En début d’année, nous avions consacré l’un des articles de cette rubrique à la problématique des faux médicaments. «Pharmacie et médicaments: le Mali, un déversoir des médicaments périmés venus d’Europe», tel était le titre de cet article, publié dans 22 Septembre du 15 janvier 2015.
Nous ne croyions pas si bien écrire, car, quelques mois après, c’est une vénérable institution, la Fondation Chirac, qui déclare la guerre sainte aux faux médicaments. L’ancien Président français, qui a créé cette Fondation, certainement dans un accès d’humanisme, a vu ses collaborateurs pousser leur bonne volonté jusqu’à initier un battage médiatique sur les antennes de RFI sur les «faux médicaments».
Une émission-débat consacrée à la problématique a même réuni des experts, qui se sont fait un point d’honneur à éclairer la lanterne de l’opinion sur la question. On y apprendra que les faux médicaments font plus de 700 000 morts par an, que ce «business» est plus lucratif que le trafic de drogue, que l’investissement rapporte 50 fois le montant investi et qu’il existe même une mafia italienne qui déconditionne les médicaments «Made in Europe» périmés, avant de les reconditionner dans de nouveaux emballages en prenant soin d’y mettre une nouvelle date de péremption.
Ce qui conforte notre information de janvier dernier. En effet, nous écrivions: «de sources proches des Maliens de l’extérieur, il existerait une véritable mafia qui prendrait sa source en Europe. Un réseau bien ramifié, avec des complicités tant européennes que maliennes, qui s’est spécialisé dans le reconditionnement des produits pharmaceutiques périmés venant d’Europe».
«Les plus hautes autorités sanitaires du Mali seraient bien inspirées de diligenter des enquêtes en vue de mettre ces criminels d’un nouveau genre hors d’état de nuire» ajoutions-nous plus loin. La question reste plus que jamais d’actualité, comme vient de le prouver la campagne d’information et de sensibilisation entreprise par la Fondation Chirac.
Car nous assistons, dans l’indifférence générale, à un véritable génocide des Africains, dans la mesure où l’essentiel de ces trafics honteux et criminels est dirigé sur l’Afrique avec la complicité de certains Africains qui ont placé l’argent au-dessus de toute autre considération, même la vie de leurs concitoyens.
Combien de Maliens et de Maliennes sont morts, surtout les enfants, de paludisme, de fièvre typhoïde et autres affections respiratoires aiguës, à cause de ces faux médicaments? Dieu seul le sait.
Des faux médicaments mis dans les circuits de distribution légaux et qui se retrouvent, dès lors, dans les officines pharmaceutiques et les centres de santé, voire dans les hôpitaux. Ces médicaments, autrement appelés «pharmacies par terre» ne constituent, en réalité, que la face visible de l’iceberg. Les plus hautes autorités du Mali sont interpellées concernant ce génocide qui ne dit pas son nom.
Yaya Sidibé
