Selon le dernier rapport de l’enquête démographique sur la santé du Mali (EDSM-V), le taux de prévalence du paludisme chez les enfants âgés de deux ans et plus va en croissant comparativement à celui de 2010. Ainsi, c’est dans les régions de Mopti et de Sikasso que la prévalence du paludisme est la plus élevée. À l’opposé, c’est à Bamako que la prévalence est la plus faible.
En effet, l’EDSM-V a estimé la prévalence du paludisme par la détermination du taux de parasites du paludisme dans le sang. Globalement, les résultats du test en laboratoire par la lecture des gouttes épaisses de sang montrent que la prévalence palustre parmi les enfants âgés de 6-59 mois est estimée à 52 %.
Ainsi, le paludisme touche moins de 50 % des jeunes enfants de 6-23 mois, mais il concerne plus de la moitié des enfants âgés de deux ans ou plus. La prévalence du paludisme varie de 38 % à 49 % parmi les enfants de moins deux ans. Chez les enfants âgés de deux ans et plus, la prévalence varie de 51 % pour à 24-35 mois à 58 % pour les âges 48-59 mois. Selon la région, c’est à Mopti (71 %), Sikasso (62 %), à Ségou (56 %) et à Koulikoro (50 %) que la prévalence du paludisme est la plus élevée. À l’opposé, c’est à Bamako (10 %) que la prévalence du paludisme est la plus faible. Dans la région de Kayes, la prévalence se situe à 37 %.
Comparé aux résultats de l’enquête nationale sur l’anémie et la parasitémie palustre de 2010, on constate que la prévalence du paludisme est passée de 38 % en 2010 à 52 % en 2012-2013. En plus du fait que les régions du nord, à relativement faible prévalence du paludisme, sont exclues de l’EDSM-V, cet écart important pourrait résulter d’un certain nombre de facteurs, parmi lesquels, la différence de la période de collecte entre les deux enquêtes (du 25 août au 27 octobre 2010 pour l’enquête EA&P et du 13 novembre 2012 au 5 février 2013 pour l’EDSM-V), une très longue et inhabituelle saison de fortes pluies en 2012, contrairement aux années précédentes et l’arrivée massive de réfugiés dans certaines régions du sud, comme Mopti, suite à la guerre dans les trois régions du Nord.
Il faut signaler que la période de collecte de l’EA&P, du 25 août au 27 octobre 2010, coïncidait approximativement à la période des fortes pluies, alors que la période du 13 novembre 2012 au 5 février 2013 de l’EDSM-V correspondait à la fin de la saison des pluies et au début de l’après-saison où les eaux stagnantes se constituent et favorisent le développement et la prolifération des moustiques.
La prévalence élevée de la parasitémie en 2012-2013 pourrait aussi résulter de la longueur inhabituelle de la saison des fortes pluies en 2012 qui, à certains endroits.
La combinaison de tous ces facteurs peuvent expliquer le niveau élevé de prévalence de la parasitémie palustre chez les enfants de 6-59 mois observé à l’EDSM-V de 2012-2013. Toutefois, des analyses approfondies contribueraient certainement à mieux cerner les raisons de cette haute prévalence, en particulier l’analyse des données sur la fréquence des maladies et les dépenses de santé dans les ménages.
Les indicateurs du paludisme
L’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide, le traitement de la fièvre chez les enfants par des antipaludéens, et la prise préventive d’antipaludéens par la femme enceinte constituent les moyens les plus efficaces de lutte contre le paludisme.
Les données obtenues à l’EDSM-V permettent d’évaluer les proportions de ménages disposant de moustiquaires, en particulier les Moustiquaires Imprégnées d’Insecticide (MII) et leur utilisation par les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes.
Selon les résultats de cette enquête, au Mali, près de neuf ménages sur dix possèdent, au moins, une moustiquaire, qu’elle ait été traitée ou non. Cette proportion est plus élevée en milieu rural (89 %) qu’en milieu urbain (86 %). En ce qui concerne les MII, on constate la même différence entre les deux milieux.
Quant aux femmes enceintes ayant passé la nuit précédant l’enquête sous une moustiquaire, imprégnée ou non, le taux est légèrement plus élevé en milieu rural qu’en milieu urbain (79 % contre 75 %). Dans l’ensemble, près de huit femmes sur dix dorment sous une moustiquaire (78 %).
Concernant la pulvérisation intra domiciliaire d’insecticide, elle est encore très faible et non généralisé au Mali. En effet, seulement 6 % des ménages ont eu les murs intérieurs du logement pulvérisés avec un insecticide résiduel au cours des douze mois qui ont précédé l’enquête. Ce pourcentage est de 5 % en milieu urbain et de 7 % en milieu rural.
Selon EDSM-V, pour seulement 66 % des dernières naissances survenues au cours des deux années ayant précédé l’enquête, la mère a pris, à titre préventif, des antipaludéens au cours de la grossesse (86 % en milieu urbain et 61 % en milieu rural). Par contre, la proportion de femmes ayant suivi, comme recommandé, un Traitement Préventif Intermittent (TPI), à savoir deux doses de SP/Fansidar au cours des visites prénatales n’est que de 20 % et les femmes enceintes du milieu urbain y ont accès beaucoup plus fréquemment que celles du milieu rural (37 % contre 16 %).
Par ailleurs, on constate que seulement 15 % des enfants avec la fièvre ont pris un antipaludéen quelconque le jour même ou le jour suivant l’apparition de la fièvre.
Dieudonné Tembely