Pratique de la télémédecine en Afrique : Le Mali pionnier de la sous région

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Dans cet entretien qu’il a bien voulu nous accorder le Dr Cheick Oumar Bagayoko, médecin informaticien, directeur général du Centre d’expertise et de recherche en télémédecine et coordinateur international du Réseau en Afrique francophone pour la télémédecine nous parle d’un outil fort appréciable qu’est la télémédecine. Dans cet entretien il explique entre autres la situation de la télémédecine au Mali, son engouement pour les populations, vue ses nombreux avantages.

 

Globalement, selon le Dr Bagayoko, la télémédecine est l’exercice de la médecine à distance par le biais des technologies de l’information et de la communication. Et cela peut importe le moyen qu’on utilise, que cela soit de l’Internet ou le téléphone. Car, tant qu’on est entrain d’apporter de l’aide à un patient ou à un autre professionnel à distance on dit qu’on est dans la télémédecine.

 

Parlant de la situation de cette pratique de la médecine au Mali, le Dr Cheick Oumar Bagayoko dira que notre pays a un certain leadership dans le domaine au niveau de la sous région ouest africaine sur beaucoup de plans. Pour preuve soulignera-t-il « c’est le Mali qui coordonne le Réseau de la télémédecine pour l’Afrique francophone à travers le Centre d’Expertise et de Recherche en Télémédecine et E-Santé (CERTES) qui couvre 18 pays.» Autre preuve dira-t-il «ce sont les expérimentations qui ont lieu au niveau de notre centre qui sont entrain d’être exécutées dans beaucoup pays de la sous région». Bref, pour lui il y a beaucoup d’applications de la télémédecine sur le terrain au Mali et qui ont été réalisées souvent grâce à des fonds de recherche internationaux. Ainsi que ce soit au niveau des districts sanitaires, des hôpitaux ou en matière d’enseignement ou de formation médicales continues à distance, on peut dire que le Mali joue un rôle de leadership en Afrique subsaharienne. D’où un engouement appréciable de la population pour cette pratique de part les projets réalisés dans les hôpitaux des districts sanitaires comme par exemple à Djenné, Kolokani, Dioila ou que cela soit à Bankass. Et au Dr Cheick O. Bagayoko d’ajouter que « nous avons évalué un certain nombre d’avantages auprès des usagers des centres qui ont prouvé qu’ils étaient satisfaits des services qui étaient apportés par la télémédecine ». Comme par exemple dira le Dr Bagayoko, à Bankass, une femme enceinte pour pouvoir faire une échographie était obligée de se déplacer au moins à Mopti ou à Bamako, mais grâce aux applications de la télé échographie qu’on a mise en place, cette patiente n’est plus obligée de faire le déplacement. Car, son cliché est fait sur place par des généralistes ou des sages femmes et interprétés directement par des spécialistes à partir de la capitale.

 

S’agissant de l’engouement des autorités, le Dr Bagayoko soulignera aussi qu’il est appréciable depuis un certain temps avec la création d’une structure étatique en la matière qu’on appelle l’Agence de Télé santé. Ainsi, on peut dira que les autorités maliennes ont fait ce qu’elles avaient à faire et c’est maintenant à l’Agence de travailler comme il faut pour que cet outil soit utiliser à bon escient

 

Parlant des ressources humaines et financières dont dispose le centre, le Dr Cheick O. Bagayoko indiquera que toutes les activités menés au Mali par le centre sont basées sur les fonds extérieurs.

 

A souligner que, comme dans beaucoup pays d’Afrique et du reste du monde, cette pratique de la médecine n’est toujours pas légiférée en République du Mali. Et, selon le Dr Bagayoko, les premières lois sur la télémédecine ont été faites en France et la Tunisie lui a emboîté le pas. Pour le Dr Bagayoko, à certain moment, il faudrait légiférer pour qu’on situe clairement les responsabilités entre ceux qui font cette pratique.

 

Comme avantages, selon notre chef en la matière (le Dr Bagayoko), la télémédecine permet d’apporter de l’équité d’accès aux soins et aux services de santé puisqu’au Mali, il existe une répartition très inégale des professionnels de la santé. Car, 90% des spécialistes sont dans la capitale. « Alors comment faire en sorte que ces spécialistes puissent rendre des services aux populations qui sont éloignées » s’interroge t-il avant de répondre qu’il n’y a pas mille solutions à cela et que c’est la télémédecine qui pourra combler ce vide.

 

Autre avantage selon lui, c’est d’assurer la formation médicale continue des quelques spécialistes qui vont accepter d’aller servir dans les zones éloignées.

 

« La télémédecine est vraiment utile surtout pour des pays comme le Mali qui ont une grande superficie et une répartition très inégale des professionnels de la santé » a ajouté le Dr Bagayoko.

 

Concernant les difficultés rencontrées par le centre, le Dr Cheick Oumar Bagayoko dira qu’elles sont surtout d’ordre financier, dans la mesure où le centre ne fonctionne que sur fonds extérieurs.

 

Pour le Dr Bagayoko, sur le terrain, les difficultés sont d’ordre technique comme les dédits des connexions Internet qui ne permet pas souvent d’aller très loin à l’intérieur du pays. Heureusement dit-il avec la connexion à la téléphonie, ces difficultés commencent à être résolues. La seconde difficulté d’ordre technique se situe au niveau de l’électricité. La aussi, il y a toujours des solutions alternatives qui ne sont pas souvent accessibles, comme les panneaux solaires et autres. Une autre difficulté et qui n’est propre seulement à la télémédecine, reste le problème organisationnelle des professionnels de la santé pour s’approprier e cet outil qu’est la télémédecine.

 

Aux plus hautes autorités du Mali et spécifiquement aux autorités sanitaires, le Dr Cheick Oumar Bagayoko demande leur engagements en faveur du centre pour plus de résultats probants sur le terrain

 

Entretien réalisé par

Dieudonné Tembely

 

 

 

Encadré             

Le Centre d’Expertise et de Recherche en Télémédecine et E-Santé (CERTES) est le fruit de 14 ans d’expérience en télémédecine et E-Santé au Mali. CERTES est né de la conjugaison des efforts des différentes initiatives maliennes en E-Santé, avec l’appui considérable de l’Institut International pour la Communication et le Développement (IICD) et des Hôpitaux Universitaires de Genève, tous deux partenaires historiques dans ce domaine. Le but était d’aboutir à un modèle de référence viable et indépendant pour le développement des télématiques de santé au Mali.L’idée centrale dans la conception de CERTES était non seulement de fédérer les différentes initiatives maliennes réussies dans la télémédecine et l’E-Santé, mais aussi de servir de centre d’excellence pour le Mali et l’Afrique Francophone. Ces initiatives, qui étaient déjà soutenues par IICD et les Hôpitaux Universitaires de Genève, comprenaient le projet de télémédecine Keneya Blown et le projet de télé-radiologie IKON. Etant donné le champ d’intervention des partenaires dans les pays voisins du Mali, CERTES a également une vocation sous-régionale. Le Centre abrite la coordination du Réseau en Afrique Francophone pour la Télémédecine (RAFT) et le siège Afrique Francophone de la fondation Health On the Net.

 

Le rôle fédérateur de CERTES est une réalité aujourd’hui, l’équipe technique de CERTES est reconnue en Afrique Francophone et dans le monde.

 

L’objectif général de CERTES est de promouvoir l’E-Santé au Mali et en Afrique dans le but d’améliorer le déficit du système de santé à plusieurs niveaux.

Ses objectifs spécifiques sont: développer la recherche sur les méthodes et outils adaptés au contexte africain dans le domaine de l’E-Santé ; servir de centre de formation initiale, continue et académique dans le domaine de l’informatique médicale en général et de la télémédecine en particulier ; servir de centre d’expertise et d’appui au secteur public et privé au Mali dans le domaine de l’informatique et la santé ; servir de centre d’excellence pour la sous-région ouest africaine francophone dans le domaine de l’informatique biomédicale et de la santé et permettre une coordination et une gestion efficiente des demandes et des offres en télésanté.

INFO-SEPT

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1 commentaire

  1. Cettre pratique de la médecine à distance est l’une des meilleures réponses au desert médical et à un accès équitable pour tous à des soins de qualité, dispensés par un personnel qualifié.
    Le paysan du village pourra se faire consulter par le même cardiologue qui suit de près les decideurs de la République. Malgré ses nombreux avantages, elle nécessite une bonne organisation humaine, des infrastructures adéquates et une volonté politique. Cette dernière étant la plus importante.

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