Depuis le décès du premier cas de fièvre Ebola confirmé par une analyse biomédicale, notre pays n’est plus seulement dans une posture de prévention. Il a pris les dispositions utiles pour une gestion adéquate des cas suspects et une prise en charge d’éventuels cas. Mais touchons du bois pour que notre pays n’enregistre plus de cas de virus Ebola.
L’épidémie de fièvre hémorragique à virus Ebola préoccupe aujourd’hui à l’échelle planétaire. La riposte globale contre cette épidémie qui sévit surtout dans les pays d’Afrique de l’Ouest doit s’inscrire dans une collaboration mondiale afin de rapidement circonscrire le fléau qui a fait plus de 4500 victimes, selon les statistiques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Dans notre pays, les pouvoirs publics et les autorités sanitaires en première ligne, travaillent à circonscrire les risques de propagation du virus Ebola. A cet effet, le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique a donné une autre tonalité à la lutte contre l’épidémie d’Ebola. Il ne cesse de pousser au renforcement du dispositif de surveillance épidémiologique pour une prévention efficace et pallier les insuffisances qui auraient été constatées.
Le secrétaire général du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, le Pr Ousmane Doumbia se montre serein mais reste conscient du danger de cette redoutable épidémie. Après une analyse de la situation et une revue du dispositif de prévention, le département de la Santé et de l’Hygiène publique a jugé nécessaire de créer un comité ou une cellule de coordination pour aplanir les insuffisances dans la coordination de la gestion de l’épidémie. Ce comité agrégera toutes les données et informations et réagira promptement avec l’accompagnement des partenaires techniques et financiers (PTF). Cette équipe sera prête à répondre aux besoins en termes de prélèvements et de prise en charge des cas en collaboration avec les autres compétences des établissements de santé.
Le Pr Ousmane Doumbia annonce la décision prise de doter les établissements hospitaliers de thermomètres infrarouges pour contrôler la température des usagers. Ils ont aussi été dotés en combinaisons de protection individuelle (50 pour chaque hôpital) et ont reçu des dispositifs de lavage des mains au savon qui intègre les mesures élémentaires de prévention.
Pour d’éventuels cas, des sites de prise en charge ont été identifiés à l’hôpital du Mali pour la rive droite et au centre hospitalier universitaire (CHU) du Point G pour la rive gauche. Ces sites seront aménagés avec des tentes pour accueillir les éventuels cas qui seraient confirmés.
Par ailleurs, le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique est aussi engagé dans un processus de réflexion et d’engagement. Des propositions ont même porté sur l’achat d’hôpitaux gonflables très pratiques. A titre d’exemple, un hôpital gonflable de 24 lits avec tous les équipements nécessaires de protection, de prise en charge et autres accessoires coûtera 47 millions de Fcfa.
Priorité à la formation. Certains établissements hospitaliers ont commencé à mettre en application ces précautions d’usage. A l’hôpital du Point G, tous les usagers y compris le personnel hospitalier, sont soumis au contrôle préalable, c’est-à-dire à la prise de température. Au Point G, l’administration a aussi créé un comité de gestion à l’interne, élargi à la mairie et à la police. Celui-ci a mission de développer une communication crédible et efficace autour de la maladie, de prendre les mesures efficaces de prévention et de prise en charge des cas effectifs. Le comité doit aussi s’assurer du fonctionnement des équipes de riposte.
Un plan de riposte a été élaboré avec comme axes prioritaires la formation et l’information des agents de santé (médecins, infirmiers, voire personnel de soutien) sur la maladie, son tableau épidémiologique, les modes de transmission et les méthodes de prévention. Ce plan de riposte décline aussi les différents cas de figure possible. En outre, l’établissement a dégagé un espace au service de maladies infectieuses qui sera équipé de 12 lits pour recevoir d’éventuels cas.
Mais au Point G, les dispositifs de lavage des mains au savon n’avaient pas encore été installés à l’entrée de l’hôpital au passage de notre équipe de reportage. L’administration était en attente des supports métalliques de ces dispositifs.
Si la prise de température est réelle au Point G, l’hôpital Gabriel Touré est dans une phase de préparation pour l’application des mesures de prévention. Les thermomètres infrarouges ont été reçus mardi et les kits de lavage des mains étaient disponibles hier. Les responsables de Gabriel Touré entendent renforcer la prévention. A cet effet, ils envisagent de mettre devant l’établissement un matelas de 2 cm imbibé d’eau de Javel pour que les usagers s’essuient les pieds.
Dans cet établissement hospitalier, le directeur général, le Pr Kassoum Sanogo, émet des réserves sur l’approche de gestion de l’épidémie dans notre pays et particulièrement par le personnel de santé. Pour lui, il y a lieu de revoir la copie à ce niveau parce que la priorité doit être la formation des agents afin qu’ils intègrent de nouveau les réflexes d’agents de santé publique capables de gérer sereinement les épidémies. Il explique qu’il y a une appréhension réelle ou diffuse de cette maladie. Or Ebola n’est pas l’épidémie la plus mortelle de l’histoire. « Le choléra et la méningite ont fait plus de morts par le passé. Il nous faut donc retrouver la sérénité parce que si on n’y prend garde avec la stigmatisation, tout malade qui s’échappe de l’hôpital devient un danger pour les autres », relève-t-il.
Dans les autres hôpitaux les mêmes mesures de prévention seront observées. Tous ont évalué leurs besoins en consommables (gants, bavettes entre autres) et les ont transmis à la tutelle.
Il y a aujourd’hui une appréhension réelle ou diffuse. Mais unanimement nos compatriotes s’accordent sur la nécessité de se préserver de cette maladie par des mesures de prévention.
B.DOUMBIA
Prévention Ebola dans les services : LES BONS ELEVES ET LES RETARDATAIRES
La prévention contre la fièvre hémorragique à virus Ebola est entrée dans une phase intensive. Dans certains services publics, les dispositifs de lavage des mains au savon et les distributeurs de solutions hydro alcoolique ou gels sont installés à l’entrée. Notre équipe de reportage a fait le tour de quelques services pour jauger la situation.
A la Pharmacie populaire du Mali (PPM) qui a été un des tout premiers services à adopter une mesure de prévention contre Ebola en installant des distributeurs de solutions hydro alcooliques, tout visiteur qui entre est sensibilisé à la nécessité de désinfecter ses mains. Ce geste atténue les risques de contamination et permet de protéger les travailleurs.
Le directeur général adjoint de l’établissement, le Dr Moussa Fadiga, explique que la PPM a opté pour cette mesure de prévention depuis plus de deux mois maintenant. C’est un instinct de survie qui nous a amené à installer ce dispositif de prévention pour nous prémunir contre Ebola, avance-t-il.
A la Direction nationale de la santé, le dispositif de lavage des mains est installé à l’intention des agents et des autres usagers de la direction. Ici les instructions sont fermes, il faut éviter au maximum les contacts, c’est-à-dire les poignées de mains.
Parmi les structures qui observent la prévention contre Ebola figure l’Agence malienne de presse et de publicité (AMAP) qui s’est dotée de kits de lavage des mains au savon et de gel de désinfection. Les travailleurs de l’agence ont bien intégré le réflexe et y ont recours à toutes les occasions. Les nombreux visiteurs et clients du service sont aussi astreints aux mêmes règles d’hygiène. Des dispositions similaires sont observées au niveau des départements ministériels et d’autres services et institutions bancaires.
Cependant certains services de l’administration publique ne semblent pas avoir pris la mesure du danger encouru et de la nécessité pour les services publics de donner le bon exemple. Aucune mesure de prévention n’est ainsi visible à la Cellule d’appui à l’information des services fiscaux et financiers du trésor ou à l’Institut national de prévoyance sociale. Cela malgré les efforts pédagogiques déployés par le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique pour informer, sensibiliser nos compatriotes sur les enjeux réels de l’épidémie et les comportements à éviter. Dans ce registre, des conseils utiles sont prodigués continuellement par voie de presse (télévision, radios journaux).
B.D.
Négociations
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