Il y a eu l’AMO et les longues batailles livrées pour en faire accepter les avantages par les bénéficiaires. Le Ramu affrontera des difficultés différentes, mais tout aussi complexes.
Un optimisme raisonnable. C’est l’attitude qu’a choisie notre interlocuteur pour évoquer l’instauration qu’on espère prochaine du Régime d’assurance maladie universel (Ramu). Issa Sissouma parle en homme d’expérience, lui qui est le directeur général de l’Union technique de la mutualité malienne (UTM), structure faîtière des mutuelles du Mali, créée en avril 1998. Il a donc une vision panoramique de ce qui s’annonce comme une véritable révolution dans le secteur de l’assistance sociale dans notre pays. Le Ramu est en effet un dispositif public qui donne droit à des prestations en cas de maladie.
Le Ramu, nous explique Issa Sissouma, est un régime d’assurance maladie universelle mis en place par les autorités à travers par la Loi n° 2018-074 du 31 décembre 2018 instituant le Ramu. Il a pour objet de fusionner l’ensemble des mécanismes de prise en charge des soins de santé existants. Il vise à échéance à réunir en son sein toutes les assurances maladies existant actuellement dans notre pays tels l’Assurance maladie obligatoire (AMO) institué en 2009 et mis en route en 2010, le Régime d’assistance maladie médical (Ramed), les risques couverts par les mutuelles, les gratuités qui sont des programmes de mécanisme d’accès aux soins (les antirétroviraux, la césarienne). Une seule caisse de paiements des soins de santé sera mise à disposition des bénéficiaires.
Le Ramu sera géré par la Caisse nationale d’assurance maladie (Canam). Celle-ci pour éviter la congestion des dossiers à son niveau, accordera des délégations à d’autres organismes. Ainsi l’INPS et la Caisse Malienne de sécurité sociale (CMSS) prendront en charge les fonctionnaires civils, militaires ou rattachés. Les mutualités se tailleront la part du lion dans les prises en charge puisqu’elles s’occuperont des éléments du secteur informel, artisanal et agricole. Il reste entendu que les contributions seront fixées à hauteur de la capacité à cotiser.
Mais comment le Ramu sera-t-il accueilli par les populations ? On se rappelle de la réception plus qu’hostile réservée à l’Assurance maladie obligatoire. Les incompréhensions nées d’une communication maladroite ont persisté de longs mois. Le directeur général de l’UTM reconnait la nécessité de donner vite et bien la bonne information, il souligne que la mise en œuvre du Ramu amènera un lot différent de thèmes à traiter. Issa Sissouma insiste en premier lieu la différence entre les deux systèmes d’assurances.
En effet l’AMO concerne la catégorie des salariés tandis que le Ramu est une couverture universelle qui couvrira tous les Maliens dans une dynamique de justice sociale et économique. Le Régime a une vocation universelle, car il concerne la population malienne dans son entièreté, quel que soit le statut social et le secteur d’activité des bénéficiaires.
Tel qu’il est conçu, prévient le directeur général de l’UTM le Ramu doit, avant sa mise en place, trouver réponse à plusieurs défis comme par exemple la négociation tarifaire ou la dispersion de l’offre de soin. «Nous nous ne pouvons pas aller au Ramu avec un paquet similaire à celui de AMO, prévient Issa Sissouma. Cela ne coûterait pas moins de 120 milliards par an pour la prise en charge des contributeurs ».
Le Ramu s’inspire de principes généreux : la solidarité, la mutualisation des ressources et des risques, ainsi que la non-discrimination. Les bénéficiaires doivent être couverts sans exclusion liée au sexe, à l’âge, à la nationalité, au niveau et à la nature de revenus, aux antécédents pathologiques ou encore à la zone de résidence au Mali.
Mais ne risque-t-on pas de se heurter au mur des ressources nécessaires pour porter une initiative aussi généreuse ? Déjà au niveau de l’AMO, certains se plaignent ces derniers temps du retrait de certains médicaments et estiment même que l’assurance n’est plus aussi efficace qu’à ses débuts. Djélika, enseignante dans une école fondamentale de la place, est une assurée à l’AMO. « Dernièrement, assure-t-elle, les prestations de l’AMO laissent à désirer, car des médicaments traitant la tension artérielle et certaines analyses ont été retirés ».
Issa Sissouma n’esquive pas ce problème de retrait de certains médicaments. « Ce sont les cotisations qui déterminent la valeur du paquet AMO. Or depuis près de 13 ans, le montant de cette cotisation n’a pas changé et c’est pour cette raison que sur un plan logique on est obligé de revoir la liste des médicaments et donc de réduire les avantages accordés aux contributeurs. Il y a aussi les effets d’un phénomène que beaucoup ignorent. Quand on lance un régime d’assurance comme celui de l’AMO, les gens passent les trois à quatre premières années à comprendre les avantages qu’ils peuvent en tirer. Et pendant cette période, le système est excédentaire. Mais au bout de quatre ans, les bénéficiaires auront compris tous les avantages qu’ils peuvent tirer du système et alors chacun d’entre eux cherche à veut optimiser sa cotisation. Il ne faut jamais oublier que dans l’assurance, le maintien du couple cotisation/prestation est un maintien mécanique ».
Question primordiale : à quel horizon s’inscrit la mise en œuvre du Ramu ? La loi adoptée en 2018 avait accordé deux ans aux mécanismes existants pour achever leur mue dans la perspective de leur insertion dans le Régime. Tout aurait donc dû être bouclé pour le 1er janvier 2021. Mais aujourd’hui le décret sur le financement qui fixe les contributions des différentes parties n’est pas encore adopté.
En attendant, l’espoir joue à plein au sein des populations. Beaucoup d’entre elles attendant monts et merveilles de l’avènement du Ramu. Surtout au sein des foyers à petits et moyens revenus y voient une chance de prendre en charge leurs soucis de santé. Alors dans le domaine de la communication, le souci sera certainement d’insister autant sur les mérites que sur les limites du Régime.
Oumou Fofana
Bonjour
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