La pandémie de la covid-19 a permis de mettre en lumière les fragilités du milieu des arts et de la culture. Les gouvernements sont invités à soutenir ce secteur qui reçoit de plein fouet les effets de la crise sanitaire.
« Le secteur — qui représente 30 millions d’emplois — se bat pour sa survie et a besoin de notre aide. La culture nous a aidés à sortir de la crise. Maintenant, nous devons aider la culture et maintenir ce qui fait sa force : la diversité », déclare Audrey Azoulay, directrice générale de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). Cette déclaration fait suite à la crise profonde dans laquelle sommeillent la culture et les professionnels du secteur en raison des mesures prises par les gouvernements afin de minimiser les effets de la pandémie de coronavirus.
« Dans l’industrie cinématographique, on estime que dix millions d’emplois seront perdus en 2020, tandis qu’un tiers des galeries d’art auraient réduit leur personnel de moitié pendant la crise », souligne l’UNESCO avant d’indiquer qu’« une fermeture de six mois dans l’industrie musicale pourrait coûter plus de dix milliards de dollars en parrainages ». Quant au secteur de l’édition,elle n’est nullement épargnée. Le « marché mondial de l’édition devrait diminuer de 7,5 % en raison de la crise liée au COVID-19 ».
Une situation qui a instauré une forme d’inégalité à travers un changement de paradigme dans les manifestations artistiques et culturelles. En période de pandémie, les concerts et les festivals se sont passés en ligne. Or, indique le guide d’orientation de l’UNESCO, près de 46 % de la population mondiale n’a pas accès à une connexion internet. Ce qui prive près d’un individu sur deux de l’accès à la culture et aux arts en pleine période de confinement. « La très forte montée en puissance de la numérisation et de la consommation en ligne de contenus culturels, que les mesures de confinement n’ont fait qu’accélérer, engendre des défis sans précédent pour la protection et la promotion de la diversité des contenus et des créateurs », déplore Ernesto Ottone, sous‑directeur général de l’UNESCO pour la culture.
« À l’heure où tous les pays s’efforcent d’imaginer des réponses à cette crise sans précédent, l’UNESCO entend plaider pour que les industries culturelles et créatives ne soient pas oubliées ».Pour un secteur créatif et résilient, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture met à la disposition des gouvernements un document d’orientation, « La culture en crise : Guide de politiques pour un secteur créatif résilient », qui formule plusieurs recommandations. Ce document constitue à la fois « un guide pratique pour aider les gouvernements à faire face aux défis auxquels sont confrontés les artistes et les professionnels de la culture pendant la pandémie », mais aussi un outil « offrant des conseils sur la manière de renforcer la résilience des industries créatives à l’avenir ».
L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture présente quinze mesures phares pour faire face à l’impact du covid-19 sur le secteur culturel. Il demande aux gouvernements un soutien direct aux artistes et aux professionnels de la culture ; un soutien indirect aux industries culturelles et créatives ; le renforcement de la compétitivité des industries culturelles et créatives. La mise en œuvre de ces mesures est importante, car « le milieu artistique et culturel est un écosystème fragile que les gouvernements ont mis des années, voire des décennies, à soutenir patiemment, méthodiquement, par des politiques culturelles et des investissements publics importants ». Mais « tout cet effort risque d’être anéanti si rien n’est fait. »
Fousseni Togola