En 2002, le Mali a adopté la loi 02-044 sur la santé sexuelle de la reproduction. Cette loi garantit le droit à tous les couples et aux individus de disposer d’informations et de services de qualité en matière de santé sexuelle et reproductive. Cependant, la plupart des femmes et filles n’en savent rien, surtout en milieu rural.
Les femmes, jeunes et adolescents en milieu rural éprouvent des difficultés d’accès aux services de santé sexuelle de la reproduction.
Dans les Communes de Bamba et Témera, dans le cercle de Bourem, région de Gao, les politiques et mesures gouvernementales mises en place pour promouvoir l’accès aux services de SSR ne sont pas connues.
Hamssatou Touré, ménagère à Bamba a dû abandonner l’école : « En toute honnêteté je n’ai jamais entendu parler de cette loi. Je pars à l’hôpital pour mes consultations prénatales et autres. Jamais, les médecins ne nous parlent pas de cette loi. Bamba est une ville conservatrice dont les 99 % sont musulmans donc, tout ce qui touche à la sexualité est tabou ».
Fatoumatou Samaké, étudiante : « Je suis tombée enceinte et je me suis rendue à l’hôpital pour voir une sage-femme. Le but était d’avorter. Car, si mes parents apprennent que je suis enceinte, ils vont me désavouer pire dans le quartier, je serai mal vue. Ainsi on m’a fait savoir que la loi interdit l’avortement dans mon cas. Je ne savais même que ces genres de politiques existaient. J’ai décidé alors de garder l’enfant », a-t-elle ajouté.
La loi 02-044 sur la santé sexuelle a des insuffisances. Selon Oury Kamissoko, membre de la société civile, « nous travaillons à réviser cette loi afin de corriger les lacunes »
Le Programme de Développement socio-sanitaire (Prodess) et le Plan décennal de Développement sanitaire et sociale (PDDSS) mis en œuvre par le gouvernement visent un développement du secteur de la santé sexuelle. Ces plans ont été déclinés en plan national planification familiale ; plan d’action nationale nutrition ; et plan d’action nationale multisectoriel adolescents et jeunes.
Idrissa Haïdara, commerçant : « En espace d’une année et demi, ma femme peut tomber enceinte deux fois. Elle m’a expliqué les avantages du planning familial. Avec les explications du gynécologsourireue, j’ai décidé que ma femme fasse la planification familiale ».
Depuis le 3 avril 2020, le Mali dispose d’un Office national de santé et de la reproduction. Selon son directeur national, Dr. Ben Moulaye, cette direction est chargée exclusivement des questions de la santé et de la reproduction. A en croire Dr. Ben Moulaye, cette nouvelle structure va beaucoup réduire les insuffisances liées aux droits de la santé sexuelle et reproductive. « Nous sommes dans une dynamique réelle pour adresser toutes les insuffisances qu’on a constatées dans le cadre de la mortalité néonatale et infantile avec les outils qui sont mises en place », a-t-il dit.
Idem pour Siran Touré, membre des ambassadrices des droit de la femme et filles : « Certes la mise en place de cette structure a pris du temps, mais elle va beaucoup contribuer à mettre en œuvre la politique nationale en matière de santé sexuelle et reproductive au Mali », a-t-elle affirmé. En dehors des politiques nationales, nous avons aussi les instruments juridiques internationaux qui régissent la SSR. Il y a la déclaration universelle des droits de l’homme de 1944 ; le pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966.
Ousmane Mahamane
Ce reportage est publié avec le soutien de JDH et FIT en partenariat avec Wildaf