Il s’agit d’un dossier aux relents de favoritisme qui prend de plus en plus les proportions d’une affaire d’Etat. Depuis un certain temps, en effet, rien ne va plus entre l’actuel ministre de la santé et les maires des 6 communes de Bamako, qui ont fini par frapper du poing sur la table pour protester contre ce qu’ils considèrent comme une ingérence d’une autre époque, un empiètement inacceptable sur un domaine réservé aux collectivités territoriales.
Entre Mme Madeleine Bah et les présidents des Conseils Communaux de Bamako le torchon brûle. La pomme de discorde tourne principalement autour des limogeages du médecin-chef du Centre de Santé de Référence de la Commune II de Bamako, en l’occurrence Mme Sangaré Adame Coulibaly, puis du Docteur Traoré de la Commune I. De sources proches du dossier, les personnes relevées ont pour unique tort de ne pas s’entendre avec la Directrice Régionale de la Santé, Fanta Siby. Et le chef de département, Mme le ministre de la santé, à en croire les mêmes sources, n’a tergiversé un seul instant pour manifester une nette préférence en faveur de la Directrice régionale. Il faut noter que cette affaire sent vraiment le flou et l’opacité d’autant plus qu’aucune des mesures de limogeage n’a été jusqu’ici notifiée aux intéressés, lesquels ne les apprend qu’à travers les indiscrétions et fuites sur le cours des seules procédures. C’est à travers les mêmes indiscrétions qu’on sait déjà que le médecin-chef de la Commune II, Mme Sangaré Adame Coulibaly, a été remplacée par Jérôme Dakouo. Quant à Docteur Traoré de la Commune I, son remplaçant répond à l’identité de Dr Samaké Awa qui serait une protégée d’un puissant collègue ministre de Madeleine Bah.
En tout état de cause, l’affaire sent le roussi et commence à faire jaser dans certains milieux où l’on s’explique difficilement les orientations et motivations d’un tel chamboulement administratif, à quelques encablures d’une compétition électorale. D’autres s’interrogent quant à eux sur la portée même des textes relatifs à la décentralisation quand il est permis de fouler aux pieds de la sorte les compétences légalement transférées aux communes.
C’est ainsi qu’en apprenant la nouvelle, les maires des six (6) communes de Bamako sont montés au créneau pour s’opposer avec la dernière énergie aux décisions de limogeage en question. Ils ont ainsi rédigé une pétition où ils dénoncent l’ingérence dans les affaires des collectivités décentralisées dont les textes, notamment le décret N°02314 du 4 Juin 2002, disposent dans les détails des compétences transférées de l’Etat aux Collectivités Locales. Il faut mentionner au passage que les intéressés soutiennent mordicus que sur une décision antidatée, signée par le SG, qu’ils ont été relevés.
Quant au ministre de Santé, elle est restée de marbre sur sa décision malgré la protestation des Maires que son département bat en brèche en faisant valoir d’autres arguments. Pour le Ministère de la Santé, en effet, les mesures de limogeage concernées procèdent de l’application d’une politique sanitaire sur laquelle la tutelle des collectivités, en l’occurrence le Gouvernorat du District, n’a aucune emprise même si elle est habilitée à signer les décisions de nomination sur proposition de la Direction Régionale de la Santé. Et le département de soutenir à son tour que la pétition des maires est également assimilable à une interférence dans la gestion de son personnel, allusion faite à l’appartenance des personnes limogées à la fonction publique.
Il s’agit visiblement d’un bras de fer engagé entre les élus et le département et, en attendant un dénouement, les propositions de nomination en remplacement des intéressés restent suspendu au niveau du Gouvernorat, seule autorité habilitée à les valider.
A.Keïta