Comme chaque année depuis 2010, le 12 novembre est consacrée à la Journée mondiale de la pneumonie. Une occasion de jeter un coup de projecteur sur une crise sanitaire qui demeure l’une des principales causes de mortalité infantile. Bien que la pneumonie puisse être traitée et prévenue, elle reste, au Mali, un fléau qui frappe particulièrement les enfants des foyers les plus démunis.
La pneumonie est responsable d’un nombre considérable de décès chez les enfants de moins de cinq ans. Selon un rapport élaboré par des organisations internationales, notamment Save the Children et l’Unicef, avec la participation de la coalition Every Breath Counts, en 2018, près de 12 557 enfants maliens sont décédés à cause de cette infection respiratoire, soit environ un enfant chaque heure. Elle représente 17% de tous les décès infantiles, faisant de cette maladie la première cause de mortalité chez les moins de cinq ans au Mali.
Les disparités socio-économiques aggravent les risques. Par exemple, le taux de mortalité infantile est de 143 pour 1 000 naissances vivantes dans les foyers les plus pauvres contre 57 dans les foyers aisés. Ces chiffres illustrent une situation d’inégalité sanitaire, où les enfants des milieux défavorisés paient le plus lourd tribut.
La pneumonie se manifeste par des symptômes tels que la toux, la fièvre, et la difficulté respiratoire. Ces détresses sont surtout fréquentes en période de fraîcheur comme actuellement. La prévention repose sur plusieurs mesures, notamment la vaccination, l’amélioration de la nutrition, et la réduction de la pollution de l’air intérieur.
En 2018, le Mali a enregistré une couverture vaccinale de 71% pour le vaccin pentavalent chez les enfants d’un an, mais ce chiffre reste insuffisant pour endiguer efficacement la propagation de la maladie.
État des structures sanitaires et de la prise en charge
La capacité du système de santé malien à répondre aux besoins en matière de soins est limitée. En 2017, la couverture des services de santé essentiels était seulement de 38%, un chiffre alarmant pour un pays confronté à des taux de mortalité infantiles élevés.
Les centres de santé manquent cruellement d’oxygène médical, une ressource essentielle pour le traitement des cas graves de pneumonie. De plus, les agents de santé communautaires (ASC), souvent en première ligne, ne sont pas autorisés à utiliser des oxymètres de pouls pour surveiller les niveaux d’oxygène des enfants, ce qui complique le diagnostic et l’aiguillage rapide des cas graves.
Le manque d’investissement dans la santé reste un problème majeur. Le Mali consacre seulement 0,85% de son PIB à la santé, loin des 5% recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour garantir des services de santé primaire de qualité.
La lutte contre la pneumonie au Mali doit être intensifiée. Des actions concertées sont nécessaires pour améliorer l’accès aux soins, renforcer les systèmes de santé, et garantir la couverture vaccinale universelle. Seule une approche globale et inclusive permettra de réduire les inégalités et d’assurer à chaque enfant malien le droit fondamental à la survie.
Cheick B. CISSE