Parmi les droits fondamentaux de la femme et de la jeune fille, l’accès à la santé occupe une place non négligeable. Pourtant, ce droit reste toujours un défi majeur à relever. Chaque jour, 830 femmes mourraient dans le monde à cause « des complications liées à la grossesse ou à l’accouchement »
« Environ 830 femmes meurent chaque jour dans le monde du fait de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement. En 2015, 303 000 femmes sont décédées pendant ou après la grossesse ou l’accouchement. » Ces chiffres ont été publiés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en septembre 2019. Des données qui laissent comprendre le défi énorme qui existe en matière d’accès à la santé pour les femmes de part et d’autre dans le monde, à une période où les luttes pour la reconnaissance des droits de la femme se multiplient de plus en plus.
Les difficultés liées à la grossesse ainsi qu’à l’accouchement constituent le commun des femmes de maintes zones rurales du Mali où aucun dispensaire ou centre de santé n’existe et même s’ils existent, ils ne sont pas de qualité.
En matière de santé sexuelle et reproductive voire d’avortement, les femmes et les jeunes filles continuent à traverser d’énormes difficultés. Au Mali notamment, le manque d’informations et de formation de la jeunesse sur les questions sexuelles constitue un véritable problème qui explique en grande partie les grossesses indésirées, les avortements volontaires, etc. Cette problématique reste elle-même liée au fait que la sexualité continue d’être considérée comme un tabou dans moult familles où parler de sexualité auprès des adultes est vu comme un manque de respect.
Dans une tribune en 2018 au Parisien et à Aujourd’hui en France, Véronique Séhier, coprésidente du Planning familial, laissait comprendre que « 225 millions de femmes sont dépourvues d’accès à la contraception. 300 000 femmes meurent de complications liées à la grossesse et à l’accouchement ».
En plus de ces facteurs viennent s’ajouter également les cas d’avortement à risque, notamment dans les pays en développement, comme le Mali, dont nous venons de faire mention un peu avant. Dans plusieurs de ces pays, les moyens contraceptifs n’existeraient que pour les femmes mariées même si les jeunes filles expriment un grand besoin.
Pourtant, le « Protocole à la charte africaine des droits de l’homme et des peuples, relatif aux droits des femmes » de l’Union économique et monétaire Ouest africain (UEMOA), dans son article 4, stipule : « Toute femme a droit au respect de sa vie, de son intégrité physique et à la sécurité de sa personne. Toutes formes d’exploitation, de punition et de traitement inhumain ou dégradant doivent être interdites. »
Ce Protocole invitait d’ailleurs les gouvernements à une prise de conscience en assurant notamment la promotion des droits de la femme à la santé, en générale et de façon particulière à la santé sexuelle et reproductive.
« L’accès aux droits sexuels et reproductifs est un enjeu de démocratie, de justice sociale, de progrès. Les femmes ne sont ni “la moitié de”, ni complémentaires, ni mineures. Elles sont des citoyennes, et doivent être reconnues comme telles dans leurs droits », estime Véronique Séhier dans sa tribune.
Cependant, le constat reste amer. Entre 1990 et 2015, sur le plan international, le taux de mortalité maternelle n’a diminué que de 2,3 % par an, selon l’OMS.
En cette occasion de Journée internationale de commémoration de la femme, il est nécessaire de porter un regard nouveau sur ce droit des femmes à la santé. Car pour l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD) d’ici à 2030, il importe d’agir plus vite.
Fousseni Togola