Dans l’intervalle d’une semaine, des infirmiers, par méconnaissance ou par négligence ont endommagé le bras de trois nourrissons. Les parents de ces patients ont assisté impuissamment à l’amputation de leurs membres. Comme si cela ne suffisait pas, un autre jeune âgé de 17 ans admis vivant dans les urgences est sorti mort, par faute de soin, car n’étant pas accompagné.
De nos jours, l’Hôpital Gabriel Touré a perdu sa bonne réputation d’antan, à cause du laisser-aller qui s’est installé dans cette structure hospitalière, malgré sa grande sollicitation par les Bamako. Le désordre règne à un niveau très élevé dans cet hôpital au point qu’à certaines heures cruciales, l’on a l’impression que ce sont seulement les élèves infirmiers et étudiants seulement qui sont les agents, très peu de médecins et spécialistes se font voir sur les lieux. En tout cas les patients se plaignent beaucoup de cette catégorie au sein du CHGT qui y dicte leur loi.
Le cas de Sériba COULIBALY, père d’un nourrisson, qui a perdu son bras gauche, à cause du mauvais traitement des infirmiers, en est une parfaite illustration. En effet, ce nouveau-né de 16 jours a perdu son bras gauche, à cause d’une injection mal administrée par un infirmier. M. COULIBLY raconte les faits : « Nous avons été admis à l’Hôpital Gabriel TOURE depuis le 19 juillet dernier. Quand mon enfant est né au centre de référence de Kati, les médecins nous ont transféré ici en nous disant que l’enfant avait des problèmes respiratoires. À notre arrivée, nous avons été hospitalisés à la pédiatrie. C’est là que notre calvaire a commencé. Parce que les médecins, après avoir fait les prescriptions n’ont plus suivi le reste du traitement. Ils ont laissé le sort de notre enfant entre les mains des infirmiers et ces infirmières ‘’non qualifiés qui torturent nos enfants sous nos yeux’’, a-t-il dit. Selon lui, tous ces infirmiers sont des stagiaires, ‘’très mal formés et ayant vite pris goût au gain facile, ces jeunes sont des véritables dangers pour la santé des populations’’. Il s’agit pour d’autres victimes des amateurs des soins médicaux et non des professionnels.
« Toutes les injections et perfusions qu’ils ont faites à mon enfant ont été mal administrées. Dans la plupart des cas, le bras du bébé enfle et le liquide se stoppe. Et je suis obligé de faire le tour de l’hôpital pour les chercher. Et quand ils viennent, au lieu de reconnaitre leur insuffisance, ils se sont mis à torturer le bébé », a-t-il déploré.
Selon le père de l’enfant, le bras de l’enfant, qui ne cessait de s’enfler, a noirci.
« Quand le chirurgien l’a vu, il m’a dit que le bras est nécrosé, autrement dit que le bras ne sert plus n’a rien, qu’il fallait le couper. Et le mercredi mon enfant été amputé de son bras, alors qu’il n’a que 16. Ce médecin même a reconnu que c’est un accident de travail des infirmiers », a dit M. COULIBLY en larmes.
Le cas de ce nouveau-né rallonge le nombre de victimes du manque de professionnalisme à l’Hôpital Gabriel Touré.
En plus de ces cas d’imputation, les populations ont appris avec indignation la mort d’un jeune élève de 17 ans, par manque de soin. Moussa COULIBALY, puisqu’il s’agit de lui, a été au fait, victime d’accident de la circulation vers la station Total à Médine aux environs de 19 heures, est décédé mardi dernier, dans les locaux de cet hôpital. Pour beaucoup de Maliens, il s’agit d’un mort de trop, puisqu’il a perdu la vie faute de soins dans grand centre hospitalier universitaire, à l’image de GT. Mais hélas, serment d’Hippocrate s’est transformé en serment d’Hypocrite, à cause des attitudes peu catholiques de certains agents soignants qui y font régner leur loi.
Ce peu de sérieux à Gabriel Touré ressort dans le rapport de mission de vérification de performance de la gouvernance et de la gestion administrative du CHU-GT sur la période 2016-2018. Ainsi, pendant la période sous-revue, sur un total de 19 154 enfants hospitalisés à la Pédiatrie, 4 633 sont décédés, soit un taux de mortalité de 24 %. De 2016 à 2017, les décès enregistrés à la pédiatrie sont passés de 64 % à 96 % du total des décès hospitaliers du CHU-Gabriel Touré.
Par Christelle KONE