La 20e Journée mondiale de la santé et de la sécurité au travail, couplée à la 26e Journée africaine de la prévention des risques professionnels, a été célébrée au Mali le 28 avril 2022. Et on retient que les accidents de travail ont coûté au Mali près de 600 millions de F Cfa en 2021. La cérémonie officielle de commémoration a été co-présidée par les ministres de la Santé et du Développement social et celui du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social.
«Le management de la santé et sécurité au travail : quelle approche dans les entreprises (grandes, petites et très petites entreprises) du secteur formel et dans les entreprises du secteur informel» ! Tel était le thème de la 26e édition de la Journée africaine de prévention des risques professionnels. Quant à la 20e Journée mondiale de Sécurité et Santé au travail, elle a été célébrée autour de la thématique «pour instaurer une culture de la sécurité et de la santé positive, agissons ensemble». Ces deux commémorations ont eu lieu dans un contexte de crise sécuritaire couplée à une crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19.
«Ces événements ont eu et continuent d’avoir des effets néfastes sur les entreprises, dans les relations sociales et surtout la morbidité et la mortalité», a rappelé le Directeur général de l’Institut national de prévoyance sociale (INPS), Ousmane Karim Coulibaly. Et de rappeler que les thèmes choisis «cadrent parfaitement avec les besoins de gestion des risques professionnels dans tous les secteurs d’activités et adaptée à la taille des entreprises» (grandes, moyennes et petites entreprises).
Pour le DG de l’Institut, la célébration régulière de cette journée dédiée à la prévention constitue «des opportunités de renforcement des liens de collaboration entre l’INPS et ses partenaires sociaux que sont les employeurs et les travailleurs». Tout comme cette régularité participe également à «la sensibilisation des acteurs du monde du travail et le pouvoir public à la nécessité de la promotion des actions de prévention des risques liés au travail».
Quant aux thèmes choisis cette année, a souligné M. Ousmane Karim Coulibaly, il «interpellent plus sur l’engagement et la synergie d’actions entre acteurs tout en les invitant à développer des mécanismes, des stratégies et des actions appropriés pour rendre sûres et salubres les lieux de travail». Il a profité de l’opportunité pour exhorter l’ensemble de la population, les chefs d’entreprises, les travailleurs et les autorités à «une prise de conscience individuelle et collective sur la réalité des risques professionnels ainsi que la nécessité de leur prévention».
Et cela d’autant plus que, selon l’Organisation internationale du travail (OIT), on dénombre 374 millions victimes d’accidents de travail (AT) et de maladies professionnelles avec 2,78 millions de décès chaque année à travers le monde. Le nombre de journées perdues représente ainsi 4 % du PIB mondial. Dans l’espace de l’Interafricaine de la prévention des risques professionnels (IAPRP), on dénombre 35 000 cas d’accidents de travail et plus de 50 milliards de francs Cfa dépensés dans leur réparation et la prise en charge des maladies professionnelles. Au Mali les statistiques officielles données par l’INPS comptabilisent 523 accidents de travail déclarés en 2021 et plus de 600 millions de francs Cfa dépensés dans leur réparation.
«Les défis en matière de sécurité et de santé au travail sont énormes et permanents», dixit Mme Diéminatou Sangaré
Un constat qui a amené le ministre de la Santé et du Développement social, Mme Diéminatou Sangaré, a rappelé que «les défis en matière de sécurité et de santé au travail sont énormes et permanents» pour requérir l’attention de tous. «C’est dans la prise de conscience et l’engagement individuels et collectifs que nous pourrons espérer atteindre les résultats escomptés, à savoir réduire significativement voire éliminer les risques professionnels sur les lieux de travail», a-t-elle indiqué. «Des politiques de prévention dynamiques adoptées par nos institutions de sécurité sociale et les institutions de santé et sécurité au travail peuvent réduire substantiellement les taux d’accidents du travail et de maladies professionnelles, atténuer les souffrances humaines qui en découlent et éviter les pertes économiques qui en résultent», a précisé Diéminatou Sangaré.
Pour son homologue du Travail, de la Fonction publique du Dialogue social, Mme Diawara Aoua Paul Diallo, la célébration de ces deux journées est l’occasion de véhiculer «des messages forts en matière de sécurité et de santé au travail». En célébrant cette journée, a-t-elle précisé, «nous rendons hommage aux nombreuses victimes d’accidents du travail et des maladies professionnelles. Il s’agit pour nous autres qui sommes encore bien portant de porter ce message dans nos services et vos entreprises : mieux vaut prévenir que guérir». Au nom du gouvernement, Mme Diawara Aoua Paul Diallo a engagé les entreprises et les syndicats de travailleurs à dynamiser les Comités d’hygiène et de sécurité partout où c’est nécessaire et «à mener très urgemment des campagnes d’information et de sensibilisation sur les risques professionnels en entreprises».
«Les entreprises à travers le monde créent des richesses pour la croissance économique dans les domaines industrielles, commerciales et autres. Ces entreprises sont menées par des hommes et des femmes, travailleurs au nom d’un salaire et d’une certaine prospérité. Ces travailleuses et travailleurs peuvent être victimes d’accidents, de maladies professionnelles et même de décéder par le fait du travail», a à son tour rappelé Modibo Diarrah, ancien Directeur général de l’INPS et parrain cette année des deux journées. Selon lui, celles-ci participent à «la sensibilisation des acteurs du monde du travail et les pouvoirs publics à la nécessité de la promotion des actions de prévention des risques liés au travail».
Un vibrant hommage rendu au parrain M. Modibo Diarrah
De façon stratégique, a-t-il poursuivi, «nous devons continuer de sensibiliser les populations sur la prévention des risques et de renforcer les capacités de ses membres. Nous devons engager davantage nos structures dans la promotion d’activités de prévention des risques professionnels pour plus de productivité de l’entreprise et, partant, pour un développement durable».
De nos jours, a souligné M. Diarrah, «quand on parle d’entreprise en bonne santé, on ne fait malheureusement référence qu’à sa santé financière. Et pourtant, c’est bien plus que cela. L’entreprise en bonne santé, c’est entre autres, l’entreprise qui protège le capital humain tout en faisant face aux exigences du marché mondial en termes de productivité, de réactivité et de qualité».
Dans son discours d’ouverture, le ministre Diéminatou Sangaré n’a pas manqué de rendre un vibrant hommage au parrain pour ses actions en faveur de la protection sociale au Mali et en Afrique. «Permettez moi d’ouvrir une parenthèse sur le parrain de la journée Modibo Diarrah. Au-delà de son rôle et sa contribution dans les activités de l’IAPRP, M Diarrah est le premier et l’unique malien à avoir intégré le groupe des commissaires de la conférence interafricaine de la prévoyance sociale (CIPRES). Il a également beaucoup contribué au système d’information de l’INPS, particulièrement au système d’information financier et comptable dont il est le principal artisan. Ce système constitue aujourd’hui une force pour l’Institut», a-t-elle déclaré.
A noter aussi que, d’ores et déjà, l’INPS s’est engagé à mettre en place l’Observatoire national des risques professionnels d’ici la fin de l’année. Cet outil lui permettra d’être en contact permanent avec les entreprises pour plus d’efficacité.
Moussa Bolly