La création en 2010 du Centre de recherche et de lutte contre la drépanocytose, à l’initiative du Président Amadou Toumani Touré et de son épouse Touré Lobbo Traoré, avait suscité un grand espoir chez des milliers de patients drépanocytaires au Mali et même dans certains pays limitrophes. Avec un personnel engagé et qualifié et sous la houlette de l’hématologue très expérimenté, en l’occurrence Pr Dapa Diallo, le Mali était devenu un pays cité en référence dans la lutte contre cette maladie. La volonté politique et l’engagement des partenaires ajoutés à la qualité du personnel ont produit des résultats à la grande satisfaction des malades et leurs familles. Mais aujourd’hui, le contact est désolant au niveau de ce Centre qui faisait la fierté de notre pays. Manque de ressources financières, absence de produits pharmaceutiques, non-paiement du salaire du personnel (contractuels), démotivation du personnel, vétusté du matériel… ce sont là, entre autres maux, qui sont en train de conduire le Crld à un arrêt certain aux conséquences fâcheuses pour les malades. La ministre de la Santé (médecin de son état) est-elle informée de la situation qui prévaut aujourd’hui au niveau de ce Centre de santé ? A-t-elle entendu les nombreux cris de douleur émanant à la fois du personnel et des patients de ce Centre ? Le Mali va-t-il du premier rang se retrouver à la queue des pays africains en matière de traitement de la drépanocytose (le Sénégal et le Congo qui ont commencé après nous deviennent aujourd’hui des références) ?
Depuis sa création (Crld), les travailleurs, sous contrat de prestation 3 mois renouvelables jusqu’en janvier 2024 soit 14 ans de service sans Assurance Maladie AMI ni déclaré à l’INPS, ce qui n’est pas accepté par la législation du travail, à cela s’ajoute le non-paiement de leurs salaires… Afin de palier à ce problème, qui avait finalement installé une mésentente entre les personnels concernés et la direction, ils ont été reqalifiés, pour le bon fonctionnement de cette prestigieuse structure sanitaire référendaire. Et « c’est ainsi que le Pr Mounirou Baby a mis en place une Commission de requalification du contrat qui a abouti à un contrat CDI », explique un agent du Crld sous anonymat.
Il ajoute : « Pr Baby promu au poste de directeur général au LNS, son adjoint Pr. Aldiouma Guindo de reconnaître le contrat CDI des travailleurs et bloque le salaire, or l’administration est une continuité, pendant ce temps les travailleurs continuent à travailler».
Un autre agent, porte un doigt accusateur, sans équivoque, à l’endroit du DG du Centre. « Il faut reconnaître que le directeur général actuel Pr Aldiouma Guindo était DGA, depuis plus de 10 ans sans rien faire. Son seul objectif était de maintenir les travailleurs dans la précarité jusqu’à la retraite», laisse-t-il entendre.
De son côté, M. Camara s’indigne : « Nos enfants sont chassés de l’école à cause du directeur, nos femmes ne préparent plus faute de prix du condiment, les locateurs nous traquent de maison en maison, le désespoir, le stress, la dépression sont le quotidien des travailleurs du CRLD (…) Nous appelons les plus hautes autorités devant la Var, et à se mettre à notre place ».
Les Hautes autorités de la transition, et plus précisément le ministre en charge de la Santé, sont exhortées à trouver des solutions idoines pour prendre à bras le corps cette situation qui risquerait de nuire à jamais à la qualité des services, une atteinte aux motivations des travailleurs, ainsi qu’à l’image de ce Centre qui faisait la fierté de notre pays et même au-delà…
Manque de médicament et vétusté du matériel
Autres soucis au niveau du Crld ? C’est le manque de médicaments au niveau de la pharmacie et la vétusté des matériels pour les soins. En effet, après sa création et jusqu’à une date récente le Centre était cité en exemple en matière de prise en charge des malades et surtout par la qualité des produits au niveau sa pharmacie. Ici, les malades, contre une somme symbolique à payer périodiquement, avaient tous les médicaments nécessaires pour leur soin et leur suivi. La pharmacie du centre était prise d’assaut par les patients. Actuellement, le constat est amer ! La pharmacie du centre est presque vide. Conséquence, les drépanocytaires sont obligés de se rabattre sur d’autres pharmacies à travers la ville pour trouver leurs médicaments. Or Dieu seul sait le coût des ordonnances délivrées pour faire face aux crises et assurer les traitements d’accompagnement.
Le matériel au niveau du centre est également dans un état désastreux. Les équipements du départ n’ont presque pas été renouvelés depuis des années. Et certains services risquent d’être complètement arrêtés faute de matériel. Les ressources allouées annuellement par certains partenaires ne suffisent pas. Ces ressources certes appréciables sont loin de prendre le centre en charge.
Rappel : Sensibilisée à la question par le Professeur Gil Tchernia et soutenue par le Professeur Dapa Diallo, alors chef du service d’hématologie à l’hôpital du Point G, la Fondation Pierre Fabre décide de créer à Bamako un Centre de recherche et de lutte contre la drépanocytose (CRLD). Ce dernier aura pour mission de dépister la maladie, d’accueillir et d’hospitaliser les patients, de réaliser des campagnes de formation et d’information, de former les professionnels de santé, mais aussi de mener des travaux de recherche clinique. Dès 2006, la Fondation réunit les partenaires publics et privés nécessaires à la création du Centre. Elle finance son équipement, organise la formation du personnel de santé et en janvier 2010, le CRLD ouvre ses portes.
La Fondation Pierre Fabre subventionne le développement du CRLD, qui assure chaque année davantage de consultations. Elle soutient aussi l’offre de formation destinée au personnel médical des centres de soins du Mali et de la sous-région.
Plus de 7000 drépanocytaires suivis régulièrement par le Crld : Accueillant aujourd’hui des patients résidant à Bamako, mais également dans les autres régions du Mali, voire dans les pays voisins comme la Guinée et la Mauritanie, le Crld de Bamako joue un rôle capital dans la lutte régionale contre la drépanocytose. Ses missions sont la recherche, la formation sur la drépanocytose, l’appui aux soins spécifiques, la communication sur la maladie, la collaboration nationale et internationale.
Mohamed Sylla