Le gouvernement de la République du Mali, dans sa politique sectorielle de la santé a fait de la question de la santé de la reproduction une préoccupation majeure. Des épouses des chefs d’Etat ont pris à bras le corps la problématique de la réduction de la mortalité maternelle, infantile et néo-natale, en faisant leur cheval de bataille. Récemment, elles étaient à Accra au Ghana pour plancher sur le décès des femmes sur la table d’accouchement.
La première dame du Mali, Mme Touré Lobbo Traoré, sage femme de son état est mieux placée pour connaître tous les risques encourus par les femmes sur la table d’accouchement. Son implication personnelle auprès de son époux a permis de parvenir à la gratuité de la pratique de la césarienne dans les hôpitaux et centres de santé publique. Celle-ci est une réalité au Mali.
Là où le bas blesse, c’est la pléthore de sages-femmes dans le district de Bamako tandis qu’au même moment, dans certaines régions du Mali, le manque criard de sage femme pour assister la parturiente afin de réduire la mortalité en donnant la vie, interpelle l’ordre et l’association des sage femmes. Ces deux structures sont plutôt alimentaires que d’utilité publique, pourrait-on le dire.
Existe-t-il des intouchables, des fonctionnaires qu’on ne peut pas déployer dans le Mali profond où le besoin se fait sentir ?
Aujourd’hui, l’Ordre et l’Association des sages femmes doivent travailler à rendre facile la tâche aux premières dames d’Afrique qui veulent réduire la mortalité maternelle et néonatale. Le succès d’un tel travail est lié à un accompagnement franc et sincère de l’ordre et de l’association. Ceux-ci doivent amener le ministère de la santé à doter les structures de sages femmes, des gynécologues obstétriciens. Il urge de décongestionner le district de Bamako.
L’ordre et l’association des sages femmes interpellés.
De tout temps, il se pose avec acuité la problématique de la mauvaise répartition du personnel de la santé. En plus de cette situation, malgré les constats faits par les ministres successifs en charge du département de la santé, cette situation demeure. Elle constitue un problème crucial dans le cadre de la prise en charge des populations de différentes localités du pays.
En effet, il se pose déjà un problème d’insuffisance du personnel socio sanitaire, référence faite aux normes édictées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Au-delà de cet aspect, il est déplorable de constater que le plus grand nombre d’agents de la santé est concentré à Bamako et environs, au détriment des autres régions et localités.
Pourquoi les autorités en charge ne font-elles rien pour renverser cette présence négative ? Pourtant, on ne peut soutenir qu’elles n’en ont pas connaissance.
Le cas des sages femmes est criard, puisqu’il a un lien étroit avec la santé de la reproduction.
Au stade où nous sommes, les efforts de l’OMS et de la communauté internationale convergent vers la réduction significative de la mortalité infantile et maternelle.
Malgré les efforts des responsables du département de la santé, le taux de mortalité maternelle et infantile est de même très élevé par rapport aux normes de l’OMS. Cette situation si préoccupante, est loin d’être surprenante dans la mesure où jusqu’ici il existe une grande disparité dans la répartition des sages femmes qui sont très sollicitées pour le suivi des femmes enceintes.
Pourquoi la situation perdure ?
Selon certaines sources, la balle se trouve dans le camp de l’ordre et de l’association des sages femmes. Les explications données révèlent que fréquemment il y a des interventions, demandant que certaines sages-femmes ne soient pas mutées. Socialement, cela peut sembler compréhensible d’un point de vue. Mais lorsqu’on analyse bien la situation, on s’aperçoit que les conséquences de telles pratiques sont drastiques par rapport à la santé publique. Donc, il est temps que l’Ordre et l’association des sages femmes comprennent cette situation et se décident à lever le statu quo, pour le bien-être des milliers de Maliennes du pays profond qui sont victimes de l’absence d’assistance sanitaire, faute de personnel qualifié.
Le paradoxe est qu’au même moment certaines d’entre elles croisent pratiquement les bras dans les hôpitaux de Bamako, ou les centres de santé de la capitale.
Cela ne représente-t-il pas un gâchis pour l’Etat qui continue à les payer à ne rien faire. Il y a lieu de débattre de la question et de prendre rapidement la décision qui s’impose.
Tiémoko TRAORE
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