
Les Nations Unies, qui ont mis la mortalité maternelle au point 5 des Omd, s’engagent à réduire ce drame humain de 75 % d’ici à 2015.. Cet objectif, comme celui assigné à la “vision 20/10+5”, ne seront certes pas atteints, mais il y a à espérer, selon le Pr. Amadou Dolo, Point focal de la “vision 20/10+5” au Mali, compte tenu des résultats encourageants obtenus tant au niveau mondial que chez nous ici Mali. Côté bilan, en plus d’une réduction sensible des décès dus à l’accouchement, il faut se réjouir du fait que les femmes enceintes, dans les grandes villes comme à l’intérieur du Mali, sont de plus en plus nombreuses à fréquenter les centres de santé, à effectuer correctement les Consultations Prénatales (Cpn), et à se faire accoucher dans uune structure de santé.
Parallèlement, il y a un intérêt de plus en plus certain nourri chez les maliens dans la mobilisation pour la disponibilité du sang en quantité et en qualité. Le sang qui joue un rôle très important dans la prévention contre la mortalité maternelle, les risques de complication à l’accouchement étant élevés, et parfois imprévisibles.
Pour le Pr. Amadou Dolo, chaque citoyen doit se considérer comme un acteur important dans la prévention contre la mortalité maternelle et infantile, condition indispensable pour porter un frein aux décès évitables dus aux complications de la grossesse.
LE PALUDISME : QU’EST-CE QUE C’EST ?
Pas bête comme qustion, même si le paludisme n’est plus à présenter au Mali, en Afrique et dans le reste du monde. Mais saviez-vous que le paludisme est considéré comme le “plus grand fleau de santé” par l’Organisation Mondiale de la Santé (Oms) ? Et à juste titre, car cette maladie a touché en 2012 dans le monde 219 millions d’âmes dont 80 % en Afrique. Au Mali, le paludisme constitue 52 % des causes de consultations dans nos hôpitaux et centres de santé. Autrement dit, le paludisme tue plus que le sida, et cela est valable au Mali comme ailleurs.
QUEL EST L’IMPACT DE CE “TUEUR” SILENCIEUX SUR LA GROSSESSE ?
Endiguer le paludisme au Mali, il y aurait moins de complications liées à la grossesse, par conséquent, moins de mortalité maternelle dans notre pays. C’est dire que le paludisme est l’une des causes principales de la mortalité maternelle au Mali. Cette maladie transmise par les moustiques touche plus, au Mali comme ailleurs, les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans, compte tenu de leur vulnérabilité. Le paludisme fragilise davantage la femme enceinte que celle-ci est susceptible de développer des complications à l’accouchement.
Des accouchements difficiles qui peuvent affecter les nouveaux nés qui, durant toute leur vie, en garderont les séquelles. En effet, selon les spécialistes, certaines mal formation affectant certains enfants toute la vie sont dues aux complications liées à l’accouchement tout comme les attardés mentaux, et les enfants au quotien intellectuel très faible.
QUE FAUT-IL FAIRE POUR PRÉVENIR ET LE PALUDISME ET LA MORTALITÉ MATERNELLE ET INFANTILE ?
Si l’homme ne peut rien contre la mort, sa culpabilité est entière dans certains décès évitables. En effet, autant on peut, de par des mesures simples, prévenir le paludisme, autant on peut éviter certaines causes de complications liées à la grossesse. Pour cela, il est du devoir de chaque chef de famille de jouer sa partition pour une maternité à moindre risque, en assistant sa épouse, ses belles-felles pendant la grossesse, en obligeant celles-ci à suivre correctement la consultation prénatale, et à se faire accoucher dans un centre de santé.
Pour la prévention contre le paludisme, le moyen le plus efficace reste la moustiquaire impregnée. Également, il est du devoir de chaque chef de famille de s’assurer que les membres de sa famille dorment sous des moustiquaires imprégnées et à toutes les périodes de l’année.
RÔLE DE L’ÉTAT DANS LA PRÉVENTION
En plus des mesures encourageantes initiées comme la gratuité de la césarienne et traitement du paludisme pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans, l’État doit encore faire des efforts supplémentaires dans ce sens. En effet, autant la gratuité de la césarienne ne couvre pas les complications découlant de l’opération, autant la gratuité du paludisme chez les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans ne prend pas en charge les complications liées à la maladie. Ce qui rend peu visible l’impact de cette politique, les ménages ne ressentant pas les effets sur leurs bourses.
Par ailleurs, nombre de localités au Mali souffrent encore de nos jours de l’absence d’un centre de santé, ou si ceci existe, l’accès y est très difficile à cause de l’absence de route, de moyens de transports ou tout simplement par manque de ressources financières. L’insuffisance du personnel sanitaire, l’absence de plan de carrière pour les sages femmes, la rupture des kits sanitaires, sont entre autres facteurs jouant une part importante dans la mortalité maternelle et infantile, le ravage du paludisme.
Autant il est clair que les moustiques sont à la base du paludisme, autant il est établi que c’est la saleté qui fait le lit des moustiques. A ce niveau, le rôle de l’État reste encore important, quand des tas d’ordures et des eaux usées nous traquent jusque dans nos familles, faute de dépotoirs et d’une viabilisation pensée des quartiers dans les centres urbains. Il est temps donc que tous les maliens, chacun à son niveau s’impliquent dans la prévention contre la maladie sous toutes ses formes.
Une synthèse de Assane Sy DOLO