Plus d’embrassades et de poignées de mains

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Par Franck Kuwonu and Lisa White

 

Les rituels tant appréciés des Libériens – se faire la bise, s’embrasser ou se serrer la main, ou encore les démonstrations d’affection physique entre parents et enfants – ne sont désormais plus de mise. Avec l’épidémie, les autorités demandent à la population defaire preuve d’un surcroît d’hygiène, de se laver régulièrement les mains et d’éviter tout contact avec les fluides corporels des maladies et des cadavres.

Les pratiques de soins traditionnels au sein des familles et les rituels des cérémonies funéraires qui demandent un contact physique direct ont contribué à la propagation de la maladie. Les Libériens ont l’habitude de faire eux-mêmes la toilette funéraire de leurs proches et d’habiller leurs dépouilles avant l’enterrement.

La population a aussi été avertie des risques liés à la consommation du gibier – ce que les Libériens appellent la « viande de brousse ». Dans les zones rurales, la viande de brousse est une source importante de protéine et de revenus pour les chasseurs. Aujourd’hui, les communautés en zone rurale doivent changer leur régime alimentaire : les chauvessouris frugivores sont en effet considérées par les experts comme porteuses du virus.

Au travail comme à la maison, le virus Ebola a changé la relation avec l’autre.

*Lisa White travaille pour la Mission des Nations Unies au Libéria.

 

Le virus Ebola et ses différentes souches
By Yemisi Akinbobola

Le premier cas d’Ebola a été découvert en août 1976 dans la localité de Yambuku au Zaïre, aujourd’hui République démocratique du Congo, par le Dr Peter Piot, un microbiologiste belge qui dirige aujourd’hui l’École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres, et une équipe d’experts en maladies infectieuses.

C’est la rivière Ebola, près de laquelle ce premier cas a été identifié, qui a donné son nom au virus. Une deuxième épidémie s’est ensuite déclarée au Soudan entre juin et novembre 1976. Si l’épidémie précédente ne s’était pas Plus d’embrassades et de poignées de mains étendue au-delà d’ un rayon de 70 km autour de Yambuku, le Sudan ebolavirus par contre s’est répandu dans quatre villes : Nzara et Maridi, où la majorité des cas étaient concentres, mais aussi Tembura et Juba.

Dans un rapport publié en 1978, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) note que le Zaire ebolavirus de 1976 qui a infecté 318 personnes et provoqué la mort de 280 d’entre elles débuta à l’hôpital missionnaire de Yakubu, suite au traitement d’un patient diagnostiqué pour ce qui semblait être un cas de paludisme. Onze des 17 membres du personnel hospitalier sont morts pendant l’épidémie.

Même si les souches de virus Ebola de RDC et du Soudan sont les plus connues, il en existe trois autres : Reston (sans danger pour l’homme), forêt de Taï et Bundibugyo. Avec des taux de mortalité qui atteignent 90%, la

souche Zaïre est celle qui fait actuellement des ravages en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone où, en date de décembre 2014, quelque 6 000 personnes ont déjà trouvé la mort. Sans lien avec ces pays, une autre épidémie de virus Ebola s’est déclenchée en RDC où une femme enceinte a été infectée après avoir mangé de la viande de brousse. En date de novembre 2014, on signalait 67 cas d’infection par le virus et 49 décès dans ce pays. Toutes épidémies confondues, passes et présentes, le nombre total de décès dus au virus en RDC s’élève actuellement à 1590.

 

SRAS : les leçons apprises
By Bo Li

Le premier cas de SRAS (Syndrome respiratoire aigu sévère) a été signal à la mi-décembre 2002 à Foshan, dans la province du Guangdong en Chine. A l’époque, l’Organisation mondiale de la santé considérait le SRAS comme la première maladie transmissible de grande ampleur à apparaître au 21ème siècle. L’origine, les symptômes, les effets et le traitement de la maladie étaient très mal compris. Rapidement, le SRAS s’est propagé à plusieurs zones densément peuplées de Chine continentale, de HongKong, de Hanoï au Vietnam, de Singapour et de la ville de Toronto au Canada.

Au départ, la Chine pouvait sembler mal préparée pour maîtriser les risques de santé publique que représentait le SRAS. Le virus se transmettait d’une personne à l’autre, essentiellement par voie respiratoire, quand quelqu’un toussait ou éternuait. Les écoles, magasins, restaurants et autres lieux publics ont donc été fermés pour éviter la contagion.

Il est possible de tirer des leçons de la manière dont la Chine a lutté contre l’épidémie de SRAS et de les appliquer à l’épidémie d’Ebola en Afrique. Quand le SRAS est apparu en Chine, le ministère de la santé a immédiatement fait de la lutte contre la maladie une priorité. Rapidement, le gouvernement a mis en place un réseau centralisé d’intervention d’urgence coordonné par les autorités municipales de Pékin. Ce système unifié a permis d’amé-liorer considérablement l’efficacité de la collecte de données et la communication entre hôpitaux. Les autorités provincials devaient aussi s’assurer de l’exactitude des informations fournies et de la mise en œuvre rapide des mesures de dépistage, d’isolement, de recherches des contacts et de surveillance.

Certains hôpitaux sont devenus des établissements référents, chargés du traitement exclusif des malades du SRAS. D’autres disposaient de cellules d’isolement pour les patients soupçonnés d’être atteints du syndrome. Lorsqu’un cas de SRAS était détecté, une procédure de mise en quarantaine et de recherche des contacts était immédiatement lancée. Les hôpitaux avaient pour consigne d’admettre tous les patients atteints du SRAS. Des scientifiques chinois, épidémiologistes et cliniciens de renom ont été recrutés pour étudier et traiter la maladie et concevoir des outils de sensibilisation du grand public.

La population elle-même disposait d’un accès illimité aux informations relatives au SRAS, une mesure qui a permis de limiter la vague de panique. Le SRAS est une maladie à déclaration obligatoire, ce qui obligeait les provinces à rendre compte régulièrement, « sans délai, dissimulation ou omission » des nouveaux cas et décès liés à la maladie.

Les autorités sanitaires fournissaient régulièrement des informations précises sur l’évolution de la maladie lors de conferences de presse télévisées. Le gouvernement, les experts médicaux et les médias ont ainsi mis leurs efforts en commun pour sensibiliser la population aux symptômes du SRAS, aux méthodes de prévention de la maladie et aux procédures d’alerte. Et la Chine a fini par gagner la bataille contre le SRAS.

Afrique Renouveau

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