La rougeole est une infection virale grave pour le jeune enfant, mais qui peut être facilement prévenue par un vaccin. La maladie se propage dans l’air par les gouttelettes respiratoires produites par la toux ou les éternuements. De janvier à avril 2022, beaucoup de cas positifs ont été enregistrés dans plusieurs districts sanitaires du Mali, mais des dispositions ont été prises pour lancer les activités de riposte et renforcer les vaccinations de routine afin de minimiser l’explosion des cas.
La rougeole est une maladie contagieuse qui atteint particulièrement les enfants de moins de 5 ans qui sont soit non vaccinés, soit incomplètement vaccinés. Elle sévit dans les zones où la couverture vaccinale de routine est faible. Selon Dr Ibrahima Diarra, directeur du Centre National d’Immunisation du Mali, le centre qui coordonne toutes les activités du Programme Elargi de Vaccination du Mali, les cas de rougeole sont appelés cas suspects devant certains signes comme la fièvre accompagnée d’éruption cutanée et aussi les yeux rouges et d’un écoulement nasal.
“On appelle aussi cas de rougeole lorsque les cas suspects sont confirmés au laboratoire, cela est extrêmement important. Quand on parle de cas tout simplement, ils peuvent être des cas suspects, mais on parlera de rougeole lorsqu’on aura la confirmation de ces cas suspects. Au Mali, les premiers cas ont été déclarés au cours de cette année au mois de janvier par les districts sanitaires de Sikasso, Fana, Kangaba et de la commune IV du District de Bamako dans la deuxième semaine du mois de janvier 2022 et aussi par les Districts sanitaires de Kadiolo, Kati, Nièna et de la commune I du District de Bamako à la troisième semaine du mois de janvier”, a expliqué le spécialiste.
A l’entendre, si nous cumulons les cas enregistrés depuis la première semaine jusqu’à la 27ème semaine de l’année 2022, sur 1.056 prélèvements testés, nous avons 626 cas positifs de rougeole. “Ces cas sont repartis entre les districts sanitaires de Kayes dont Bafoulabé, Dièma, Kita, Nioro, Issoubidjandjan, Sefeto et Yélimané. Ils concernent aussi Banamba, Fana, Kangaba, Kati, Koulikoro, Nara et Ouelessebougou dans la région de Koulikoro. Dans la région de Sikasso, c’est dans les districts sanitaires de Kadiolo, Sikasso, Koutiala, Nièna et Yanfolila que des cas ont été retrouvés. A Ségou, c’est au niveau de Bla, Markala, San et Niono. Dans la région Mopti, c’est dans les districts sanitaires de Douentza, Mopti, Koro, Ténenkou, Djénné et Bandiagara. Dans le District de Bamako, pratiquement toutes les six communes ont connu des cas”, a notifié le directeur du Centre national d’Immunisation du Mali.
A l’en croire, les 626 cas positifs de rougeole sont repartis entre les districts sanitaires de ces différentes régions et le District de Bamako. La 27ème semaine correspond au 10 juillet 2022. Aux dires de Dr Ibrahima Diarra, il n’y a pas de campagne de vaccination contre la rougeole présentement, c’était des ripostes. “Il faut faire la différence entre la campagne de vaccination et les ripostes. La campagne de vaccination concerne l’ensemble du territoire. On en a organisé en 2019 et on devrait en organiser cette année, mais on n’a pas eu les ressources nécessaires. On prenait les cas signalés dans les régions et on envoyait. Ces ripostes ont été réduites de façon considérable depuis fin mai à début juin. C’est Koro qui a 60 000 doses pour riposter dans leur zone, cela se comprend parce que c’est une zone d’insécurité et la couverture vaccinale est faible, sinon il n’y a plus de riposte à l’heure actuelle dans les régions”, a-t-il fait savoir.
S’agissant des mesures de prévention de la rougeole, le spécialiste indique qu’il faut d’abord renforcer la surveillance épidémiologique de la rougeole et aussi les autres maladies évitables par la vaccination comme la polio, le tétanos, la méningite. “Des directives doivent être écrites et envoyées au niveau des établissements sanitaires et dans les communautés pour que cette surveillance des maladies à potentiels épidémiques dont la rougeole fait partie, puisse être renforcée. Il faut aussi renforcer les compétences des acteurs en les formant. Tout récemment, la section Surveillance épidémiologique a élaboré un guide de surveillance des maladies à potentiels épidémiques et la riposte et les agents sont formés à travers ce guide. Il faut également renforcer la vaccination de routine par la recherche des enfants non ou incomplètement vaccinés en les ramenant au centre de vaccination. Il faut que les enfants qui n’ont pas compléter leur vaccination le complètent et ceux qui n’ont pas été vaccinés, quand on les vaccine, vous allez voir que les cas de rougeole vont diminuer. Il faut aussi rendre disponibles les vaccins”, a conseillé Dr Diarra.
Pour le directeur du Centre National d’Immunisation, depuis les premiers cas au mois de janvier, particulièrement la 1ère et 2èmesemaines, on a connu beaucoup de cas jusqu’au mois d’avril 2022. “Je voudrais signaler que lorsque le district est en épidémie, nous engageons des ripostes dans ces districts. Tous les districts que j’ai cités où on a fait des ripostes, les cas ont diminué”.
Si nous prenons les statistiques par rapport au nombre vacciné par région, les tranches d’âge, c’est 6 à 59 mois pour la région de Kayes. Sur 79.153 enfants de 6 à 59 mois attendus, 71.585 ont été vaccinés. Si nous prenons Koulikoro, sur 56.104 enfants de 6 à 59 mois, 56.292 ont été vaccinés, donc il y a eu beaucoup plus de vaccinés là-bas. Le nombre de vaccinés a dépassé le nombre attendu et cela est possible parce qu’il peut y avoir des gens qui ne sont pas de Koulikoro, mais qui se sont fait vacciner à Koulikoro.
Dans la région de Sikasso, sur 190.646 enfants de 6 mois à 14 ans, 86.227 personnes ont été vaccinées. Si nous prenons la région de Ségou, sur 21.352, 15.330 ont été vaccinés.
Les ripostes de Mopti sont en cours et si nous prenons le District de Bamako, sur 400.144 personnes attendues, il y a 173.919 qui ont été vaccinées.
Dans l’ensemble des régions où on a eu les ripostes, sur 1.094.654, 632.787 personnes ont été vaccinées. Selon lui, cela s’explique parce qu’il avait des soucis de disponibilité de vaccins contre la rougeole et ils ont finalement été appuyés par l’UNICEF qui a donné 1 259 000 doses de vaccins. “Cela est une goutte d’eau dans le désert parce que le nombre attendu était supérieur, mais nous saluons l’UNICEF pour dire qu’avec ce que nous avons reçu et les vaccins de routine, nous avons pu vacciner un maximum de personnes et cela se traduit aujourd’hui par la réduction de nombre de cas positifs de rougeole”, a-t-il souligné.
Il faudrait comprendre également que la rougeole est surpique, c’est chaque 3 ans qu’elle survient. La dernière campagne de vaccination a eu lieu en 2019.
“Avant l’arrivée des 1 250 000 doses de vaccin anti rougeoleux qu’on appelle communément VAR, notre pays avait déjà mobilisé sur les vaccins de routine 333 000 doses qui avaient été distribuées pratiquement dans les régions qui avaient demandé. Maintenant, les 1 250 000 doses sont venues remplacer ces vaccins de routine et actuellement, nous avons encore un autre stock de vaccin de routine et de riposte d’à peu près 900 000 doses. Ce sont 600 000 doses qui sont à la disposition pour la riposte et à peu près 300 000 pour la routine, donc nous avons un stock conséquent et dès qu’on nous demande le vaccin pour riposter dans une localité donnée, on peut, le vaccin est là et nous pouvons y faire face. C’est pour dire que le vaccin anti rougeoleux est disponible et près à être donné dès qu’une épidémie est déclarée dans une région donnée. La vaccination de routine aussi doit continuer et nous avons déjà fait la mise en place du 3ème trimestre par rapport à l’ensemble des vaccins”, a rassuré le directeur du Centre National d’Immunisation du Mali.
Marie Dembélé