En dépit des dispositions entreprises, au Mali, l’hygiène alimentaire et domestique demeure un véritable cauchemar. Les mutations socio-économiques ont eu pour corollaire de nouvelles modes de restauration et un cadre de vie insalubre. Deux nouveaux décrets tentent d’y faire face.
Le constat est alarmant. Bon nombre de maladies notamment cardio-vasculaires sont attribuées aux mauvaises pratiques d’hygiène et d’alimentation. Face à cette urgence, le gouvernement de notre pays vient d’adopter deux mesures. A travers le ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique, un décret portant sur l’hygiène de l’habitat, et un autre sur celle de la restauration collective ont été portés à la connaissance des hommes de medias au cours d’un point de presse le jeudi 4 Mai. Il s’agissait pour les responsables du Département d’instruire les journalistes sur ces dispositions. Ils misent sur ces instruments pour améliorer d’une part, le cadre de vie des populations et d’autre part, prévenir les risques sanitaires liés à la consommation des aliments vendus dans les établissements de restauration collective et sur la voie publique. Toute chose, de nature à réduire les menaces sur la santé des ménages.
L’évidence est presqu’unanime. Nous ignorons pratiquement tout du processus de préparation de ce qui passe par nos assiettes. Et l’hygiène est perçue par nombreux d’entre nous, comme privilège de gens aisés. Des épisodes de mise sur le marché de charogne, de viande d’origine clandestine, de produits impropres à la consommation…participent au quotidien déjà saturé d’inquiétudes de nos concitoyens. Les services compétents: le service d’hygiène, l’ANSA et le service national vétérinaire laissent apparaître une saturation d’efficacité dans ce combat.
Pour Gaoussou Keita, Chef de Division de l’hygiène publique, les difficultés résident surtout dans les prérogatives assignées à ces différentes structures. Les autres participants au nombre desquels, le directeur national adjoint de la santé, Dr. Oumar Guindo, la Conseillère technique du Ministère de la Santé et d’hygiène publique, Djiguiba Zeynabou Touré se sont réjouis des mesures devant à terme aboutir au changement de comportements.
L’objectif, consolider le dispositif juridique et institutionnel en matière d’hygiène.
Le décret N° 326 du 11 Avril 2017, régissant l’hygiène de l’habitat, soumet les propriétaires et les occupants des maisons à usage d’habitation au respect de bonnes pratiques de salubrité domestique. Elle fixe les codes du voisinage en milieu rural et urbain.
L’habitat en plus de la spéculation grandissante, répond peu aux normes sanitaires minimales. L’exposition aux contaminants au contact de l’eau de boisson, des aliments, l’air intérieur ou la cohabitation avec les animaux domestiques est accrue.
L’impératif changement de paradigme
Les habitudes néfastes en matière d’habitat s’expliquent par une concentration dans les centres urbains qui ne s’accompagne toujours pas par une évaluation des risques sanitaires. A ces maux, se greffe l’éternel problème de gestion des ordures par les municipalités. Des milliards dépensés pour des maigres résultats. Le comportement des usagers des habitations rappelle une profonde crise d’éducation civique. Le changement de paradigme passe par une impérative prise de conscience de nos concitoyens.
Autre champ, autres maux
La restauration qu’elle soit individuelle ou collective reste confrontée aux bonnes pratiques d’hygiène. Dans la restauration collective, laqualité des aliments vendus préoccupe du fait de l’insuffisance de l’application des mesures d’hygiène lors de la préparation, la conservation, la vente et la distribution. Cette situation est préjudiciable à la santé des consommateurs. Le décret N° 327 du 11 Avril 2017 régissant l’hygiène de la restauration collective vise la prévention des risques sanitaires liés à la consommation des aliments vendus dans les établissements de restauration collective et sur les voies publiques. Le faible niveau de revenu des populations, la sous-estimation des risques, conduisent beaucoup d’entre eux à recourir à ces points d’alimentation au péril de leur santé. Affirmer que la fréquentation de bon nombre de ces restaurants collectifs est un pari sur la vie n’a rien d’épopée. Le décret détermine les obligations des responsables des établissements de restauration collective et ceux des services d’hygiène publique .En vue d’impacts efficaces, les décrets prévoient une amende et une peine d’emprisonnement allant d’un à dix jours en cas de violation des conditions prescrites.
Dans cette immense tâche, le ministère de la santé en collaboration avec celui de la Communication ont initié une vaste campagne de sensibilisation qui s’étendra sur six mois. Engageons-nous, notre bien-être en dépend !
Aly BOCOUM