Le comité de sauvegarde de la maternité René Cissé de Hamdallaye en Commune IV du District de Bamako a tenu une A.G samedi dernier pour rejeter la réalisation d’un projet de télésanté dans les locaux du Viel établissement de santé.
« La maternité est à nous », « Nous avons des inquiétudes par rapport à ce projet de télé médecine », « Nous avons peur de ce projet de 2 milliards de FCFA», « Nous rejetons la réalisation de ce projet sur le site de notre maternité », « Nous avons été surpris de voir casser les murs, la morgue », « Nous n’avons rien contre ce projet qui peut être réalisé sur un autre site à Hamdallaye », « Notre action n’a aucun caractère politique et ne vise aucun intérêt politique », « Nous agissons dans le cadre de la légalité« Nous sommes pour le développement de notre quartier », « Nous envisageons de rencontrer le président IBK… »
Tels sont, entre autres, les messages livrés par un groupe de jeunes filles et garçons qui portaient des tee-shirts blancs confectionnés pour participer à l’assemblé générale organisée par le comité de sauvegarde de la maternité René Cissé de Hamdallaye en Commune IV du District de Bamako. C’était dans les locaux du Viel établissement de santé. On y notait la forte présence des habitants (femmes, jeunes, personnes âgées).
Cette réaction des membres du comité de sauvegarde, mis sur pied dans un état très urgent fait suite au démarrage des travaux de réparation du site pour la construction du siège de l’Agence nationale de télésanté et d’information médicale (ANTIM) et de mise à niveau de la maternité de Hamdallaye. Le maître d’ouvrage n’est que le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique. Il y a aussi le service rattaché l’ANTIM. Il ressort que les populations bénéficiaires sont sur l’aire de santé de Hamdallaye et environs. Le financement est assuré par le budget national avec un délai d’exécution de 4 mois.
Avant de se prononcer sur ce projet de télé santé, Mamadou Samaké, Président dudit comité, a fait un plongeon dans le passé pour rappeler la participation et la contribution des populations du vieux quartier de Hamdallaye dans la réalisation de cette maternité qui a été inaugurée en février 1965 sous le règne du Premier président de la République du Mali, Modibo Keïta. Après ce rappel historique, il a rapporté les inquiétudes des populations de Hamdallaye sur l’exécution des travaux dans l’enceinte de la maternité.
Approche communautaire en souffrance
Sur ce point, Samba Fofana, vice-président du comité, a déploré le déficit de communication voire le manque d’approche communautaire qui a entouré l’exécution des travaux avec la casse des murs et de la morgue. Piquant des crises de nerfs, il a tenu à exprimer que la maternité constitue une entité des populations de Hamdallaye qui ont consenti de gros efforts pour sa réalisation sous le régime socialiste du président Modibo Keïta. Pour lui, « cet édifice de santé fait la fierté de nos parents. Nous devons donc veiller sur ça ». Parlant des actes posés à cet effet, il a révélé que le comité a approché les nouveaux dépités de la Commune IV pour partager sa préoccupation. Le vice-président a aussi informé l’assistance que des correspondances ont été adressées aux autorités concernées. Il s’agit notamment du ministère de l’Urbanisme et de la Politique de la ville, le ministère de Santé et de l’Hygiène publique.
S’exprimant au nom de l’Association des femmes pour la sauvegarde de la maternité de Hamdallaye, Mme Sangaré Djeneba Diop, a catégoriquement rejeté ce projet. Sans vouloir jeter le bébé avec l’eau du bain, elle l’a assimilé à un projet mort-né. Et pour cause : la porte-voix a argué : « Nous avons été surpris de voir des murs cassés. Le chef de quartier n’a pas été tenu informer de ce projet, encore moins le maire-signataire. Nous refusons le projet parce que nos préoccupations n’ont pas été prises en compte. Cette maternité est très symbolique pour nous populations de Hamdallaye ». Et Oumar Keïta, secrétaire à l’information du comité d’ajouter : « En dépit des explications faites par le Docteur Ly de l’ANTIM, nous avons peur de ce projet. Notre préoccupation est la sauvegarde de cette maternité ».
En plus, Sékou Oumar Haïdara dit Kalapo, membre bien éclairé du comité et représentant la diaspora malienne en Italie, a dit oui à la rénovation tout en exprimant ses préoccupations: « Nous voulons le projet de télé santé, mais pas au sein de la maternité. Nous avons des besoins prioritaires tels que la disponibilité des médicaments de premiers soins, l’entretien de l’ambulance ».
Sans vouloir rappeler à l’ordre les membres du comité, l’activiste politicard nomade, Hamane Touré dit Serpent, a exhorté tous les intervenants à savoir raison gardée. Il a fait cas de la lettre d’autorisation de la construction du siège de l’ANTIM en se référant sur l’implication des autorités régionales du District. Le bouillant Serpent a enfin invité le comité à chercher à savoir le contenu de toutes les décisions relatives à ce projet avant d’entreprendre quoi que ce soit.
M.Maïga