Santé de la reproduction : Excision, wâjib, sounnah et libido

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Considérée par les uns comme une prescription religieuse islamique, et par d’autres, un moyen de contenir la libido et le désir sexuel chez la femme, l’excision reste une pratique persistante dans notre société. Selon l’EDSM VI, en 2018, 73% des filles de 0-14 ans et 89% des femmes de 15 à 49% ont été excisées ; 76% des filles ont subi les MGF/Excision avant l’âge de 5 ans. Pourtant, de façon unanime, les spécialistes de la santé et les défenseurs des droits humains déclarent les MGF/Excision comme une violation des droits humains, une violence faite aux filles et femmes.

 -maliweb.net-Les mutilations génitales féminines sont définies comme l’ensemble des interventions qui consistent à altérer ou à léser les organes génitaux de la femme pour des raisons non médicales. L’OMS, classe les MGF en 3 à 4 types : la clitoridectomie, l’excision, l’infibulation et le quatrième type qui peut contenir à la fois les trois autres types (étirements, brûlure du clitoris etc).

Les MGF plus connues dans notre société par l’appellation ‘l’excision’. L’excision une vielle pratique ancrée dans les mœurs et habitudes. Elle est défendue par des idées qui ne résistent pas à l’analyse, comme « une purification recommandée par l’islam » ; « contenir le désir sexuel de la femme » ; « Une garantit de la fidélité de la femme »…

Cependant, aux dires des spécialistes de la santé et de certains religieux, l’excision n’a aucune valeur ajoutée. Que des inconvenants sur la santé de la femme.

Selon Modibo Dicko, gynécologue/obstétricien au Csref de la commune I, ces interventions sur les organes génitaux de la femme à but non thérapeutiques n’ont aucun avantage. Mais plutôt de graves conséquences médicales et psychosociales immédiates ou à long terme sur les femmes, ajoute-t-il. Parmi les conséquences le Dr Dicko cite : l’hémorragie, les douleurs violentes pouvant entraîner la mort avec arrêt cardiaque, tétanos, septicémie, VIH/Sida, lésion des tissus génitaux, rétention d’urine sans oublier les conséquences à long terme dont la fistule.

S’agissant des conséquences sur la vie sexuelle de la femme, notre gynécologue explique que l’excision peut être la cause des douleurs lors du rapport sexuelle surtout pour celles qui ont subi l’infibulation. Soulignant que l’excision peut également être la cause d’une diminution ou d’un manque de plaisir sexuel chez la femme au cours des rapports sexuels à cause de l’ablation des tissus sensibles du clitoris, le Dr Dicko affirme qu’aucune étude scientifique n’a démontré que les MGF/Excision permettaient de contrôler la sexualité d’une femme encore moins de freiner sa sexualité. « Contrairement aux préjugés, aucune étude n’a pu démontrer que cette pratique pouvait être un moyen de contrôler la sexualité de la femme ou la rendre plus vertueuse. La meilleure illustration pour cette assertion se trouve au niveau des maisons closes. On y rencontre autant les femmes excisées et non excisée. Personne ne peut soutenir que l’excision permet de baisser chez la femme le désir sexuel », déclare le professionnel de la santé.

Si la science ne trouve que des méfaits à l’excision, serait-elle une recommandation religieuse comme soutenue par une pensée populaire ? Selon une étude de Population Concil menée par Assitan Diallo en 1997, 75% des filles de mères musulmanes sont les plus souvent excisées contre 60% (animiste), 55% (chrétienne) et 40% autres. Toute chose qui vient confortée cette allégation qui donne l’excision comme une pratique découlant de l’islam. Cependant des érudits de l’islam affirment que la pratique n’est pas musulmane mais plutôt coutumière.

Khalilou, SG du Réseau islam population et développement (RIPOD), déclare : « L’excision n’est pas une prescription religieuse en soi. L’islam n’a pas donné une prescription claire là-dessus. Il s’agit plus d’une pratique coutumière que religieuse ». Selon Monsieur Cissé, certes, des hadiths relève que le prophète Mohamed (PSL), a évoqué le sujet. De ces passages, on retient que le messager de Dieu, de passage dans une ville, aurait coïncidé avec une exciseuse dans ses œuvres à qui il aurait abdiqué des conseils pour ‘la meilleure façon de procéder’. Et pour le SG du RIPOD, ceux qui soutiennent mordicus que la pratique est une recommandation musulmane s’appuient plus sur cette thèse pour conférer à la pratique un caractère religieux. A comprendre Khalilou Cissé, même si l’on ne peut nier l’existence de l’excision dans la religion musulmane car elle a été pratiquée à l’époque du prophète Mohamed (PSL) par certaine tribu, on ne peut cependant s’appuyer sur aucune référence pour en faire une prescription musulmane d’où son caractère facultatif à ses dires.

Par ailleurs M. Cissé précise que l’excision n’est pas un fardh, un wâjib non plus une sounnah du prophète Mohamed (PSL). Autrement dit, l’excision n’est ni une pratique obligatoire, ni un devoir recommandé ni acte mimé sur les faits du prophète. « Une femme excisée n’est pas plus pure qu’une femme non excisée. Les ablutions, les prières ou autre actes obligatoires de l’islam ne sont pas soumis au fait d’être excisée ou non pour une femme, seule la pratique pieuse de sa religion peut garantir à une personne sa proximité avec Dieu et bénéficier de ses grâces », a-t-il terminé. Ni prescription médicale, ni prescription religieuse, pourtant l’excision est déclarée à l’unanimité par les spécialistes de la santé et les défenseurs des droits humains comme une violence faite aux femmes. La présidente de l’association pour le Progrès et la défense des Droits des Femmes (APDF), Diawara Bintou Coulibaly et Bréhima Ballo de l’Association pour le Progrès et la Défense des Droits des Femmes (APDF), tous deux affirment que l’excision est une pratique aux conséquences médicales, psychosociales néfastes. Des propos soutenus par les témoignages de certaines femmes excisées qui dénoncent les MGF/Excision.

Qui sont considérées comme une violation des droits humains des filles et des femmes, une violation de leur droit à la santé, à la sécurité et à l’intégrité physique. Alors que la constitution du Mali dans son article 3 déclare que : ‘Nul ne sera soumis à la torture, ni à des services ou traitements inhumains, cruel, dégradants ou humiliants.

En outre le Mali a ratifié des conventions telles : la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (Cedef) en plus du Protocole relatif aux Droits des femmes en Afrique, tous ces instruments juridiques contraient le Mali à préserver les femmes des MGF/Excision. Sans compter que la lettre circulaire n°0019 du 7janvier 1999 du ministère de la sante interdit la pratique des MGF par le corps médical.

Khadydiatou SANOGO, Ce reportage est publié avec le soutien de JDH et FIT en partenariat avec WILDAF-Mali et la Coalition des OSC/PF

 

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1 commentaire

  1. Tout ce qu’on fait chez nous, il y a toujours des gens qui s’arrangent à dire que c’est mauvais. Pourquoi les occidentaux veut que l’on fasse coute que coute comme eux? Si l’excision était aussi mauvaise qu’on nous le chante tous les jours, il y a longtemps que certains pays seraient à l’instar du Mali dépeuplés déjà car on y pratique l’excision depuis des centaines sinon des milliers d’années. Celui qui veut, il pratique, celui qui ne veut pas aussi, il laisse, c’est aussi simple que ça. Arrêtons ce terrorisme du “copisme culturel de l’occident” qui finalement n’a pas grand chose à nous apprendre (en tout cas pas culturellement) à part l’inceste la pédophilie, l’homosexualité, etc.

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