Les autorités ont beau avoir la volonté, les moyens restent très limités pour faire face à la pandémie. C’est du moins ce qu’on retient essentiellement de la conférence de presse animée, ce jeudi, par le Premier ministre et quelques membres de son gouvernement.
« Nous sommes en train de nous préparer au pire », a déclaré, jeudi 19 mars, le Premier ministre Boubou Cissé. Il s’exprimait ainsi sur les mesures prises par les autorités maliennes dans le cadre de la prévention du Coronavirus. Dans les locaux de la Primature, c’est un chef du gouvernement conscient de la vulnérabilité de son pays qui s’est adressé à la presse. Ce, d’autant plus que tous les pays limitrophes du Mali sont touchés par la pandémie. S’il s’est félicité du travail fait en amont pour que le Mali soit jusque-là exempt du virus, le Premier ministre Cissé avoue toutefois que le système de santé malien sera vite saturé si le Coronavirus entrait dans le pays. D’où la nécessité de mettre l’accent sur la prévention. « Nous faisons ce que nous pouvons, mais le gouvernement n’a pas les moyens pour contrôler les 18 millions de Maliens. Il faut la responsabilité citoyenne de chaque Malien pour que les mesures prises soient suivies d’effet », a confessé Dr Boubou Cissé. A l’en croire, pour la prise en charge d’éventuels cas, Bamako a une capacité d’une vingtaine de lits d’hospitalisation, qui pourrait être étendue à une centaine, et même au-delà. Aussi dans le cadre de la prévention, a-t-il annoncé la création d’une brigade de vigilance et de sensibilisation au niveau des marchés et des gares routières.
« La vie de la nation doit continuer »
Si le conseil de défense a édicté des mesures de prévention, dont l’interdiction des rassemblements au-delà de cinquante personnes, le chef du gouvernement a indiqué que le scrutin du 29 mars reste maintenu, qu’il y ait de cas avéré de Coronavirus ou non. Aussi, a-t-il jugé nécessaire de ne pas fermer les marchés qui restent pourtant des espaces de forte contagion. «Nous sommes face à une situation difficile, mais la vie de la nation doit continuer. Nous ne pouvons pas interdire que les marchés se tiennent. Mais, les comportements des uns et des autres doivent répondre aux recommandations faites par les experts », a-t-il rassuré. Et le Premier ministre Boubou Cissé, non moins ministre de l’Economie et des Finances, d’ajouter que la crise est à la fois sanitaire, financière et économique. Elle va donc inévitablement, dit-il, entrainer une baisse des recettes à laquelle il faut faire face dans les jours à venir. Pire, il faut se préparer aux mesures compensatoires qui seront mises en place.
« L’Afrique sera frappée », s’est alarmé Michel Hamala Sidibé, ministre de la Santé et des Affaires sociales, présent à la conférence de presse. Lui qui a insisté sur la faiblesse du dispositif sanitaire du Mali pour contrecarrer à ce virus « extrêmement contagieux ». Pour y faire face, conseille-t-il, il faut le leadership ; la mobilisation sociale ; la science et les équipements. Or, si le Mali dispose des ressources humaines de qualité, il reste que les équipements sont absents. «Nous n’avons pas assez de respirateurs, d’extracteurs d’oxygène et de gèle», déplore Michel Sidibé.
Il faut souligner que le ministre en charge des Transports et celui de la Communication, Porte-parole du gouvernement ont pris part à ladite conférence de presse.
Bakary SOGODOGO