Sages-femmes : Trop plein à Bamako, grand vide dans les campagnes

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Sages-femmes : Trop plein à BamakoIl faut trouver les motivations nécessaires pour maintenir les sages-femmes dans certaines zones rurales où leur expertise va nettement contribuer à améliorer la santé de la mère et de l’enfant

A l’instar de la communauté internationale, notre pays a célébré la 17è journée internationale de la sage-femme, le week-end dernier au Centre international de conférences de Bamako. La manifestation était coprésidée par le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Ousmane Koné, et son homologue de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Sangaré Oumou Ba. Elle s’est déroulée en présence de la présidente de l’Association des sages-femmes, Mme Dicko Fatoumata Maïga, et de nombre d’invités.

Cette journée représente une opportunité de mobilisation de sages-femmes face à des préoccupations liées à l’exercice de leur profession dans nos établissements de soins, mais aussi de sensibilisation sur le défi de la bonne répartition de ce personnel féminin, essentiel à l’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant dans notre pays. Cette réalité est bien intégrée par les associations professionnelles des sages-femmes d’où le thème national de la journée : « Fidélisation des sages-femmes dans les zones rurales : un défi majeur ». Ce thème se veut un appel à l’action des autorités sanitaires et des associations professionnelles de sages-femmes en vue de trouver les motivations nécessaires pour maintenir les sages-femmes dans certaines zones rurales où leur expertise peut nettement contribuer à améliorer la santé de la mère et de l’enfant.

Les associations de sages-femmes sont appelées à accomplir de gros efforts pédagogiques pour amener les sages-femmes à ne pas fuir systématiquement les zones rurales au profit de Bamako et à mettre leurs compétences au service des populations un peu partout au Mali.

La concentration de plus des deux tiers des sages-femmes dans la capitale constitue véritablement un casse-tête pour les autorités sanitaires et les associations professionnelles de sages-femmes. Celles-ci continuent de multiplier les actions de sensibilisation afin de persuader les sages-femmes de servir partout au besoin et pour le plus grand bien de la santé maternelle.

Le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique a rappelé que mieux que d’autres « sauveurs de vie », la sage-femme est dédiée au sacerdoce de sauver deux vies : celles de la mère et de l’enfant. A ce titre, a renchéri Ousmane Koné, l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement 4 et 5 (visant une réduction de la mortalité maternelle et infantile) lui incombe.

La commémoration de la journée internationale de la sage-femme créée aussi un cadre de concertation et d’échanges de vue et d’expériences sur la prise en charge en charge de certaines complications de la grossesse. Des communications scientifiques ont ainsi été effectuées sur la fistule obstétricale (une communication anormale entre le vagin et les organes de voisinage), survenant au cours d’un accouchement dystocique, c’est-à-dire difficile, sur le rôle de sages-femmes dans la prévention de la transmission mère-enfant du Vih/sida. Les avantages de la planification familiale (PF) en postpartum (immédiatement après l’accouchement) ont été aussi développés.

Des échanges instructifs sur les différents thèmes débattus avec les sages-femmes, ont permis de renforcer leurs connaissances.

Un panel intéressant a traité des difficultés rencontrées par les sages-femmes dans l’exercice de leur profession dans les différentes régions du pays. Les discussions ont établi que des problèmes réels existent et sont parfois liés à l’insuffisance des ressources humaines donc des compétences, aux conditions de travail (locaux non adaptés ou parfois blocs opératoires trop distants de la maternité), à la non implication des sages-femmes dans les autres activités de santé et à l’insuffisance de l’encadrement des sages-femmes élèves dans les lieux de stage.

Dans le cas précis de Mopti, a été évoquée la non formation des prestataires en soins après avortement et dans le dépistage du cancer du col de l’utérus.

Les trois régions septentrionales, Tombouctou, Gao et Kidal, partagent les mêmes préoccupations liées au retour timide des sages-femmes dans ces zones. Au plus fort de la crise, des décisions administratives avaient affecté temporairement des sages-femmes qui officiaient dans ces régions, dans des localités épargnées par l’insécurité. Après le retour à la normale, ces sages-femmes qui auraient dû normalement regagner leur affectation première, tardent à le faire.

La présidente de l’Association des sages-femmes a relevé des problèmes qui ne relèvent pas du niveau national et peuvent être solutionnés au plan local par le médecin-chef, le directeur régional de la santé, voire le gouverneur. Mme Dicko Fatoumata Maïga a également souhaité une mise en œuvre effective des recommandations adoptées par cette journée internationale des sages-femmes.

B. DOUMBIA

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