Au Mali, comme dans tous les pays africains, il existe deux systèmes de soins : le système conventionnel ou système importé (car introduit avec la colonisation) et le système traditionnel qui serait le plus utilisé, car tirant son essence des valeurs culturelles. Un système traditionnel comprend l’éventail des ressources thérapeutiques auxquelles le malade et sa famille peuvent s’adresser. Les acteurs de cette médecine traditionnelle sont d’abord les familles elles-mêmes (soins domestiques) et ensuite les thérapeutes traditionnels.
Selon M. Chiaka Diakité du Ministère de la Santé, Il n’est plus permis aujourd’hui d’ignorer les apports considérables de la médecine traditionnelle, la tradithérapie constituant le premier recours de plus de 80 % de la population.
Pour lui, cela est du à une certaine inaccessibilité du personnel de santé moderne par la population du fait de leur nombre très limité Les enquêtes ayant montré qu’il n’y a qu’un médecin pour plus de 25.000 habitants et un tradithérapeute pour 500 habitants au Mali à cela s’ajoute un système de tarification des coûts des prestations qui réduit davantage l’accès à ces soins aux quelques populations qui vont dans ces centres de santé.
Ici à Bamako, les tradithérapeutes sont visibles partout et ont comme lieu de prédilections les marchés.
On en trouve qui se baladent de marché en marché scandant les vertus thérapeutique de leurs produits, ceux qui travaillent à la maison qui reçoivent les malades en consultations et ceux qui reçoivent les malades dans leurs stands au marché.
Ils traitent beaucoup de maladies des plus simples aux plus compliquées (paludisme, hémorroïdes, infections urinaires, MST, ……..) grâce aux plantes médicinales.
Bah Koro est une tradithérapeute au marché de Daoudabougou depuis presque 20 ans. Elle tient un stand ou elle expose ses médicaments et ou elle fait ses consultations. Tous les jours à partir de 8h du matin, son stand est occupé par des dizaines de femmes venues consulter elles mêmes ou pour faire consulter leurs enfants. Le cout de sa consultation est de 1000 fcfa non renouvelable. Le prix de ses médicaments varie de 50 à 750 FCFA.
Selon la spécialiste, la première cause de consultation chez elle est le paludisme. A cela s ajoutent les IST, l’hémorroïde, la gastrite et la colopathie. Elle traite aussi les cas d’ensorcèlement surtout chez les enfants. Ses remèdes sont constitués de plantes qu’elle va chercher dans les régions de Ségou et Sikasso et rarement au pays dogon.
Pour traiter le paludisme qui est très fréquent, elle fait recours à des plantes bouillies dans de l’eau pendant quelques heures avec lesquelles on se lave durant 4 jours et qu’on boit 3 fois quotidiennement. Elle utilise aussi pour les autres maladies des poudres, des décoctions, des amulettes, des ceintures et beaucoup d’autres remèdes à base de nos plantes. Ces clientes semblent satisfaites de ses prescriptions. B.S est l’une d’entre elles. Elle dit que le bébé qu’elle porte est son 3e enfant qu’elle amène chez Bah Koro. Elle aime son traitement parce qu’il a permis un meilleur accroissement corporel de ses enfants qui ont grandi sans grands problèmes de santé et surtout des traitements à moindre coût.
Avec la modernisation, nous assistons depuis plusieurs années à l’avènement d’un nouveau système de tradithérapie : la pharmacopée traditionnelle.
Selon M. Soumaoro qui est l’un des précurseurs de la pharmacopée traditionnelle au Mali, elle peut être définie comme un ensemble de savoirs, de connaissances, de pratiques, de techniques de préparations et d’utilisations des substances végétales, animales et/ou minérales servant à diagnostiquer, prévenir et/ou éliminer un déséquilibre physique, mental ou social.
Cette pratique a favorisé la reconnaissance des plantes traditionnelles comme traitements adéquats car le problème de ces substances qui sont souvent nocifs était le dosage car certains à usage extrême pouvaient causer d’autres maladies encore plus compliquées.
Ainsi on trouve maintenant des produits traditionnels dans les pharmacies modernes sous forme de gélules, de comprimés, d’infusions, de pommades et de sirops.
Avec ce mélange entre médicine traditionnelle et moderne, nous osons espérer une meilleure évolution du système sanitaire malien.
Adiaratou Sangaré