« Les migrations et la crise sanitaire de la COVID-19 : Quelle réinsertion socioéconomique des migrants pendant et après la crise ? », est le thème que l’Association malien des expulsés (AME) a inscrit le 5 septembre 2020 au centre d’un atelier d’échange, d’information et de réflexion sur la migration, au Centre Aoua Keita.
« L’atelier organisé par l’AME vise à inciter les décideurs à s’intéresser davantage à la problématique de la réinsertion socioéconomique et de la préservation de la santé des migrants », a déclaré Ousmane Diarra, Président de l’AME. En plus de cette préoccupation majeure, l’AME veut se donner les moyens de mesurer l’impact de la COVID-19 sur la mobilité humaine dans toutes ses formes. Mais, surtout de se donner un tableau de bord pour la gestion de la migration après la COVID-19. Selon Ousmane Diarra, en cette période où la pandémie sévit un peu partout dans un monde qui compte aujourd’hui, plus de 250 millions de migrants (des personnes vivant dans un pays différents de celui où elles sont nées), il est tout à fait normal pour son association de s’offrir un cadre de réflexion sur le thème : « Les migrations et la crise sanitaire de la COVID-19 : Quelle réinsertion socio-économique des migrants pendant et après la crise ? ».
Ousmane Diarra est persuadé que la COVID-19 aggrave la situation de nombreux migrants. Pour la simple raison, qu’il a rappelé que la migration internationale, avant la COVID-19, faisait déjà face à beaucoup de difficultés et s’était positionnée comme l’une des problématiques majeures qui dominent les débats sociaux et politiques. « La migration est à l’origine de nombreux drames survenus dans le déserts et dans les mers », a-t-il déclaré. Avant de dénoncer le fait que les migrants dits clandestins fassent l’objet de chasse et sont reconduits aux frontières ou expulsés vers leur pays d’origine. Selon lui, cet état de fait tire sa source dans le fait que dans la plupart des pays d’accueil, on assiste à l’émergence des partis politiques et des mouvements d’extrêmes droites qui sont hostiles aux migrants et manifestent à leurs égards des sentiments xénophobes et racistes.
Au nom de l’AME, Ousmane Diarra a salué le fait que le Mali qui compte une forte communauté estimée à plus de 4 millions établie à l’extérieur, se soit doté d’une Politique nationale de Migration (PONAM), avec l’objectif d’une meilleure gestion de la migration afin de contribuer à la réduction de la pauvreté et au développement durable du pays. « Avec l’adoption en 2014 d’un plan d’actions quinquennal de 120 milliards de FCFA, il ya lieu de s’interroger aujourd’hui sur la pertinence de la PONAM, notamment face au défi de réinsertion et de réintégration des migrants de retour », a déclaré Ousmane Diarra.
Depuis un certain temps la question de la mise en œuvre du plan d’actions de la PONAM devient une préoccupation des Organisations de la société civile qui interviennent auprès des personnes expulsées. Elles sont permanemment interpelées par les migrants qui semblent ne rien comprendre. Selon Ousmane Diarra à cette préoccupation majeure des migrants, la question de la pandémie de la COVID-19, occupera une place choix dans l’atelier. « La pandémie actuelle de la COVID-19 affecte considérablement la mobilité mondiale de façon complexe et sans précédent sous forme de diverses restrictions sur les mouvements de personnes », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que les Etats, face à cette pandémie, n’ont pas eu le choix que d’adopter des mesures de plus en plus strictes. « Aujourd’hui, il devient difficile de gérer les mouvements migratoires tout en s’assurant que les migrants ne soient pas touchés de façon disproportionnée par la pandémie elle-même, mais aussi par les diverses mesures légitimement prises par les Etats », a-t-il déclaré.
Et pour aider ses membres et les nombreux migrants de retour au Mali à bien cerner les différentes problématiques, l’AME, en collaboration avec le Ministère des Maliens de l’extérieur, a décidé de mettre à contribution des structures de l’Etat pour animer des Sous-thèmes. Ainsi, l’APEJ a été chargée d’animer le sous-thème : « Le défi de la réinsertion socioéconomique des migrants à l’épreuve des politiques publiques nationales en matière de la gestion de la migration ». Pour sa part, l’ANPE devait entretenir les participants sur le sous-thème : « Le bilan et la perspective de la migration professionnelle ». De son côté, le CIGEM a eu la lourde charge de présenter le sous-thème : « Post-Covid-19 : vers une nouvelle gestion de la migration ? ». Enfin, la Délégation générale des maliens de l’extérieur (DGME) a entretenu les participants sur le sous-thème : « Les impacts de la COVID-19 sur la mobilité humaine et la pertinence des stratégies de riposte adoptées par les Etats pour y faire face ».
Assane Koné