Pratique de la Césarienne dans les Centres de Santé à Bamako :Seulement 82 lits pour toutes les femmes 

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A l’instar de la communauté internationale, notre pays a célébré la journée mondiale de la santé, le 7 avril dernier.

Pour nous enquérir de la situation sanitaire qui prévaut actuellement à Bamako, une ville qui enregistre une croissance démographique vertigineuse, nous avons rapproché Dr Diallo Fanta Siby, Directrice régionale de la Santé qui a bien voulu nous en parler.

« Contrairement à ce que certains pensent, la situation sanitaire au niveau du District de Bamako est loin d’être alarmante. Elle est bonne, je dirai même. Tous les 6 centres de santé de référence (CSR) du district et les 55 Centres de Santé Communautaire (CSCOM) tournent parfaitement. Ils offrent tous les services nécessaires conformément aux textes en vigueur et qui sont préconisés au niveau de la politique sectorielle et du PRODESS. Quand bien même, nous sommes dans une année de flottement en ce qui concerne le PRODESS.

Mieux, des structures de santé parapubliques (les centres de santé confessionnelle, les garnisons, les centres de santé de l’INPS…) avec lesquelles, ma direction entretient de bonne relation offrent aussi des paquets de soins essentiels aux populations.

Aujourd’hui, à Bamako, ce ne sont pas les structures qui manquent, mais plutôt, c’est le déficit de communication en matière de santé qui manque. Ce qui explique la faible affluence des populations vers les structures de santé.
La fréquentation de nos centres doit se faire dans l’ordre suivant par les populations : CSCOM, Centre de référence puis hôpitaux.

Nous avons tout ce qu’il faut en terme de structures et de spécialistes. Chaque Commune de Bamako a au moins 10 CSCOM et, ces CSCOM sont tenus par un ou deux médecins généralistes.
En outre, la distance actuelle des centres de santé est respectée à 100 % au niveau de la capitale, à part la commune I où il manque considérablement d’espace.
Aussi, dans nos centres de santé de référence, nous avons des spécialistes.
Au moins un gynécologue dans tous les CSR à part celui de la Commune III qui est en train d’organiser son centre. Nous avons également dans nos centres des professeurs agrégés. Vraiment, la qualité y est au niveau des centres de santé du district.

S’agissant des accouchements assistés, le résultat est bon. Son taux est de 92,52 %.
En ce qui concerne le nombre d’enfants de moins de 12 mois complètement vaccinés, le constat est satisfaisant. Ce sont plus de 102,68 % de ces enfants qui ont été vaccinés.
Pour ce qui est de la couverture en moustiquaires imprégnées pour les femmes enceintes, le taux est de 91,89 %.

Par ailleurs, Bamako enregistre aussi plusieurs campagnes de vaccination dont le taux atteint à chaque vaccination les 100 %. Ces statistiques ne concernent que l’année 2010.
A propos du déroulement des données des campagnes vaccinales, je rassure que, vue le contrôle que la direction effectue, elles ne peuvent être que fiables. Nous prenons le maximum de mesures pour minimiser les erreurs.

Cependant, l’arbre ne doit pas cacher la forêt, il existe des difficultés liées à l’augmentation sans cesse de la population du district. Ce qui augmente naturellement les besoins en santé au niveau de Bamako. C’est pourquoi, il va falloir anticiper.

A Bamako, la capacité d’accueil des centres initialement conçus pour faire des accouchements simples, des soins simples est très faible. Avec la politique sectorielle de santé qui a affecté d’autres compétences aux centres de santé du district, la capacité d’accueil a largement été dépassée dans la plupart de ces structures sanitaires. Ainsi, en cas d’épidémie de grande envergure (que Dieu nous en préserve), nos centres se retrouveront dépassés, faute de places.

Par exemple pour la césarienne, il n’y a pas 100 lits à Bamako. Même si on peut s’en féliciter de l’augmentation des lits qui, de 33 sont passés à 82.
En effet, ce qui est sûr, c’est que nous faisons notre mieux pour éviter le pire. Ce qui nous a même permis de bénéficier des tables d’accouchement pour nos centres qui en réalité étaient regorgés de tables d’accouchement délabrées. Une chose que nous avons pu constater à la suite d’une de nos nombreuses visites au niveau des centres de Bamako.

Des visites qui nous ont également permis de constater que la non clôture des CSCOM était aussi un élément explicatif de la faible fréquence des CSCOM par les femmes enceintes pour des besoins d’accouchement. Ainsi, nous nous sommes investis et, à l’heure où nous sommes, tous les CSCOM de la capitale ont été clôturés.

A noter que le problème d’espace nous a même conduit au tribunal en commune V. Ici, l’espace contigu au CSR était convoité par un particulier. Cette bataille juridique nous l’avons gagnée et nous comptons matérialiser l’espace en question par la réalisation de soubassement et autres en attendant de trouver des financements pour en faire un bloc.

A propos de la vente des médicaments de contre façon, je peux vous dire que l’on ne gagnera ce combat que si l’ensemble des maliens s’y mette.

Il faut que les maliens refusent d’acheter ces médicaments. Et quand il n’ y a pas d’acheteurs, il n’y aura pas évidemment de vendeurs non plus.
En matière de lutte contre la tenue des cabinets de santé ou cliniques par des personnes non professionnelles, nous luttons farouchement avec le gouverneur.
D’ailleurs, des cabinets ont déjà été fermés pour non respect des normes à Bamako. Nous allons continuer nos investigations afin de stopper cette pratique dangereuse pour la santé de nos populations.

Enfin, je profite de l’occasion pour exhorter les populations à fréquenter nos centres de santé qui offrent sans nul doute des services de qualité aux populations.
La fréquence des populations permettra de relever le défi sanitaire au niveau de la capitale ».

Propos recueillis par
A. Sanogo

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