La planification familiale est l’ensemble des méthodes pour espacer les naissances, éviter les grossesses non désirées et protéger des infections sexuellement transmissibles. Mais, qui y va réellement ?
Au Mali, la faible utilisation des services de santé de la reproduction en général et de la Planification Familiale (PF) contribue pour beaucoup aux maladies et aux décès des femmes en travail et/ou des enfants de moins d’un an.
La Planification Familiale est valable pour les femmes mariées, non-mariées, les hommes et les jeunes des deux sexes, parce que c’est un droit humain. Cependant, pour beaucoup, la PF est l’affaire des mariés.
Pour Fanta Cissé, militante pour les droits en santé sexuelle et reproductive : « Les méthodes de Planification Familiale ne sont pas faites uniquement pour les femmes mariées, mais toute personne qui est active sexuellement, qui risque de contracter une grossesse sans le vouloir. Les méthodes sont propres ainsi pour les non marié(e)s mais aussi les couples. La Planification Familiale est à la fois pour les femmes et les filles ».
Selon Mamou Sidibé, sage-femme au centre de Planification Familiale de Dianéguéla, la plupart des usagers sont des femmes mariées. « Nous offrons le service à tout le monde », a-t-elle expliqué.
A.F, aide-ménagère : « J’ai contracté une grossesse non désirée et ma patronne m’a renvoyée. J’ai tenté un avortement, n’ayant pas de soutiens. Heureusement une dame m’a hébergée jusqu’à mon accouchement. A mon accouchement, elle m’a fait planifier », a-t-elle dit.
Au centre de Planification Familiale de Magnambougou, les jeunes filles sont les premiers usagers, à en croire Djénéba Tessougué, sage-femme. « Par mois, nous recensons une dizaine de jeunes filles activement sexuelles qui viennent se planifier. Nous ne pouvons pas refuser car la loi 02-044 sur la santé sexuelle garantit le droit à tous les couples et aux individus de disposer d’informations et de services de qualité en matière de santé sexuelle et reproductive. Nous leur faisons la Planification Familiale selon leur choix. Ensuite nous les conseillons. »
Awa Diarra confie qu’elle s’est fait planifier bien avant son mariage. « Cela fait 10 ans que j’utilise les services de Planification Familiale. Jusqu’ici je n’ai jamais eu des difficultés. La Planification Familiale m’a facilitée ma vie de couple », se réjouit-elle.
Salimata Diallo, membre des OSC : « La Planification Familiale est faite pour tous sans discrimination religieuse ou ethnique. Toute personne en âge de procréer peut accéder aux services de PF. Même si tu n’es pas sexuellement actif, tu peux fréquenter les centres de santé », nous a-t-on fait savoir.
Mohamed Touré, maître coranique dit son opposition à la politique de Planification Familiale. « Toutes ces mesures, notamment le droit à la santé sexuelle et reproductive de la femme, sont contraires à la religion musulmane. Dieu a dit de se multiplier pour qu’il y ait plus de fidèles pour le vénérer. J’ai interdit à mes femmes toute idée de Planification Familiale. »
Selon Dr. Ben Moulaye, directeur général de l’Office national de la Santé de la Reproduction (ONASR), il faut donner la chance à toutes les femmes qui sont sexuellement actives et physiologiquement prêtes à choisir. « Pour lutter contre la mortalité néonatale et infantile, il faudrait permettre à toutes ces jeunes filles qui sont réellement actives sexuellement d’avoir accès aux produits de contraception. La Planification Familiale n’arrête pas les grossesses. Mais ça permet d’espacer les grossesses chez les femmes mariées en couple sans oublier le fait que ça occasionne sa bonne santé physique et psychique ».
En plus de la loi 002 sur la santé sexuelle et reproductive qui stipule que toutes les femmes sont libres d’opter pour une Planification Familiale avec ou sans l’autorisation de leur conjoint. Le Mali a adhéré aux mouvements mondiaux pour l’amélioration de la santé maternelle et infantile, tels que la Campagne d’accélération de la réduction de la mortalité maternelle et néonatale en Afrique (CARMMA), le Partenariat de Ouagadougou (PO) et l’Initiative FP2020, dans le but de garantir une meilleure accessibilité fondée sur les droits à des services PF de qualité.
Ousmane Mahamane
Ce reportage est publié avec le soutien de JDH et FIT en partenariat avec WILDAF et la Coalition des OSC-PF.