La césarienne ou procédé d’opération chirurgicale a fortement contribué à réduire le taux de mortalité maternelle et néonatale au Mali. Déclarée gratuite en République, les avis divergent seize ans après quant à l’effectivité de cette politique saluée en son temps par les plus démunies.
Mme Dia Fanta Sy se réjouit de cette politique mise en place par le gouvernement. « J’ai subi une césarienne pour mon troisième enfant, les deux premières fois s’étaient bien passées par la voie normale. Mais cette fois il y a eu des complications qui ont nécessité une intervention chirurgicale car le cordon ombilical était autour du cou du bébé. L’opération, les médicaments, les pansements tout a été pris en charge par l’hôpital, je leur en serais éternellement reconnaissante » a-t-elle confié. Ça n’est pas le cas de Mme Sacko Bintou Sylla pour qui cette politique est loin d’être effective. En cause, explique-elle, «Quand les médecins ont décidé de l’opération pour mon premier enfant, les frais médicaux n’ont pas été allégés. Mon mari a dû payer pour les frais d’analyse et pour l’échographie. Au sortir de la salle d’opération, c’était le même cas, il nous a fallu acheter nous-mêmes les produits pharmaceutiques ».
Approché par nos soins, un médecin du centre de santé de Doumanzana a déploré dans l’anonymat que le kit envoyé par l’Etat soit incomplet et obligent du coup à faire supporter par les patients eux-mêmes les compléments : ordonnances, frais d’hospitalisation et d’autres médicaments en cas de complication. Il en a profité pour nous expliquer les cas de recours à la césarienne : voies naturelles de la mère trop étroites pour permettre le passage du fœtus, maladies cardiovasculaires de la mère, poids excessif du fœtus et en cas d’urgence provoquées par des événements lors de l’accouchement dont les hémorragies, hypertension et/ou hypotension chez la mère, défaut de dilatation du col, détresse ou difficultés de positionnement du fœtus. Il y a aussi des cas rares d’hystérie prénatale, une sorte de phobie psychologique chez certaines mères au cours de leur première grossesse où la césarienne permet d’éviter le pire.
Aly Poudiougou