Dans le souci de réformer le système de santé malien pour l’amélioration des soins de qualité des populations à moindre coût, le ministère de la santé et de l’hygiène publique a initié du 25 au 28 février au CICB un atelier de haut niveau pour une large réflexion sur le sujet. La cérémonie d’ouverture officielle dudit atelier était placée sous la haute présidence d’Ibrahim Boubacar Keita, président de la République. La réalisation du projet est estimé de 6 à 69 milliards de Fcfa d’ici 2022. C’était en présence des membres du gouvernement, des présidents d’institutions de la République, des chefs coutumiers, traditionnels et religieux et les partenaires techniques et financiers.
À la suite des mots de bienvenu de Mme le maire la Commune III, la cheffe des partenaires techniques et financiers de la santé Josiane YAGUIBOU a indiqué que les PTF se réjouissent fortement du cadre de l’élaboration du document cadre de réforme de santé dont la mise en œuvre permettra d’accroître la performance du système de santé d’où leur engagement à participer activement et manifester leur intérêt tout au long du processus de réflexion. Elle a rappelé que malgré les progrès réalisés, le système de santé malien est caractérisé par une faiblesse des principaux indicateurs de santé en particulier ceux relatifs aux couches les plus vulnérables que constituent les femmes, les mères, les nouveaux-nés et les adolescents. À l’en croire, les études de l’EDS Mali 2012- 2013 ont révélé que le taux de mortalité maternelle reste parmi les plus élevés avec 368 décès pour 100 000 naissances vivantes, 56 enfants sur 1 000 décèdent avant leur premier anniversaire, 95 enfants sur 1 000 ne fêtent pas leur cinquième anniversaire. A cela s’ajoute la prévalence contraceptive estimée à 10% avec des besoins non satisfaits de 26% soit 2 adolescents sur 5 à 39% . Elle a ensuite souligné que notre pays compte 130 000 personnes qui vivent avec le VIH et que ce chiffre constitue un véritable défi pour réaliser les trois 90 et mettre fin au SIDA d’ici 2030. Pour le ministre de la santé et de l’hygiène publique, Pr Samba Sow, la mortalité infantile a augmenté de 95 à 101 décès pour 1000 naissances vivantes entre 2012 et 2018 , la mortalité maternelle reste l’une des plus élevées dans la région avec 587 décès sur 100 000 naissances vivantes en 2015 sans oublier la forte dégradation du système de santé malien exacerbé par la crise socio-sécuritaire, la forte croissance et le changement démographique. Pr Samba Sow dira que c’est conscient de cette situation et de ces causes que le gouvernement s’est engagé dans une réforme en profondeur du système de santé pour corriger ces maux et créer la dynamique qui lui permettra d’améliorer de façon significative et durable l’état de santé des populations. Il a déclaré par la suite que la renaissance du système de santé débute aujourd’hui malgré les obstacles mais le département est prêt à relever les défis sous la clairvoyance du président IBK. C’est pourquoi au cours de son intervention, il a proposé au chef de l’Etat la gratuité des soins curatifs et préventifs des enfants de moins de 5 ans, la prise en charge des femmes enceintes, la gratuité des services de planification familiale et les premiers soins d’urgence. Auparavant, il a estimé qu’au cours de ses premières années, la réforme sera axée sur les soins primaires pour un coût annuel de 6 milliards de Fcfa en 2019 et qui peut atteindre 69 milliards de Fcfa en 2022.
En prenant la parole, le président de la République Ibrahim Boubacar Keita a d’abord salué l’appui des partenaires techniques et financiers. Aux dire du président IBK, beaucoup reste à faire : la mortalité infantile et maternelle a atteint le sommet et qui ne fait pas l’honneur du Mali. Face à toutes ces raisons, IBK a fait de grandes annonces en réponse aux propositions du ministre notamment la gratuité des soins curatifs et préventifs des enfants de moins de 5 ans, la prise en charge des femmes enceintes y compris l’accouchement, la prise en charge des personnes âgées de plus de 70 ans, la prise en charge de la dialyse, de la planification familiale et les premiers soins d’urgence en cas d’accident. Il a toutefois affirmé que le moment venu, ces mesures seront effectives dans les structures médicales du Mali pour le bonheur des populations.
Pour atteindre l’objectif de la réforme, IBK a rassuré le ministre de la santé et de l’hygiène publique que le budget alloué à son département sera revu à la hausse car pour lui, tous les efforts faits pour la défense et la sécurité doivent l’être aussi dans le domaine de la santé.
Mamadou Nimaga