Selon la définition du dictionnaire Larousse, « une excision est, dans son sens le plus général, l’ablation d’une partie de tissu biologique. Mais le terme excision est plus communément utilisé pour désigner l’excision clitoridienne. L’excision du clitoris est une mutilation génitale féminine (MGF), impliquant (…) ». Cette mutilation est illégale dans la plupart des pays du monde. De nombreuses organisations militent pour son abolition mondiale. Cette pratique continue de causer des dégâts irréparables et elle est le principal facteur de la mortalité maternelle en Afrique de façon générale et particulièrement au Mali. Au moment où les autres l’interdisent et en font un débat ouvert, le sujet reste tabou dans notre pays. Et on nous fait croire que c’est une pratique religieuse (purificatrice) avant tout.
L’excision est antérieure à l’Islam, elle existe dans différents milieux culturels et religieux et est motivée par différentes raisons. Mais seule l’une de ces raisons, aujourd’hui, gagne de l’importance. Toutes les autres causes (ignorance, superstition, attachement à des traditions arriérées) reculent avec l’avancée de la civilisation, de la connaissance. Mais les gens qui excisent parce que le prophète Mahomed, PSL, l’aurait expressément permis sont de plus en plus nombreux à vouloir se référer aux écritures islamiques à mesure que progresse l’alphabétisation et, avec elle, la connaissance de ces écritures. Ainsi, les mutilations génitales féminines sont chaque jour davantage un problème spécifiquement islamique. Bref, certaines personnes condamnent les MGF comme étant une pratique archaïque, d’autres les tolèrent et d’autres encore les croient obligatoires. Ces derniers estiment qu’il appartient aux religieux d’interpréter la littérature religieuse, pas aux chercheurs sur les MGF et aux activistes. Il y a une certaine tendance à confondre une interprétation libérale de l’Islam avec la réalité à laquelle les femmes sont confrontées dans de nombreuses régions, comme la nôtre, à majorité musulmane. Pour lutter contre les MGF en tant que pratiques, il faut accepter le fait que l’Islam est davantage qu’une série d’écritures. Ce n’est pas dans le Livre Saint qu’on impose de couper les clitoris, mais c’est plutôt certains de ses exégètes qui soutiennent et encouragent les mutilations. Au Mali, la situation est comme un cartel du silence. Plus on en parle, plus le sujet devient tabou .Les pays où les MGF sont pratiquées jouissent d’une bonne réputation auprès des Nations unies et ne manifestent aucun intérêt à résoudre des problèmes sociaux pourtant urgents. Des indices donnent à penser que les MGF pourraient constituer un phénomène de proportions épidémiques dans notre pays. Et l’on s’entête à croire que l’absence de statistiques permettra aux organisations internationales de conclure que le problème n’existe presque plus. Et c’est tout à fait le contraire. Pour résoudre le problème, le Gouvernement du Mali avec l’appui des organisations de défense des droits de l’homme doivent continuer de briser le mur du silence et d’autocratie qui étouffe notre société et de mieux promouvoir la notion de droits individuels. Ils devraient aussi éviter d’exprimer des conclusions sur l’étendue des MGF de même que des problèmes sociaux et des attitudes politiques avant d’avoir pu conduire des recherches indépendantes sur place.
Rokia Diabaté