Décidément l’on n’est loin de relever le défi sanitaire au Mali pour la bonne raison qu’ils sont nombreux encore les médecins à se livrer à des pratiques mercantilistes. Chose qui se manifeste par le rejet catégorique des analyses médicales effectuées dans des laboratoires autres que ceux recommandés par eux.
Et pour enfoncer le clou, presque la quasi-totalité des analyses effectuées par des laboratoires publics sont déclarées irrecevables. Obligeant ainsi les pauvres patients à s’orienter vers les labos recommandés qui, à leur tour, les déplument tranquillement.
En effet, depuis quelques temps, la capitale, Bamako est bondée de laboratoires d’analyses médicales privés. Ce qui est salutaire, car cela permet de décongestionner les labos publics qui n’arrivent plus à faire face à l’augmentation vertigineuse du nombre de ses usagers.
Cependant, le hic est que, la multiplication des labos privés ne profite qu’au seul personnel soignant, au lieu des usagers.
Ainsi, des analyses de 10.000 Fcfa dans ces labos privés sont effectuées à 15.000 Fcfa : 10 000 Fpour le labo et 5 000 Fpour le médecin qui a recommandé à son patient le laboratoire en question. La pratique qui concerne généralement les médecins qui sont au compte de l’Etat ou des collectivités a pris tellement de l’ampleur qu’a nos jours rare sont les usagers de nos structures de santé publiques qui n’ont pas été victimes du phénomène décrié.
Ce qui est pire, c’est que pour ces 5 000 Fcfa, l’on déclare illisible les clichés radiologie effectués au niveau du Gabriel Touré ou du Point G. Ainsi, le patient est obligé de suivre à la lettre les recommandations du maître du jour (médecin). Or, effectuer une analyse dans un labo privé est coûteux. Tout le monde n’a pas les moyens de le faire. Mais, c’est comme ça, à prendre où à laisser.
A en croire ce patient « pour avoir effectué une analyse écho-cœur dans un laboratoire privé où travaillait mon ami et non à celui recommandé par mon médecin traitant, qui par la suite s’est débarrassé de moi pour non respect de ses consignes. Et il a fallu, l’intervention d’un de ses collègues pour que je sois accepté à nouveau ».
Cet autre patient de renchérir, « j’ai été 2 fois de suite victime du rejet d’une analyse de radiologie au niveau du Gabriel Touré. Et à chaque fois on dit que, cliché est illisible. Ainsi, j’ai été obligé d’aller ailleurs, c’est à dire au labo consigné. Ce qui m’a irrité, c’est qu’après avoir fait cette analyse dans ce labo, j’ai par hasard montré mon cliché rejeté a l’agent qui a réalisé mon analyse. La réponse est surprenante : on ne peut pas mieux faire que ça ».
Ces pratiques, nombre sont les patients qui les vivent actuellement à Bamako où l’on a tendance à croire que, tout ce qui est public est nul. Du moins dans le domaine sanitaire. Ainsi, vouant à l’échec les efforts déployés par l’Etat en matière d’équipement des structures de santé publiques.
Issa Diarra