Mme Kéïta Joséphine Traoré, directrice du programme national de lutte contre l'excision : Nous sommes optimistes quant à l'abandon de la pratique

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A l’issue de l’atelier de formation des enfants sur leurs droits à travers l’écriture journalistique dénommé " Oxyjeunes " initié par l’Unicef, la directrice du programme national de lutte contre l’excision a bien voulu parler de la mutilation génitale féminine qui ne cesse de faire des victimes en milieu enfant. Elle estime que la sensibilisation à travers Oxyjeunes peut beaucoup servir.

L’Indépendant Mme la directrice, où en sommes-nous avec la lutte contre la pratique de l’excision ?

 Keita Joséphine Traoré :

La lutte contre la pratique des MGF/excision a connu des avancées significatives, malgré quelques poches de résistance. On peut noter entre autres quelques actions de plaidoyer et de sensibilisation à l’endroit des décideurs (tous confondus) et de la population, sans oublier la prise en charge des victimes des complications de ces actions qui ont abouti à des résultats comme: le changement ou la reconversion des mentalités des familles voire des villages, l’abandon de la pratique par beaucoup de communautés (plus de 400 villages) l’augmentation des témoignages par des personnes ou familles victimes des complications.

L’augmentation du nombre d’associations d’ONG travaillant dans le domaine, l’adhésion de plusieurs leaders d’opinion à la cause. Tous ces facteurs entrainent une baisse sensible du taux de  prévalence de la pratique de l’excision (de 98% selon EDS III à 85% EDS IV).

Qu’est ce qui bloque la loi sur l’abandon de la pratique de l’excision malgré la ratification des instruments juridiques en la matière ?

KJT: Tout d’abord, les enfants sont eux-mêmes des acteurs pour l’application de leurs droits, ensuite quand ils sont bien informés et sensibilisés, ils constituent de relais sûrs pour la paire éducation. Aussi ils peuvent pleinement contribuer au changement de comportement tant au sein de leur famille que de leur communauté. Par ailleurs, l’absence d’une loi spécifique interdisant la pratique de l’excision relève surtout des pesanteurs socio- culturelles.

Après le forum des religieux tenu à Mopti, quelle est la position des leaders d’opinion comme les religieux ?

KJT: Après le forum de Mopti qui a vu la participation d’éminents érudits nationaux et internationaux, beaucoup d’informations religieuses et scientifiques ont été données et ont permis une meilleure compréhension entre ces leaders et les intervenants dans le domaine. A la faveur de cette rencontre il est attendu de leur part l’élaboration et la mise en œuvre de plans d’actions susceptibles de soutenir les actions déjà engagées.

A quoi s’attend- on dans des espaces comme Oxyjeunes ?

KJT: Des espaces comme Oxyjeunes sont des opportunités des tribunes privilégiées pour un changement de comportement durable et efficace car c’est l’information, la sensibilisation  des enfants par les enfants et pour les enfants.

Etes-vous optimiste, quand à l’aboutissement de votre lutte contre l’excision ?

KJT: Au-delà de l’optimisme nous sommes confiants et convaincus de l’aboutissement de la lutte contre toutes les pratiques néfastes à la santé des enfants, des femmes et partant de toute la famille en général et contre les MGF/ excision en particulier. Cela en dépend de la mobilisation et de l’implication de toutes les composantes de la société.

Fatoumata Mah Thiam KONE

 

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